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Enquêtes ouvertes pour "traite d'êtres humains" dans les vignobles de Champagne

En France, des affaires de traite d’êtres humains secouent les vignes de la Champagne
En France, des affaires de traite d’êtres humains secouent les vignes de la Champagne / 19h30 / 3 min. / le 6 octobre 2023
La région de Champagne est secouée par des affaires de traite d’êtres humains. La justice française vient d’ouvrir des enquêtes après la découverte, dans les vignobles de Champagne, d’ouvriers sans-papiers employés à bas coût et logés dans des conditions insalubres.

Deux enquêtes visant "plusieurs sociétés" ont été ouvertes, ont annoncé les autorités françaises, sans davantage de précisions sur les faits présumés ni les entreprises visées.

Le comité régional CGT avait dénoncé dans une lettre ouverte à la préfète du Grand-Est "des méthodes intolérables concernant l'utilisation des saisonniers".

"Les donneurs d'ordres font appel à des sous-traitants en cascade sans aucun contrôle, mettant en danger la vie des saisonniers issus d'Afrique de l'Ouest", pointe le syndicat, décrivant des situations de "malnutrition" et de "santé précaire".

"Omerta" dans le monde du Champagne

Boureima et Diadia ont vécu un vrai cauchemar. Venus travailler dans les vignobles de Champagne, ces migrants sans-papiers, originaires d'Afrique de l'Ouest, racontent avoir été logés dans un hébergement insalubre, où certains ouvriers dormaient mêm

Des migrants sans-papiers venus travailler dans les vignobles de Champagne ont été logés dans un hébergement insalubre, où certains ouvriers dormaient même sur le sol. [RTS]
Des migrants sans-papiers venus travailler dans les vignobles de Champagne ont été logés dans un hébergement insalubre, où certains ouvriers dormaient même sur le sol. [RTS]

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"C'était comme des prisons. Il n'y avait pas d'eau ou d'électricité", témoigne Boureima dans le 19h30 de la RTS. "C'était une catastrophe, même les animaux ne dormiraient pas là-bas", renchérit Diadia.

La préfecture de la Marne avait ordonné le 15 septembre la fermeture à Nesle-le-Repons d'hébergements jugés "indignes" et "insalubres" de saisonniers "provenant dans leur grande majorité d'Afrique de l'Ouest". Elle avait enjoint à la propriétaire, également employeur des travailleurs, de prendre à sa charge le relogement des salariés des sites concernés.

José Blanco, secrétaire général de l'intersyndicat CGT de Champagne, avait alors fustigé "l'omerta" qui règne "dans le monde du Champagne". "Tout le monde ferme les yeux parce que c'est le raisin le plus cher du monde", avait-il regretté.

La Confédération paysanne, syndicat agricole marqué à gauche, a pour sa part demandé vendredi un "plan de vigilance et d'amélioration des conditions de travail et de rémunération" pour les saisonniers.

"On est au 21e siècle. Que quelqu'un puisse être traité d'une telle manière, c'est honteux et inacceptable", estime Boureima. "Heureusement que les gendarmes sont venus très vite, sinon quelqu'un serait mort là-bas", poursuit-il.

Dix par chambre

Du côté des patrons du vignoble champenois, on regrette que ces accusations de traites d'êtres humains ternissent l'image de toute la profession.

"Ça pourrait laisser penser que l'ensemble des exploitants en Champagne sont des esclavagistes", se désole Damien Champy, secrétaire général du syndicat général des vignerons de Champagne. "C'est juste quelques individus qui peuvent laisser penser que tout se fait n'importe comment", ajoute-t-il.

A la fin du mois d'août, les vignerons de Champagne avaient obtenu de l'Etat un assouplissement des règles d'hébergement des travailleurs saisonniers pendant les vendanges. Ils peuvent notamment accueillir jusqu'à dix saisonniers par chambre, contre six auparavant.

edel avec afp

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Des condamnations en 2020

Quatre gérants de trois sociétés de prestations viticoles avaient été condamnés en septembre 2020 à des peines de six mois à trois ans de prison avec sursis, pour avoir fourni de la main-d'oeuvre employée dans des conditions indignes. Egalement mis en cause, le responsable des prestations viticoles et vendanges de la maison de champagne Veuve-Clicquot (groupe LVMH) avait lui été relaxé.