Le Parquet national antiterroriste a confirmé l'inculpation du jeune homme âgé de 20 ans pour assassinat et tentatives d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste, ainsi que pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Il a également demandé son placement en détention provisoire.
"Mon client apportera des réponses précises au fil de l'instruction et se tient à la disposition de la justice", a assuré son avocat avant l'audience devant un juge des libertés et de la détention, qui doit décider de sa détention provisoire.
Le parquet a aussi requis la mise en examen de son frère, âgé de 16 ans, suspecté de lui avoir "apporté un certain soutien", notamment sur "le maniement des couteaux", a expliqué le procureur antiterroriste. Il a également demandé l'inculpation d'un cousin de la fratrie, âgé de 15 ans, qui aurait été "informé du projet" sans "rien faire pour l'empêcher".
Allégeance à l'EI
Avant de poignarder à mort le professeur Dominique Bernard devant un établissement scolaire à Arras, soulevant une vague d'effroi en France, l'assaillant a "longuement prêté allégeance à l'Etat islamique" dans un fichier audio, a expliqué la justice.
Dans ce long enregistrement où il s'exprimait en arabe, l'assaillant a mentionné son "soutien aux musulmans" en "Irak", "Asie" et "Palestine", mais sans relier "directement" son acte à la guerre entre Israël et le Hamas, a relevé le magistrat.
Quelques minutes avant de passer à l'acte, le jeune homme avait par ailleurs tourné une vidéo devant un monument aux morts dans laquelle il s'attaquait de manière répétée aux valeurs des Français, selon ses propres termes, usant de "propos particulièrement menaçants", a encore détaillé le Parquet.
Pas d'explication
Issu d'une famille dont plusieurs membres ont été mis en cause pour radicalisation islamiste, l'assaillant était suivi par le renseignement intérieur depuis fin juillet et avait été contrôlé la veille des faits, selon les autorités. Au cours de sa garde à vue, il n'a pas donné d'explications à son geste.
Dans le quartier populaire d'Arras où il vivait, des voisins le décrivent comme un jeune homme "froid" et "distant" et évoquent une "famille très spéciale", repliée sur elle-même.
Son frère aîné a été condamné à cinq ans d'emprisonnement, en 2023, pour ne pas avoir dénoncé un projet d'attentat à Paris aux abords du palais présidentiel de l'Elysée. Il a ensuite été condamné pour "apologie du terrorisme". Le père de l'assaillant, expulsé en 2018, était, lui, "tenant d'un islam radical" et fiché en tant que tel par la police, selon le ministre de l'Intérieur.
afp/boi
Plongée dans l'inquiétude
Cette attaque contre un enseignant, commise trois ans après l'assassinat du professeur Samuel Paty par un islamiste radicalisé en région parisienne, a choqué le pays et fait craindre de nouveaux attentats, dans un climat alourdi par la guerre entre Israël et le Hamas.
La France a été placée en situation d'"urgence attentat", le niveau le plus élevé du dispositif de vigilance et de protection Vigipirate.
L'inquiétude s'est encore aggravée avec l'attaque perpétrée lundi soir à Bruxelles par un Tunisien radicalisé soupçonné d'avoir tué deux Suédois en pleine rue. L'homme a été abattu par la police mardi.
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"Tous les Etats européens sont vulnérables" face au retour du "terrorisme islamiste", a déclaré mardi le président français Emmanuel Macron.