"Ça a commencé très tôt, vers 06h00. On a entendu des tirs, puis l'alerte dans notre kibboutz qui nous prédit une attaque de roquettes. On s'est mis dans notre bunker et à la longue on s'est rendu compte que c'était beaucoup plus qu'une attaque de roquettes. On a entendu que des terroristes avaient passé la frontière. On était très surpris", témoigne-t-il sur la RTS.
"On a appris plus tard qu'il y avait eu une vraie bataille entre notre unité civile pour la sauvegarde du kibboutz et les terroristes qui venaient de la bande de Gaza", détaille le Zurichois de 76 ans, qui dit avoir surtout eu peur pour ses enfants et ses petits-enfants qui habitent dans la région.
Martin Sessler précise dans Forum que les assaillants ont été repoussés et qu'aucun habitant n'a été pris en otage, contrairement aux villages voisins. "Il y avait aussi un festival de jeunes gens à quelques kilomètres au nord de chez nous. Il a été attaqué et j'imagine qu'il y a des centaines de morts et d'otages."
>> Notre suivi de la situation en Israël : Plus de 600 morts côté israélien et plus de 100 personnes aux mains du Hamas
"L'armée nous a demandé de quitter notre foyer"
A en croire le retraité, ancien professeur à l'Université de Beer-Sheva, la situation s'est plus ou moins calmée dans son village, notamment depuis l'arrivée de l'armée neuf heures après le début de l'assaut. "De temps en temps, on est averti qu'il peut y avoir des combattants du Hamas encore dans la région, qu'ils ont pu se cacher. On doit retourner dans notre bunker quelques heures, jusqu'à recevoir un message pour nous dire que nous pouvons sortir."
Et la suite? "L'armée nous a demandé de quitter notre foyer, comme les autres villages de la région, j'imagine pour pouvoir mener librement une opération militaire contre la bande de Gaza. Nous allons devoir évacuer d'ici ce soir, trouver une chambre dans un hôtel près de la mer Morte", explique-t-il.
Martin Sessler en veut au gouvernement israélien de ne pas avoir pu anticiper cette attaque. "Ce qui est arrivé est une catastrophe. On sait quand un officiel iranien prend son café à Téhéran, mais on ne sait pas que des voitures quittent la bande de Gaza avec des centaines de soldats. J'aimerais bien que le gouvernement prenne ses responsabilités. On parle de centaines de morts, je pense qu'il y en a des milliers."
"Tout le monde était sourd et aveugle"
Expert en relations internationales, Pascal de Crousaz était également invité à réagir dans Forum. "Comparé à la guerre du Kippour, la situation est complètement différente, même si le gouvernement avait déjà été accusé d'être aveugle à la guerre qui se préparait. Aujourd'hui, Israël dispose de satellites. Le pays a une aviation qui a le champ libre, des drones, il traite en temps réel des milliers d'images grâce à l'intelligence artificielle. Il y a une domination complète pour voir les mouvements physiques et même les mouvements digitaux avec des logiciels espions", explique-t-il.
"Tout le monde était sourd et aveugle samedi matin. Du côté du Hamas, il y a une prouesse, car pour survivre dans un monde où tout est visible, vous devez vous 'sous-terrainiser' et vous dé-digitaliser pour ne laisser aucune trace", analyse encore Pascal de Crousaz.
Propos recueillis par Renaud Malik
Adaptation web: Jérémie Favre