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Donnés perdants après 13 ans au pouvoir, les conservateurs britanniques en congrès

Le parti conservateur britannique a entamé son congrès annuel à Manchester, où il espère démontrer qu'il a un projet d'avenir pour le pays. [Reuters - Hannah McKay]
Donnés perdants après 13 ans au pouvoir, les conservateurs britanniques en congrès / La Matinale / 2 min. / le 2 octobre 2023
Distancé dans les sondages, le parti conservateur britannique de Rishi Sunak a entamé dimanche en "outsider" son congrès annuel à Manchester, où il espère démontrer qu'il a un projet d'avenir pour le pays afin d'éviter la défaite lors des prochaines élections.

Depuis des mois, les sondages pronostiquent un basculement du pays à gauche, le parti travailliste disposant d'une large avance en vue des élections législatives attendues l'année prochaine.

"Il s'agira probablement d'élections générales dans lesquelles les conservateurs seront les outsiders", a lancé le président du parti Greg Hands en ouvrant le congrès.

Mais à Manchester, Rishi Sunak entend montrer qu'après 13 ans au pouvoir, les Tories restent crédibles pour "changer les choses dans le bon sens et pour le long terme", a-t-il défendu dimanche sur la BBC.

"Cela veut dire (...) prendre des décisions qui feront la différence pour la vie des gens, même si je suis critiqué pour cela", a-t-il affirmé. "Les gens auront une idée claire d'où je veux mener le pays", a-t-il insisté.

Attaques contre le Labour

Il s'agit d'un changement de ton pour le dirigeant de 43 ans qui est arrivé à Downing Street il y a un peu moins d'un an en s'efforçant de stabiliser une situation économique difficile après le chaotique et éphémère mandat de Liz Truss et les années Boris Johnson, acculé à la démission par une vague de scandales après avoir fait sortir le Royaume-Uni de l'Union européenne.

Les premiers poids lourds du gouvernement à avoir pris la parole dimanche ont défendu le bilan de l'exécutif et attaqué frontalement le Labour et leur chef Keir Starmer, qu'ils accusent d'inconstance.

Greg Hands a raillé les "volte-face" de Keir Starmer en brandissant à la tribune des tongs (flip-flop en anglais, qui veut aussi dire volte-face) à son effigie. [AFP - Justin Tallis]
Greg Hands a raillé les "volte-face" de Keir Starmer en brandissant à la tribune des tongs (flip-flop en anglais, qui veut aussi dire volte-face) à son effigie. [AFP - Justin Tallis]

Les travaillistes sont "des indécis sans colonne vertébrale, dépourvus de réponse aux défis auxquels le monde est confronté", a taclé le ministre des Affaires étrangères James Cleverly.

"Il pense pouvoir entrer à Downing Street en bluffant", avait lancé plus tôt le ministre de la Défense Grant Shapps, tandis que Greg Hands avait raillé ses "volte-face", en brandissant à la tribune des tongs (flip-flop en anglais, qui veut aussi dire volte-face) à l'effigie de Keir Starmer.

Baisse d'impôts

Rishi Sunak s'exprimera lui mercredi à la mi-journée, face à un parti qui affiche ses divisions.

Il est notamment confronté à la pression venant de ses propres rangs, et notamment de l'ancienne Première ministre Liz Truss, pour baisser les impôts, alors qu'ils représenteront 37% du revenu national d'ici aux prochaines élections, un niveau inédit depuis l'après-guerre, selon le cercle de réflexion Institute for fiscal studies.

Chantre de l'orthodoxie budgétaire, le Premier ministre a répondu sur la BBC en mettant en avant ses efforts pour ralentir l'inflation, qui atteignait encore 6,7% en août, "la meilleure baisse d'impôt", en particulier pour les ménages modestes.

Cinq priorités

En janvier, Rishi Sunak a énoncé cinq priorités, de l'économie, à la lutte contre l'immigration clandestine en passant par la santé, qui s'annoncent comme les grands sujets de la campagne des législatives à venir.

Rishi Sunak entend montrer qu'après 13 ans au pouvoir, les Tories restent crédibles pour "changer les choses dans le bon sens et pour le long terme". [AFP - Stefan Rousseau]
Rishi Sunak entend montrer qu'après 13 ans au pouvoir, les Tories restent crédibles pour "changer les choses dans le bon sens et pour le long terme". [AFP - Stefan Rousseau]

Dans ce qui apparaît comme une tentative de se démarquer clairement du Labour et de contrecarrer l'impression répandue dans l'opinion qu'il est déconnecté des préoccupations de la population du fait de sa fortune, Rishi Sunak s'efforce aussi dernièrement de cajoler les électeurs conservateurs.

Il a notamment promis d'empêcher ce qu'il appelle des mesures "anti-voiture" prises par certaines collectivités et il a assoupli certains objectifs environnementaux, au nom  du pouvoir d'achat des plus modestes, tout en assurant que cela n'empêcherait aucunement le pays d'atteindre son objectif de neutralité carbone en 2050.

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A Manchester, Rishi Sunak sera aussi très surveillé sur l'intention qui lui est prêtée de vouloir amputer le projet de deuxième ligne à grande vitesse du pays de la section entre la grande ville du Nord et Birmingham.

Selon le politologue Anand Menon, "le sentiment général qui domine actuellement, c’est que les conservateurs ne sont pas capables de résoudre les problèmes du pays". Il observe que sur les gros dossiers que sont la crise du pouvoir d’achat, les grèves ou encore le système de santé, Rishi Sunak et son parti semblent démunis.

"Ce qui est particulièrement dommageable pour eux, c’est que même sur les dossiers où ils ont l’habitude d’être devant les travaillistes - notamment l’immigration - les gens font désormais davantage confiance aux travaillistes qu’aux conservateurs", affirme-t-il dans La Matinale de la RTS.

Un écart qui se resserre

Si les travaillistes bénéficient depuis des mois d'une avance de plus de 20 points dans les intentions de vote, un sondage Opinium publié dimanche, suggère que l'écart se resserre, avec dix points séparant désormais les deux partis.

"Le problème c’est que le parti conservateur a beaucoup de mal à trouver un terrain d’entente", estime Anand Menon. "Ce qui l’a soudé et permis de rester au pouvoir c’est le Brexit. Ce qui préoccupe désormais c’est l’économie et il est très très difficile de maintenir une cohésion, car les députés ont des intérêts irréconciliables", poursuit-il.

Depuis les élections législatives de décembre 2019, où les conservateurs menés par Boris Johnson ont remporté une majorité inédite depuis Margaret Thatcher, leur avance s'est réduite au gré de plusieurs élections partielles. Trois autres sont attendues dans les semaines qui viennent.

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Les Tories disposent actuellement de 352 des 650 sièges à la Chambre des Communes, devant les Travaillistes (196).

edel avec afp

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