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François Hollande: "La situation en Israël et à Gaza n'est pas de la responsabilité des Européens"

L'invité de La Matinale - François Hollande, ancien président de la République française (partie 2)
L'invité de La Matinale - François Hollande, ancien président de la République française (partie 1) / La Matinale / 16 min. / le 12 octobre 2023
Invité jeudi dans La Matinale de la RTS pour réagir à la situation au Proche-Orient, l'ancien président français François Hollande a écarté une quelconque responsabilité européenne dans le conflit israélo-palestinien. Il a aussi plaidé pour une réplique "retenue" d'Israël.

Alors que le bilan de la guerre entre le Hamas palestinien et Israël dépasse les 3000 morts après six jours d'affrontements, l'ancien président français François Hollande a alerté sur le risque d'embrasement dans la région. Dans La Matinale de la RTS jeudi, il a rappelé l'importance de "témoigner notre soutien à Israël et notre solidarité face à une attaque terroriste monstrueuse", tout en appelant à une réplique "maîtrisée" de l'Etat hébreu.

>> Notre suivi de la guerre entre le Hamas et Israël : La réplique d'Israël a fait plus de 1200 morts dans la bande de Gaza

Pour l'ancien chef d'Etat, la situation actuelle est due au blocage, tant du côté israélien que du côté palestinien, de tout espoir de négociation qui avait pu, au moment des accords d'Oslo, laisser entrevoir une paix. "Il y a eu un arrêt de ce processus et donc l'oubli de la question palestinienne", a résumé François Hollande.

L'Autorité palestinienne, qui s'est mise peu à peu à l'arrêt, l'installation du Hamas à Gaza et le soutien des Etats-Unis, notamment lors de la présidence de Donald Trump, au Premier ministre inflexible israélien Benjamin Netanyahu sont également à mettre en cause, a-t-il analysé.

L'ancien président français a réfuté en revanche toute responsabilité des Européens: "N'allons pas chercher auprès des Européens, qui ont fait ce qu'ils devaient faire - c'est-à-dire toujours évoquer cette solution à deux Etats et regretter la colonisation - une responsabilité qui n'est pas la leur".

Appel à une "réponse retenue" d'Israël

François Hollande assure comprendre la colère du peuple palestinien, visé par des occupations illégales et un siège de Gaza. Il dénonce toutefois les exactions d'un "groupe terroriste qui tue indifféremment". "Ce n'est pas en cherchant les causes que l'on doit exonérer les conséquences de ces actes."

L'ex-président tient le Hamas pour responsable de la situation dans la bande de Gaza, qui vit désormais sans eau, sans gaz et sans électricité, et où le bilan atteint jeudi 1200 morts, selon le ministère palestinien de la Santé. "Ce que vivent ces populations est terrible", a estimé le Français, qui plaide pour l'ouverture de couloirs humanitaires et une "réponse retenue d'Israël, mais efficace par rapport au Hamas".

Selon lui, l'Etat hébreu doit pouvoir "éradiquer autant que possible le Hamas sans infliger à la population civile des conséquences dramatiques". "Il faut aussi faire comprendre au gouvernement d'Israël qu'il y a des règles dans le droit de la guerre", a ajouté François Hollande.

La solution à deux Etats encore "possible"

Interrogé sur les perspectives de la guerre, François Hollande a évoqué des "signes faibles" de négociations qui pourraient faire évoluer la situation politique entre la Palestine et Israël, notamment la formation par l'Etat hébreu d'un gouvernement d'urgence, mais aussi la mise en cause de l'extrémisme de Benjamin Netanyahu et de la "systématisation de la colonisation" par son régime.

L'ancien président français a également abordé le rôle de la communauté internationale et de la pression qu'elle pourrait exercer. Le positionnement des pays du monde arabe sera très important pour la suite, a aussi souligné François Hollande.

La fin du conflit semble toutefois encore loin. Pour François Hollande, "la solution à deux Etats est encore possible sur le plan politique. Cela supposerait néanmoins de démanteler des colonies et retrouver une solution de délimitation pour qu'il y ait deux Etats. Il faudrait aussi qu'il y ait une autorité palestinienne légitime. Or, il n'y a pas eu d'élections depuis des années dans les territoires en Cisjordanie et à Gaza. Nous sommes face à une autorité qui n'a pas le soutien clair de la population pour aller vers une négociation".

>> Lire aussi : Micheline Calmy-Rey: "Une solution à deux Etats, c'est une utopie"

Une solution à un Etat, avec les mêmes droits pour les populations israélienne et palestinienne, est aussi envisageable, selon l'ex-chef d'Etat français. "Ce n'est pas utopique. Mais cela signifierait l'abandon par les Palestiniens de la revendication d'un seul Etat palestinien, ce qu'ils refusent."

>> Voir la deuxième partie de l'interview de François Hollande dans La Matinale :

L'invité de La Matinale (vidéo) - François Hollande, ancien président de la République française (partie 2) [RTS]
L'invité de La Matinale (vidéo) - François Hollande, ancien président de la République française (partie 2) / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 11 min. / le 12 octobre 2023

Propos recueillis par Pietro Bugnon et Valérie Hauert

Adaptation web: Isabel Ares

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