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Londres autorise un forage pétrolier controversé en mer du Nord

Le norvégien Equinor exploitera le champ pétrolier et gazier de Rosebank avec Ithaca Energy, filiale de l'israélien Delek (image d'illustration). [Equinor]
Le Royaume-Uni donne son feu vert à l’exploitation d’un champ de pétrole et de gaz / La Matinale / 1 min. / le 28 septembre 2023
Une semaine après avoir mis un coup de frein à certains engagements climatiques, le Royaume-Uni a accordé mercredi une "autorisation de développement et production" à un champ controversé en mer du Nord, s'attirant les foudres de défenseurs de l'environnement.

Le champ pétrolier et gazier de Rosebank, situé au large des Îles Shetland au nord de l'Ecosse, est le plus grand gisement non développé du Royaume-Uni, selon Ithaca Energy, filiale de l'israélien Delek, qui l'exploitera à hauteur de 20% avec le norvégien Equinor qui détient 80% du projet. La production devrait commencer en 2026-2027.

Le feu vert a été donné mercredi par l'Autorité de transition de la mer du Nord "en tenant compte de considérations" liées à l'objectif de neutralité carbone, fait valoir le régulateur dans son communiqué. Les deux entreprises partenaires ont de leur côté assuré que le développement de Rosebank a été optimisé pour réduire les émissions de carbone, en visant notamment une alimentation des installations en mer en électricité depuis la terre ferme et les champs voisins.

Les écologistes n'en reviennent pas de la décision mais malgré leurs critiques, le Premier ministre Rishi Sunak défend que cette exploitation est nécessaire pour garantir la sécurité énergétique du pays.

"Alors que nous effectuons la transition vers les énergies renouvelables, nous aurons toujours besoin de pétrole et de gaz - il est logique d'utiliser nos propres ressources telles que Rosebank", a affirmé mercredi Rishi Sunak sur le réseau social X. L'autorisation du nouveau champ de pétrole "est la bonne décision à long terme pour la sécurité énergétique du Royaume-Uni", a-t-il ajouté.

Entre une pléthore de nouveaux permis d'exploration pétrolière et gazière et une crise de l'éolien offshore, les nuages s'accumulent sur les promesses de neutralité carbone du Royaume-Uni, alors que la guerre en Ukraine a remis la sécurité énergétique au coeur des priorités de Londres.

Faux arguments de sécurité énergétique

L'argument ne tient pas la route selon Alexander Armitage, conseiller municipal vert dans les îles Shetland interrogé dans La Matinale de la RTS jeudi. "En permettant à Equinor d’exploiter ce gisement, c’est le gouvernement norvégien qui va gagner de l’argent. Le pétrole et le gaz sont pompés dans des pétroliers en mer qui les acheminent là où ils peuvent être vendus au meilleur prix. Parfois c’est Rotterdam, parfois l’Arabie saoudite ou encore les Etats-Unis."

"Le pétrole ne va pas toucher le sol britannique", tance-t-il. "Donc l’idée selon laquelle c’est de l’énergie britannique pour la sécurité énergétique britannique est ridicule!"

>> Ecouter les propos complets d'Alexandre Armitage dans La Matinale :

Alexandre Armitage, conseiller municipal vert dans les îles Shetland. [Shetland Islands Council]Shetland Islands Council
Le Royaume-Uni donne son feu vert à l’exploitation d’un champ de pétrole et de gaz: interview d'Alexander Armitage / La Matinale / 1 min. / le 28 septembre 2023

C'est une décision "moralement obscène", a de son côté lancé Caroline Lucas, députée écologiste, sur X . "Cela n'améliorera pas la sécurité énergétique ni ne réduira les factures, mais cela brisera nos engagements climatiques et démolira la position de pionnier mondial" du Royaume-Uni en matière de transition climatique, selon elle.

Le gouvernement écossais s'inquiète de son côté que "la majorité de ce qui est extrait de Rosebank aille à l'étranger et ne reste pas en Écosse ou au Royaume-Uni", a réagi le Premier ministre de la région Humza Yousaf sur X. "Nous reconnaissons la contribution significative" des hydrocarbures à l'Écosse, mais "notre avenir ne réside pas dans l'extraction illimitée de pétrole et de gaz mais dans l'accélération de notre transition juste vers les énergies renouvelables", a-t-il souligné.

Production d'énergie et retombées économiques

Les ressources du champ pétrolier sont estimées à environ 300 millions de barils de pétrole, et la seule phase 1 du projet lancée mercredi prévoit environ 245 millions de barils. Le gisement produira aussi du gaz.

Le projet "nous permettra de renforcer notre position d'important partenaire énergétique du Royaume-Uni, tout en optimisant notre portefeuille pétrolier et gazier et en augmentant l'approvisionnement énergétique en Europe", a assuré Geir Tungesvik, un responsable d'Equinor, cité dans le communiqué du groupe.

Au-delà de la production d'énergie, il permettra aussi des retombées économiques "substantielles" pour le pays, assure Gilad Myerson, président exécutif d'Ithaca Energy, dans le communiqué de l'entreprise.

afp/juma

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Londres supprime plusieurs mesures de lutte contre le réchauffement climatique

Rishi Sunak a notamment annoncé il y a une semaine le décalage de cinq ans, à 2035, de l'interdiction de la vente de voitures thermiques neuves, et repoussé l'interdiction des chaudières au fioul, GPL ou charbon pour "donner plus de temps" selon lui aux Britanniques éprouvés par la crise du coût de la vie.

Il s'était attiré les critiques d'associations environnementales, d'entreprises ou associations sectorielles, et de responsables politiques jusque dans son propre camp.