Fin du plus grand gisement de gaz d'Europe aux Pays-Bas, mais le risque sismique durera
Les autorités maintiennent toutefois onze dernières unités d'extraction opérationnelles une année supplémentaire avant de définitivement fermer les vannes en cas d'hiver "très rigoureux", sur fond de tensions géopolitiques persistantes.
Des milliards d'euros...
Selon Shell, environ 2300 milliards de mètres cubes ont été extraits du gisement. Entre 1963 et 2020, environ 429 milliards d'euros (chiffre corrigé en prenant compte de l'inflation) ont été générés par le gaz de Groningue, et 85% de ces profits allaient dans les caisses de l'Etat (soit plus de 364 milliards d'euros).
Et si l'extraction de gaz a petit à petit été presque réduite à néant, La Haye a décidé en 2022 de reporter la fermeture des vannes en raison des incertitudes énergétiques mondiales en grande partie provoquées par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
...et de nombreux séismes
Le gisement est exploité depuis 1963, mais depuis plus de 20 ans, la population subit des séismes de faible magnitude mais proches de la surface, dus aux poches de vide formées lors de l'extraction de gaz, qui ont provoqué de nombreux dégâts.
Si le tremblement de terre le plus intense jamais enregistré dans la région n'est que d'une magnitude de 3,6 sur l'échelle de Richter, de nombreux riverains considèrent qu'elle ne mesure en rien la réelle intensité des secousses. "Les tremblements de terre ont lieu à une profondeur de seulement trois kilomètres. Les séismes naturels, eux, se déroulent en général à une profondeur bien plus importante", a expliqué à l'AFP Läslo Evers, professeur en sismologie à l'Université de technologie de Delft.
Après s'être réjouis en 2018 de la fermeture annoncée du gisement, les riverains ont déchanté face aux avertissements d'experts selon lesquels les séismes pourraient continuer durant des années.
"Il faut du temps pour que le réservoir de gaz se réajuste et retrouve son équilibre avec la surface environnante", selon Läslo Evers. Il a fallu 30 ans d'exploitation pour accumuler la pression, souligne-t-il. "Alors, bien sûr, logiquement, on ne s'attend pas à ce que lorsque vous arrêtez (...) les séismes s'arrêtent immédiatement."
Dégâts, stress et indemnisations ardues
"Énormément de personnes dans la province souffrent de problèmes psychologiques à cause de l'extraction du gaz", a souligné à l'AFP Jan Wigboldus, président du Conseil du gaz de Groningue, une association locale qui milite pour les victimes des séismes.
Nombre d'entre elles se sont également retrouvées face à un bourbier juridique et technique relatif aux indemnisations.
En février, un rapport d'une commission parlementaire a accusé les autorités néerlandaises de n'avoir "guère eu d'attention pour les risques à long terme" alors que l'extraction se montrait fructueuse, assénant que le gouvernement avait une obligation morale de remédier à la situation.
De nombreuses maisons de la région de Groningue ont été restaurées ou reconstruites, en y intégrant des structures antisismiques.
afp/cab