Site universitaire fermé temporairement à Marseille en raison du trafic de drogue

"Après des mois d'inquiétude et d'alerte, le doyen de la faculté d'économie et de gestion du site Colbert à Marseille a pris la décision de fermer l'accès à ce bâtiment aux étudiants et aux personnels, faute de pouvoir assurer leur sécurité", écrit le président de l'université dans une lettre adressée aux autorités.

Cette décision fait suite à une enquête menée auprès des personnels du site, dont une partie "ne s'estime plus en sécurité" au point qu'une "relocalisation" du site "à Marseille ou ailleurs" est envisagée. Il évoque "une situation complexe" face à laquelle les réponses policières sont insuffisantes, même si elles ont "contribué à effectuer une rentrée dans de bonnes conditions".

Le temps de chercher des solutions

"Il y a un point de deal qui a beaucoup grossi cet été. Toute la journée, on les entend crier pour vendre leur marchandise, c'est comme des poissonniers", a témoigné un des membres du personnel du site à l'AFP. Le deal existe depuis longtemps dans ce quartier (Belsunce) mais il était auparavant "plus discret", abonde un de ses collègues, qui évoque "un immense gâchis", dans la mesure où le site permet une présence universitaire dans ce quartier pauvre du centre-ville, à quelques encablures du Vieux-Port.

La fermeture du site Colbert doit prendre effet vendredi après les cours pour une durée d'une semaine, dans l'espoir de trouver des solutions. Les cours seront maintenus à distance. La présidence de l'université a évoqué la possibilité d'une "privatisation" de la place et de la halle Puget pour en faire "un espace universitaire" fermé.

Quelque 1500 étudiants et étudiantes ainsi qu'une cinquantaine de membres du personnel fréquentent cette antenne de la faculté.

Violence en hausse

De son côté, la préfecture de police avait reconnu mardi une "dégradation" de la situation dans le quartier, mais elle souligne avoir déployé des CRS en renfort des effectifs locaux "présents tous les jours".

Elle a aussi indiqué qu'une "opération d'enlèvement de points de deal" avait eu lieu la semaine dernière et que "tous les moyens sont déployés" pour améliorer la situation, proposant au président de l'université de le rencontrer "rapidement".

Cité portuaire marquée par de fortes inégalités, Marseille est touchée depuis des dizaines d'années par les trafics de drogue. Mais le niveau de violence pour le contrôle des points de vente de stupéfiants est en hausse, comme dans d'autres villes de France. Plus d'une quarantaine de personnes ont été tuées cette année dans les guerres de territoires entre trafiquants.

jop avec afp