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Elie Barnavi: "Israël n'a jamais eu de politique cohérente vis-à-vis des Palestiniens"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Elie Barnavi, écrivain et ancien ambassadeur d'Israël en France
L'invité de La Matinale (vidéo) - Elie Barnavi, écrivain et ancien ambassadeur d'Israël en France / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 12 min. / le 30 octobre 2023
L'ancien ambassadeur d'Israël en France Elie Barnavi a livré à la RTS son regard sur les événements au Proche-Orient. Il estime que l'attaque du Hamas le 7 octobre dernier était prévisible en raison de l'absence d'une politique "cohérente" vis-à-vis des Palestiniens de la part d'Israël depuis sa création.

Face à l'offensive israélienne qui s'est encore intensifiée dans la bande de Gaza ce week-end, avec un bilan dépassant les 8000 morts depuis le 7 octobre selon le ministère de la Santé palestinien, la population de l'Etat hébreu est dans l'incertitude, selon Elie Barnavi, ambassadeur d'Israël en France au début des années 2000 et historien. "Nous ne savons rien de ce qui a été lancé par l'armée, à dessein. L'idée est que le Hamas ne le sache pas non plus", a-t-il expliqué lundi dans La Matinale de la RTS.

La société israélienne reste pour l'heure globalement solidaire avec son gouvernement, malgré des critiques des opposants. Selon Elie Barnavi, cette unité nationale se maintiendra tant que la guerre durera. "Mais aussitôt la guerre terminée, cette unité volera en éclats et on retrouvera les divisions d'avant. Cela se résoudra sans doute par le départ de cette coalition improbable au pouvoir et du Premier ministre Benjamin Netanyahu, ainsi que par de nouvelles élections", a estimé l'ancien diplomate.

L'historien prédit un "remaniement complet" de la politique en Israël, qui devra toutefois être couplé à un succès de l'opération militaire à Gaza. Or, des interrogations subsistent à ce niveau, notamment sur la question des otages, souligne-t-il.

>> Notre suivi de la situation sur le terrain : Des "dizaines" de combattants tués à Gaza durant la nuit

Une politique palestinienne absente

Bien que l'attaque du Hamas ait surpris les Israéliens et Israéliennes par son ampleur, Elie Barnavi juge que celle-ci était dans une certaine mesure prévisible. "Nous savions que quelque chose allait se passer. La situation était volatile, nous étions nombreux à prévoir de graves troubles aussi bien à Gaza qu'en Cisjordanie."

Lorsqu'il n'y a plus d'horizon quel qu'il soit, vous obtenez fatalement de la violence

Elie Barnavi, historien et ancien ambassadeur d'Israël en France

L'ancien ambassadeur explique cette attaque par une absence de politique palestinienne "depuis des années" en Israël. "Benjamin Netanyahu a aussi aggravé les choses en divisant ce peuple. Quand on a un délinquant à la tête d'un gouvernement, quelqu'un qui n'a plus de légitimité, il est très difficile de mener une politique cohérente", a-t-il critiqué.

Mais le gouvernement actuel de Benjamin Netanyahu n'est pas le seul en faute, précise Elie Barnavi, pour qui Israël n'a "jamais eu de politique cohérente vis-à-vis des Palestiniens" et ne dessine plus de solutions pour un règlement du conflit depuis l'échec du processus de paix. "Lorsqu'il n'y a plus d'horizon quel qu'il soit, vous obtenez fatalement de la violence", a-t-il conclu.

Un "horizon d'espoir"

Elie Barnavi se dit néanmoins confiant en l'avenir. "L'horizon d'espoir est que puisse émerger une solution de la tragédie que nous vivons. Les choses se passent souvent ainsi dans l'Histoire; c'est lorsque l'humanité touche le fond qu'elle trouve l'énergie et les moyens de revenir à la surface."

Côté palestinien, l'ancien diplomate estime qu'une résolution de la guerre ne peut venir que de l'Autorité palestinienne, avec le soutien de la communauté internationale.

"Seule la paix est inévitable. Je ne le dis pas par espèce d'optimisme béat, mais parce que je sais que tout conflit se termine, rien n'est éternel. Cette crise épouvantable est peut-être celle dont nous pourrons enfin imaginer sortir quelques compromis raisonnables", a encore ajouté Elie Barnavi.

Propos recueillis par Delphine Gendre/iar

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