Elue le 22 octobre 2022, Giorgia Meloni arrive à la tête d'un gouvernement de coalition entre la Ligue antimigrants de Matteo Salvini, le parti conservateur Forza Italia fondé par Silvio Berlusconi et son parti nationaliste Fratelli d'Italia. Il s'agit du gouvernement italien le plus à droite depuis la Seconde Guerre mondiale.
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Bien qu'une fête ait été organisée le week-end passé par son parti, elle n'a pas célébré sa première bougie avec ses camarades puisqu'elle avait annoncé la veille avoir rompu avec son compagnon et père de leur fille, Andrea Giambruno, un journaliste. Il a été surpris en train de faire des avances et de tenir des propos sexistes à l'égard de collègues féminines dans les coulisses des studios. "Je suis humaine", a indiqué Giorgia Meloni pour justifier sa défection à la fête de Fratelli d'Italia.
"Un an après, je veux vous dire que je suis fière de ce que nous avons fait, que je suis fière de nous, de notre communauté politique, de notre classe dirigeante et je suis aussi fière de moi", a-t-elle encore déclaré dans un message audio envoyé à ses camarades de parti pour l'occasion.
Et d'ajouter: "Permettez-moi de vous le dire, parce qu'au bout d'un an de gouvernement, je peux me regarder dans la glace et je peux voir la même personne, peut-être avec quelques rides en plus, mais c'est la même personne. Parce que j'ai marché partout la tête haute, je n'ai pas fait de compromis. J'ai toujours et seulement fait ce que je considérais juste de faire."
Politique pas si autoritaire...
Il y a deux Giorgia Meloni: la première, c'est celle qui s'adresse à l'international, en particulier à l'Europe, et qui a eu une action plutôt pragmatique loin des accents menaçants qu'elle avait en campagne électorale. La seconde, c'est la dirigeante d'extrême droite qui, en interne, adopte des mesures répressives afin notamment de couvrir le manque de résultats dans de nombreux dossiers comme celui sur l'immigration.
Pour le politologue Giovanni Orsina, professeur à l'Université Luiss de Rome, le gouvernement de Giorgia Meloni n'a pas été aussi dur qu'il le redoutait. "On craignait qu'elle puisse prendre des initiatives très radicales, qu'elle emmène l'Italie hors du contexte européen, ce qu'elle n'a pas fait. Elle est restée pleinement intégrée dans l'Alliance atlantique et, dans une forme plus dialectique, dans le contexte européen."
Le professeur analyse encore que le gouvernement a fait ce qu'il devait. "Il me semble avant tout qu'il a réagi à l'urgence. La politique économique agit dans des limites qui ne sont pas contrôlées par le gouvernement. La politique migratoire également. Pour le reste, le gouvernement a pris un peu d'espace pour faire quelque chose de plus identitaire, suffisamment pour dire que le gouvernement a été fidèle à son programme de droite."
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... mais attention aux lois répressives
L'opposition de gauche met en garde contre l'accumulation de textes de loi répressifs avec des fortes peines de prison, par exemple pour punir les mineurs délinquants, pour réprimer les organisateurs de rave party ou encore les Italiens et Italiennes qui ont recours à la gestation pour autrui. Ces lois servent à envoyer des messages à l'électorat catholique et conservateur du pays.
Toutefois, ces réformes sont par la suite souvent contestées par la magistrature, les règlements européens ou par les marchés. Ça a par exemple été le cas pour une taxe exceptionnelle de 40% sur les "surprofits" des banques que Giorgia Meloni a dû rapidement modifier face à la chute des cours à la Bourse de Milan.
Figure politique appréciée
Dans les sondages, Fratelli d'Italia reste assez largement le premier parti du pays avec plus de 28% des intentions de vote, selon l'institut YouTrend.
Plus que le gouvernement ou le parti, c'est Giorgia Meloni qui est appréciée par la population italienne. En effet, même si elle n'affiche pas de grands résultats notamment sur la lutte contre l'immigration clandestine qui a doublé par rapport à l'an dernier, la présidente du Conseil est considérée comme cohérente, honnête et déterminée.
Sa décision de rompre avec son compagnon immédiatement après les révélations sur les comportements déplacés de celui-ci en témoigne. La décision rapide, difficile et courageuse a été unanimement saluée en Italie.
"Propagande"
Toutefois, tout le monde ne se méprend pas face au charisme de Giorgia Meloni et certains partisans de la droite estiment plutôt qu'elle fait semblant d'avancer. L'exécutif est en effet accusé d'avoir mis sur la table une ribambelle de réformes totémiques pour son électorat, au risque d'accoucher de textes inapplicables. La liste de ces textes avortés est longue: répression contre les mineurs délinquants, lutte contre les passeurs de migrants ou encore plafonnement du prix des billets d'avion.
Incompatibles avec la Constitution, contraires aux règlements européens ou à la mécanique du marché, ces textes de loi sur des marqueurs politiques forts de l'exécutif de droite/extrême droite sont retoqués par la justice ou le Parlement, pourtant dominé par une majorité aux ordres. Claudio Cerasa, directeur du quotidien de droite Il Foglio, résume ainsi le processus: "Utiliser les lois non pour gouverner mais pour faire de la propagande".
La méthode Meloni est rodée: une loi est adoptée en Conseil des ministres, annoncée à la presse puis modifiée ou annulée par les commissions compétentes du Parlement, car impossible à adopter en l'état. Dans d'autres cas, ce sont les juges qui ont censuré ces textes adoptés à la va-vite.
Sujet radio: Eric Jozsef
Adaptation web: juma avec afp
Le bilan des principaux chantiers du gouvernement Meloni de l'année écoulée
En un an, Giorgia Meloni a fait avancer plusieurs chantiers qu'elle avait promis de lancer pendant sa campagne et a échoué sur d'autres.
Euroscepticisme pas si marqué
En dépit de son euroscepticisme, la dirigeante de 46 ans a cherché à avoir une attitude constructive avec l'Union européenne et ses partenaires, à part quelques prises de bec avec Paris et Berlin sur le dossier migratoire.
Elle a également assuré un soutien sans failles à Kiev face à Moscou, ce qui lui a valu d'être adoubée par Washington. "Nous sommes devenus amis", lui a déclaré le président américain Joe Biden dans le Bureau ovale.
Politique d'immigration "insatisfaisante"
Le dossier migratoire avait été central durant la campagne électorale et Giorgia Meloni avait promis de bloquer les bateaux transportant des migrants des côtes nord-africaines jusqu'en Italie. Mais le nombre d'arrivées de migrants en 2023 a plus que doublé par rapport à 2022, preuve que l'exécutif n'en fait pas assez pour que la politique migratoire réponde aux promesses faites aux électeurs.
Giorgia Meloni a ainsi appelé l'UE à la rescousse, notamment en soutenant un accord avec la Tunisie pour empêcher les départs de ce pays et en saluant un accord conclu à Bruxelles sur le partage des demandes d'asile.
Les résultats de ces efforts tardent cependant à se traduire dans la réalité: selon un sondage de YouTrend pour la chaîne d'information en continu SkyTG24, l'immigration est en tête des motifs d'insatisfaction des électeurs sur l'action du gouvernement.
La présidente du Conseil a elle-même reconnu sur la Rai fin septembre qu'elle espérait "faire mieux" sur ce dossier.