En 2003, l'initiative de Genève proposait des solutions concrètes à tous les problèmes qui pouvaient se poser pour la mise en œuvre d'une solution à deux Etats, a expliqué dans La Matinale de mardi Micheline Calmy-Rey, conseillère fédérale alors en exercice. "Aujourd'hui, la solution à deux Etats, on en entend toujours parler, mais on voit que sur le terrain, ce n'est pas possible d'en faire une réalité."
"Il n'y a qu'à regarder une carte pour voir que le territoire palestinien, c'est un Emmental. Il n'y a pas de quoi en faire un Etat. La solution à deux Etats aujourd'hui, c'est une utopie. Il va falloir travailler d'autres pistes, comme par exemple une Confédération d'un seul Etat, avec les mêmes droits pour tout le monde et ne pas tomber dans le dérapage d'un Etat apartheid", a relevé Micheline Calmy-Rey.
"On a géré la situation, pensant que le statu quo allait finir par marcher, mais penser que les choses vont s'arranger d'elles-mêmes n'est pas une option. On a la leçon de cette négligence portée au conflit israélo-palestinien. Cela a provoqué un certain radicalisme d'un côté comme de l'autre et il y a eu tout à coup cette explosion de violence."
La question palestinienne est restée à la marge des agendas européens et américains ces dernières années
L'ancienne présidente de la Confédération condamne les attaques du Hamas sur la population civile qui sont "inadmissibles". "Mais je constate que les opérations militaires touchent les populations civiles aussi bien du côté israélien que du côté palestinien et la situation humanitaire dans la bande de Gaza, qui était déjà difficile, va encore empirer."
"Trouver d'autres voies"
"On ne sortira pas de cette spirale de violence avec la répression et avec des attaques terroristes. On en sortira que par le dialogue."
Mais il va falloir trouver d'autres voies et véritablement s'engager, selon elle. "Ces attaques palestiniennes avaient notamment pour objectif d'empêcher la normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et Israël qui laissait la question palestinienne un peu à la marge. D'ailleurs, la question palestinienne est restée à la marge des agendas européens et américains ces dernières années", a encore déclaré Micheline Calmy-Rey.
A présent, il faut que les différentes parties se parlent et la Suisse a un rôle à jouer. "La Suisse a toujours parlé au Hamas qui ne figure pas sur la liste des Nations unies comme organisation terroriste, comme c'est le cas d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique. Si vous voulez faire un accord, si vous voulez trouver une solution à la situation actuelle, ce n'est pas par le militaire, c'est par le dialogue", a encore répété l'ancienne conseillère fédérale. "Il faut que les parties impliquées prennent part aux discussions. Ce qui s'est passé entre l'Arabie saoudite et Israël, c'est que les Palestiniens ont été laissés en marge. Vouloir faire la paix sans eux, c'est s'exposer à des échecs."
Selon elle, la Suisse peut amener sa pierre à l'édifice en misant sur le dialogue. Il ne faut jamais perdre espoir que le dialogue va pouvoir s'instaurer, a conclu Micheline Calmy-Rey.
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: France-Anne Landry