Plus de 200'000 mineurs auraient été victimes d'agressions sexuelles dans l'Eglise espagnole
Le rapport ne fournit pas de chiffre précis, mais contient un sondage effectué à la demande de cette commission auprès de plus de 8000 personnes, selon lequel 0,6% de la population adulte espagnole (près de 39 millions de personnes) a affirmé avoir été agressée sexuellement, alors qu'elles ou ils étaient mineurs, par des religieux.
En outre, un nombre légèrement inférieur d'Espagnols (0,53%) ont indiqué avoir été agressés sexuellement alors qu'ils étaient mineurs par des laïcs travaillant dans des institutions religieuses.
De 1970 à nos jours
Ces estimations sont contenues dans un rapport remis au Congrès des députés espagnols par le Défenseur du Peuple Angel Gabilondo au terme des travaux d'une commission indépendante, la première établie dans ce pays pour évaluer l'ampleur de la pédocriminalité dans l'Eglise catholique.
Le rapport se montre critique de l'attitude de l'Eglise catholique, déplorant que sa réaction aux cas de pédocriminalité en son sein ait été "insuffisante".
Parmi les mesures proposées dans le rapport figure la création par l'Etat d'un fonds pour verser des réparations aux victimes. Angel Gabilondo a précisé lors d'une conférence de presse que les cas concernaient principalement la période allant "de 1970 à nos jours".
Première enquête du genre en Espagne
Contrairement à la France, à l'Allemagne, à l'Irlande ou aux États-Unis, l'Espagne, pays à forte tradition catholique, n'avait encore jamais réalisé une enquête indépendante sur ce fléau.
Une situation à laquelle les députés espagnols avaient souhaité remédier en décidant en mars 2022 la création d'une commission d'experts chargée de "faire la lumière" sur les "actes personnels exécrables commis contre des enfants sans défense" au sein de l'Eglise espagnole.
Ils avaient confié la direction de cette commission au Défenseur du Peuple, lui donnant pour objectif de déterminer les "responsabilités" dans les cas de violences sexuelles, d'offrir une "réparation" aux victimes et de prévenir de nouveaux cas.
Pour mener ses travaux, la commission s'est appuyée sur des experts en droit et en assistance aux victimes, ainsi que sur les témoignages des victimes elles-mêmes.
Pressions sur l'Eglise
Peu avant la présentation du rapport, la Conférence épiscopale de l'Eglise catholique avait annoncé qu'elle tiendrait lundi prochain une assemblée plénière extraordinaire au cours de laquelle les évêques débattront du rapport.
L'Eglise, qui a refusé pendant des années toute enquête approfondie, n'a pas voulu participer aux travaux de la commission. Elle a toutefois accepté de lui remettre en mars des informations sur les cas de pédocriminalité collectées par les diocèses.
Confrontée à une pression politique croissante et à des accusations d'obstruction, elle avait fait un premier pas en février 2022 en lançant son propre audit externe. Les premiers résultats seront dévoilés en novembre.
L'Eglise, qui affirme pour sa défense avoir mis en place des protocoles de traitement des violences sexuelles, ainsi que des bureaux de "protection de l'enfance" au sein des diocèses, a reconnu en juin avoir recueilli le témoignage de 927 victimes.
afp/boi