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Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, annonce sa candidature à la présidentielle en RDC

Denis Mukwege, gynécologue congolais et fondateur de l'Hôpital Panzi à Bukavu, photographié durant une visite à Stockholm, le 9 janvier 2023. [TT News Agency via AFP - Nils Petter Nilsson]
Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, annonce sa candidature à la présidentielle / Le Journal horaire / 43 sec. / le 2 octobre 2023
Le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix en 2018 pour son action en faveur des femmes violées, a annoncé lundi à Kinshasa sa candidature à la présidentielle de décembre prochain en République démocratique du Congo.

"J'accepte d'être votre candidat à la présidence de la République", a lancé le célèbre gynécologue de 68 ans, dans une allocution prononcée devant des centaines de personnes enthousiastes rassemblées dans une salle de conférence.

"Notre pays va très mal", a dit dans son discours "l'homme qui répare les femmes", son surnom hérité d'un documentaire qui lui a été consacré, avec des mots très durs pour décrire "la crise" en RDC, sur les plans sécuritaire, politique ou des droits humains, avec de multiples arrestations de personnes opposantes et de journalistes ces derniers mois.

Il rejoint une liste déjà longue d'opposants qui comptent affronter le 20 décembre prochain le chef de l'Etat sortant, Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019 et candidat à sa réélection.

"Nous ne pouvons pas attendre pour agir (...), demain ce sera tard, c'est aujourd'hui, c'est pourquoi je suis prêt et que j'y vais maintenant", a-t-il martelé, en se décrivant comme "un citoyen révolté". Cette annonce intervient après des mois de conjectures sur les intentions du docteur Mukwege.

Une annonce attendue

Depuis l'année dernière, ses soutiens, dont beaucoup d'intellectuels congolais, le poussaient à se lancer dans la bataille politique, un terrain sur lequel il ne s'était pas encore aventuré, même si sa voix est depuis longtemps très critique à l'égard du pouvoir.

Le 16 septembre, depuis sa ville de Bukavu, dans l'est de la RDC, il avait annoncé avoir reçu de ses partisans les 100'000 dollars de caution requis par la commission électorale pour tout dépôt de candidature à la présidentielle: "Quand le peuple décide de prendre le pouvoir, aucun système ne peut s'y opposer", leur avait-il dit, sans dévoiler ses intentions.

Sur le terrain, deux structures appuient sa candidature: un "Appel patriotique", issu de la société civile, et une plateforme politique, l'ACRN, l'Alliance des Congolais pour la Refondation de la Nation.

Le Dr. Denis Mukwege annonce sa candidature à la présidentielle de décembre en République Démocratique du Congo. Kinshasa, le 2 octobre 2023. [AFP - Arsène Mpiana]
Le Dr. Denis Mukwege annonce sa candidature à la présidentielle de décembre en République Démocratique du Congo. Kinshasa, le 2 octobre 2023. [AFP - Arsène Mpiana]

Denis Mukwege plaide pour une justice transitionnelle

L'allocution à Kinshasa de Denis Mukwege a été retransmise en direct dans deux salles de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, à l'autre bout de l'immense pays d'Afrique centrale, où son annonce a été longuement applaudie.

C'est là que depuis 1999, dans sa clinique du quartier périphérique de Panzi, le docteur et son équipe prennent en charge des femmes victimes de viols utilisés comme arme de guerre dans cette partie orientale de la RDC en proie aux violences de groupes armés et rébellions depuis près de trente ans. Cette "guerre sur le corps des femmes" continue encore aujourd'hui et s'étend de plus en plus souvent aux enfants, voire aux nourrissons, constatait-il récemment.

Depuis des années, en RDC comme lors de ses déplacements à l'étranger, il déplore l'impunité, réclame un tribunal international et plaide pour une "justice transitionnelle" pour panser les plaies des populations meurtries.

>> Lire aussi : Au Congo, les intérêts économiques bloquent la justice internationale

afp/sjaq

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L'opposition en ordre dispersé

Parmi les autres opposants en lice figure Martin Fayulu, candidat malheureux à l'élection de décembre 2018, qui a confirmé samedi sa candidature à la prochaine présidentielle.

Egalement sur les rangs, l'ancien gouverneur du Katanga (sud-est) et riche homme d'affaires Moïse Katumbi devrait déposer officiellement sa candidature dans les tout prochains jours.

La date limite pour le dépôt des candidatures est fixée au dimanche 8 octobre à minuit.

En fin de semaine dernière, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) disait en avoir reçu six, dont celles des anciens Premiers ministres de l'ex-président Joseph Kabila Augustin Matata (2012-2016) et Adolphe Muzito (2008-2012).

La présidentielle sera couplée avec les élections législatives, provinciales et locales. C'est un scrutin à un seul tour, pour lequel, sauf alliances et ralliements d'ici là, l'opposition se prépare donc en ordre dispersé.