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Kevin McCarthy, président républicain de la Chambre des représentants, a été destitué

Kevin McCarthy, chef républicain de la Chambre des représentants des États-Unis. [Keystone/AP Photo - J. Scott Applewhite]
Kevin McCarthy, président républicain de la Chambre des représentants, a été destitué / Tout un monde / 4 min. / le 4 octobre 2023
C'est une première aux Etats-Unis: le président de la chambre des représentants, Kevin McCarthy, a été évincé mardi de son poste, victime de querelles au sein de son parti. Après un débat tendu, 216 élus ont voté pour le destituer, dont huit républicains, contre 210.

Aussitôt après ce résultat sans précédent, Kevin McCarthy, malgré tout souriant, a été entouré par des membres de son parti, qui lui ont donné l'accolade et lui ont serré la main.

Le vote ouvre une période de fortes turbulences à la chambre basse, où un remplaçant doit être choisi la semaine prochaine. Kevin McCarthy, 58 ans, a d'ores et déjà annoncé mardi soir qu'il ne se représenterait pas, même si les règles parlementaires l'y autorisent.

"J'ai été le 55e chef de la Chambre, l'un des plus grands honneurs. J'en ai aimé chaque instant", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, tout en se disant "optimiste" malgré cette débâcle.

>> Ecouter la réaction de Kevin McCarthy :

Kevin McCarthy devant la presse le 3 octobre 2023. [AFP - Anna Rose Layden]AFP - Anna Rose Layden
Réaction de l'ex-chef de la Chambre des Représentants Kevin McCarthy après son éviction / La Matinale / 60 sec. / le 4 octobre 2023

Un tel vote n'a pas eu lieu depuis plus d'un siècle aux Etats-Unis, et jamais aucun "speaker" n'avait été évincé de son poste. Il est intervenu après qu'un élu de la droite dure américaine, Matt Gaetz, a déposé une motion pour destituer le "speaker".

Cet élu de Floride, pourtant membre des républicains, reproche principalement à Kevin McCarthy d'avoir négocié avec les élus démocrates un budget provisoire pour financer l'administration fédérale, auquel s'opposaient de nombreux conservateurs. Il accuse aussi le ténor républicain d'avoir conclu un "accord secret" avec le président américain Joe Biden sur une possible enveloppe pour l'Ukraine.

Pas de soutien démocrate

L'aile droite du parti républicain s'oppose vivement au déblocage de fonds supplémentaires pour Kiev, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.

Et qu'importe que l'immense majorité du groupe parlementaire de Kevin McCarthy l'ait publiquement soutenu: les trumpistes disposaient d'un veto de fait à la chambre compte tenu de la très fine majorité républicaine dans cette institution.

Kevin McCarthy avait semblé un temps penser qu'il sauverait sa tête, espérant que les calculs politiques l'emporteraient et qu'il pourrait soutirer aux démocrates un appui, même très juste, en échange de concessions. Peine perdue.

"C'est au parti républicain de mettre fin à la guerre civile des républicains à la chambre", avait tranché le chef démocrate Hakeem Jeffries dans une lettre après une longue réunion mardi avec son groupe parlementaire.

>> Voir l'interview de Nicole Bacharan dans Forum :

Les Républicains dans la discorde après la destitution de Kevin McCarty: interview de Nicole Bacharan
Les républicains dans la discorde après la destitution de Kevin McCarty: interview de Nicole Bacharan / Forum / 5 min. / le 4 octobre 2023

"Au bord du précipice"

"Les raisons de laisser les républicains gérer leurs propres problèmes sont innombrables. Laissons-les se vautrer dans la fange de leur incompétence et de leur incapacité à gouverner", avait de son côté lancé, implacable, l'élue progressiste Pramila Jayapal.

Signe des désaccords qui déchirent les républicains, les élus conservateurs se sont succédé dans l'hémicycle pour plaider pour et contre Kevin McCarthy. "Nous sommes au bord du précipice. Il ne nous reste que quelques minutes pour revenir à la raison et nous rendre compte du grave danger", avait exhorté avant le vote l'élu républicain Tom McClintock.

Si la motion de destitution passe, "la chambre sera paralysée", "les démocrates se délecteront des dysfonctionnements républicains et la population sera révulsée, à raison", avait-il lancé. Son collègue Tom Cole avait lui mis en garde contre le "chaos" dans lequel la chambre et les républicains seraient plongés si Kevin McCarthy était destitué.

"Le chaos, c'est le président McCarthy", a répliqué Matt Gaetz. "Le chaos, c'est quelqu'un à qui on ne peut pas faire confiance".

Donald Trump réagit

Ces luttes intestines étalées au grand jour ont fait réagir l'ex-président américain Donald Trump. "Pourquoi les républicains passent-ils leur temps à se disputer entre eux? Pourquoi ne combattent-ils pas les démocrates de la gauche radicale qui détruisent notre pays?", a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social.

Kevin McCarthy avait été élu au forceps en janvier, en raison de la très mince majorité républicaine. Pour accéder au perchoir, il avait dû faire d'énormes concessions avec une vingtaine de trumpistes, dont la possibilité que n'importe quel élu ait le pouvoir de convoquer un vote pour le destituer.

>> Ecouter l'analyse de Jordan Davis dans La Matinale :

L'ancien président républicain de la Chambre des représentants Kevin McCarthy. [AFP - Anna Rose Layden]AFP - Anna Rose Layden
Le président de la chambre des représentants Kevin McCarthy a été destitué. L'analyse de Jordan Davis / La Matinale / 1 min. / le 4 octobre 2023
Kevin McCarthy, chef républicain de la Chambre des représentants des États-Unis. [Keystone/AP Photo - J. Scott Applewhite]Keystone/AP Photo - J. Scott Applewhite
Kevin McCarthy, président républicain de la Chambre des représentants, a été destitué / Tout un monde / 4 min. / le 4 octobre 2023

furr avec ats

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