Didier Cossin: "La transition écologique d'une entreprise requiert une vraie intégrité"
"Le matériau magique n'existe pas." C'est la conclusion à laquelle est arrivée Lego après des années de recherche et un investissement de 140 millions de francs. Le plus grand fabricant de jouets du monde voulait se passer du pétrole dans la fabrication des milliards de briques en plastique qu'il produit annuellement. Il a testé un prototype élaboré à partir de bouteilles recyclées. Mais son directeur a confié lundi dans le Financial Times que ce processus générait en fait plus de CO2 que la méthode traditionnelle.
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Pour Didier Cossin, cet exemple est le signe que cette transition est compliquée. "Les solutions simples n'existent qu'auprès des acteurs naïfs ou mal intentionnés. Aller vers un monde meilleur d'un point de vue environnemental n'est pas facile. Trouver des solutions demande une vraie intégrité, des moyens et de l'intelligence."
Problèmes de coûts
Des exemples de transition écologiques à large échelle existent toutefois, tient-il à souligner. Il donne l'exemple de l'entreprise finlandaise Neste. La société, spécialisée à l'origine dans le raffinage, est aujourd'hui le plus gros producteur de carburant d'origine biologique du pays, notamment pour les avions. Elle a développé un produit d'origine naturelle pour remplacer le kérosène. "Neste récupère les huiles de cuisson de plus de 20'000 restaurant américains pour pouvoir en faire du kérosène. Cela représente 3% de la consommation des avions", poursuit Didier Cossin.
Il y a une combinaison entre l'innovation et la prise en compte de tailles massives, d'où l'importance de faire des économies d'échelle
Mais opérer une telle transition écologique est un processus exigeant. En effet, si le "carburant synthétique" est la piste la plus prometteuse mise en avant par le secteur, il y a un gros problème de quantité et de prix. "Il y a une combinaison entre l'innovation et la prise en compte de tailles massives, d'où l'importance de faire des économies d'échelle. De ce point de vue-là, la Suisse n'est pas un initiateur très important puisqu'elle représente une petite surface. En revanche, il y a aux Etats-Unis et en Chine des surfaces qui permettent ces transitions."
Enfin, toute la difficulté est désormais de faire la différence entre les entreprises qui font du greenwashing et celles qui sont sincèrement soucieuses de leur empreinte écologique.
Propos recueillis par Eric Guevera Frey/hkr