Au total, 1427 migrants ont atteint les îles dans différentes embarcations précaires entre la nuit de vendredi à samedi et la matinée de dimanche, dans un contexte de hausse des arrivées de ces dernières semaines, ont annoncé les services d'urgence sur le réseau social X.
Les migrants arrivés viennent d'Afrique subsaharienne, a précisé à l'AFP un porte-parole des services d'urgence.
321 personnes dans une pirogue en bois
Samedi, une pirogue en bois a atteint l'île El Hierro avec 321 personnes à son bord, a précisé une porte-parole des services d'urgence. Elles étaient 280 le 3 octobre, précédent record de migrants arrivés aux Canaries dans une seule embarcation.
La chaîne de TV publique TVE a montré des images de l'arrivée au port samedi d'une embarcation colorée, bondée de migrants souriants et saluant autour d'eux.
23'537 migrants aux Canaries en 2023
Selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur espagnol, l'archipel a reçu 23'537 migrants entre le 1er janvier et le 15 octobre, soit près de 80% de plus que sur la même période l'année dernière.
Pendant les deux premières semaines d'octobre, 8561 migrants sont arrivés, un chiffre record selon les médias espagnols, depuis une précédente crise migratoire, en 2006.
Route des Canaries très fréquentée
La route migratoire passant par les Canaries a été très fréquentée ces dernières années en raison du durcissement des contrôles opérés dans la mer Méditerranée.
Mais les naufrages sont fréquents lors de ces longues et dangereuses traversées à bord de petites embarcations depuis le Maroc ou le Sahara Occidental, distant d'une centaine de kilomètres, mais aussi, plus au sud, depuis la Mauritanie, le Sénégal et même la Gambie, à environ un millier de kilomètres.
furr avec afp
"Déstabilisation au Sahel"
Cette "recrudescence" des arrivées est liée à "la déstabilisation au Sahel", a estimé le ministre de l'Intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska lors d'une visite aux Canaries cette semaine.
Hausse des attaques par des djihadistes ou des groupes rebelles, coups d'Etat: la région du Sahel a en effet connu une montée de l'insécurité ces derniers mois. La zone dite des "trois frontières" entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali est un repaire pour les djihadistes sahéliens affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique.
Le Niger, dans son sud-est, est confronté aux violences djihadistes de Boko Haram et de sa branche dissidente Iswap (Etat islamique en Afrique de l'ouest).
Le Mali est confronté dans le nord à une reprise depuis fin août des hostilités menées par des groupes armés indépendantistes. Cette situation s'ajoute aux violences dans le centre et à l'expansion djihadiste au nord et à l'est.
Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris le pouvoir le 30 septembre 2022, s'était donné "deux à trois mois" pour améliorer la situation. Mais le pays est toujours la cible d'attaques djihadistes meurtrières.
En outre, les régions septentrionales du Bénin, du Togo et du Ghana subissent des attaques et des incursions des groupes djihadistes qui prospèrent au Sahel et cherchent à descendre vers le sud.
Enfin, le Tchad est encore en période de transition depuis que Mahamat Idriss Déby Itno a été proclamé par l'armée chef de l'Etat en avril 2021, à la mort de son père Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles. Les combats persistent dans le nord du pays, les rebelles se réfugiant dans le sud de la Libye.