Sergio Massa et Javier Milei s'affronteront au second tour de la présidentielle en Argentine
Sergio Massa, 51 ans, candidat du bloc gouvernemental (centre-gauche), a surmonté le handicap d'une inflation record, arrivant en tête avec 35,9% des voix.
Il devance Javier Milei, 53 ans, qui récolte 30,5% des suffrages et qui confirme sa percée depuis son irruption sur la scène politique il y a deux ans, selon les chiffres communiqués par l'autorité électorale, avec 76% des votes décomptés.
La candidate de l'alliance d'opposition (centre-droit) Patricia Bullrich, une ex-ministre de la Sécurité et protégée de l'ancien président libéral Mauricio Macri (2015-2019), est distancée, avec 23,6% des voix.
Les Argentins ont voté dans un climat d'incertitude et d'inquiétude, comme rarement depuis le retour de la démocratie il y a 40 ans, sur fond d'endettement chronique et d'inflation désormais parmi les plus élevées au monde.
"Tronçonner l'Etat"
"Nous sommes préparés à faire le meilleur gouvernement de l'histoire", a lancé au moment de voter Javier Milei, un polémiste surgi en 2021 des plateaux TV. Il a suivi depuis un fil rouge "dégagiste" contre la "caste parasite", selon lui les péronistes (centre-gauche) et libéraux qui alternent au pouvoir depuis vingt ans. "Qu'ils s'en aillent tous. Qu'il n'en reste plus un!"
Sa colère, ses formules mordantes, son style électrique, ont parlé à un public souvent jeune et sans grande perspective. Mais ses propositions, comme "tronçonner" l'Etat et le service public, "dollariser" l'économie - pour laisser le billet vert remplacer le peso - ont aussi semé doute, voire inquiétude.
A son quartier général de campagne dimanche soir, une déception était manifeste, après l'espoir suscité par les sondages depuis deux mois. "Mais je suis sûr que l'on va retourner cela. Beaucoup de voix qui n'ont pas porté sur lui, lui reviendront au second tour", déclarait Nahuel Pasquale, 27 ans, en référence à des électeurs de Bullrich.
Sergio Massa, un centriste d'ADN qui s'était déjà présenté à la présidentielle en 2015, contre ses alliés péronistes d'aujourd'hui, a pris soin en campagne de se distancier de l'exécutif - ni le président Alberto Fernández ni l'ex-cheffe de l'Etat Cristina Kirchner ne sont apparus.
"Transmettre de la tranquillité"
Il a tenté de convaincre que "le pire de la crise" est passé, grâce à un prochain bond des exportations et la fin d'une sécheresse historique en 2022-2023, la pire en 100 ans, qui a privé l'Argentine, géant agro-exportateur, de 20 milliards de dollars de recettes.
Il a surtout ces derniers mois multiplié les largesses budgétaires: réduction du nombre d'imposables, subventions, exemptions de TVA, pour amortir le choc de l'inflation. "Irresponsabilité électoraliste", ont hurlé ses adversaires, alors que l'Argentine peine à rembourser au FMI un prêt de 44 milliards.
Pour autant, lundi, les Argentins auront les yeux rivés sur le peso, qui en deux ans s'est effondré de 99 à 365 pour un dollar au taux officiel et près de 1000 pesos au taux parallèle de la rue.
"Lundi, l'Argentine continue [...] Il faut transmettre de la tranquillité", a voulu rassurer dimanche Sergio Massa.
furr avec afp