Vingt-quatre voix se sont portées sur sa candidature contre huit pour son concurrent, a indiqué un membre de la commission administrative de l'Académie française.
Le secrétaire perpétuel est le membre qui dirige cette institution chargée de défendre et promouvoir la langue française. Il n'y a eu que 32 personnes pour occuper ce poste depuis 1635.
Il était vacant depuis le décès en août de l'historienne Hélène Carrère d'Encausse qui l'occupait depuis 1999.
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Cette spécialiste de la Russie n'avait pas à proprement parler désigné de dauphin. Mais Amin Maalouf, prix Goncourt 1993 pour "Le Rocher de Tanios", paraissait son successeur le plus naturel.
Jean-Christophe Rufin, un rival ami
La personnalité d'Amin Maalouf fait l'unanimité et il est très impliqué dans les activités de l'institution où il a été élu en 2011.
"Vous êtes, en effet, un homme d'une exquise politesse et qui manifeste en toute occasion beaucoup d'égards pour ceux à qui il s'adresse", louait, lors de sa réception à l'Académie, en 2012, un certain Jean-Christophe Rufin.
Car ce rival à l'élection est un ami. L'ancien diplomate de 71 ans et prix Goncourt 2001 ("Rouge Brésil"), a été élu académicien en 2008. Il était ravi d'accueillir un homme dont il disait: "J'ai parfois l'impression que nos rêves ont fait de nous plus que des amis. Des frères."
Ce second candidat a beaucoup hésité. Il a même laissé croire qu'il avait renoncé, avant de se lancer.
Jean-Christophe Rufin trouvait frustrant qu'une institution qui se targue d'être de plus en plus moderne passe à côté de cet exercice de démocratie. "C'est la Corée du Nord", déclarait-il, cité samedi par le magazine M du journal Le Monde.
Choix salué par la ministre de la Culture
Le scrution a eu lieu à huis clos, lors de la séance de rentrée de l'Académie.
"C'est un excellent choix, (...) un immense écrivain, un homme de fraternité, de dialogue, d'apaisement", a salué la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, elle aussi franco-libanaise, en arrivant sous la coupole après l'élection.
Elle a souligné qu'il s'agissait d'un "magnifique symbole pour tous les francophones du monde".
Le nouveau secrétaire perpétuel est délesté dans l'immédiat d'une tâche à laquelle Hélène Carrère d'Encausse a consacré beaucoup d'énergie: achever la neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie. C'est quasi fait.
Situation financière délicate
Deux autres questions pressantes l'occuperont. D'abord, les finances. L'Académie française, tout comme les autres branches de l'Institut de France, est dans une situation financière délicate, elle qui vit du produit de ses actifs financiers ainsi que de dons et de legs.
En 2021, la Cour des comptes exhortait à rapidement rénover la Coupole, face au risque d'incendie. Cela reste à faire. La tentative du chancelier de l'Institut, Xavier Darcos, pour que les Académies perdent en autonomie ce qu'elles gagneraient en cohérence de gestion, a fait long feu, face à l'hostilité d'Hélène Carrère d'Encausse.
Cinq sièges à pourvoir
Ensuite, l'attractivité. Rajeunir et féminiser la "Compagnie", actuellement composée de 28 hommes et sept femmes, est un objectif de longue date, très difficile à atteindre cependant.
Comme le savait l'ancien secrétaire perpétuel (qui tenait au masculin), "l'habit vert", à revêtir tous les jeudis, attire les retraités, très peu les actifs.
Les sièges à pourvoir ne manquent pas: il y en a cinq aujourd'hui. Mais quand des candidats moins âgés se présentent, rien n'assure leur élection. Ainsi, Frédéric Beigbeder ou Benoît Duteurtre ont-ils été recalés en 2022, à l'âge respectivement de 57 et 62 ans.
ats/vajo