Depuis trois semaines, les camions d'aide humanitaire et les travailleurs des organisations humanitaires entrent au compte-gouttes dans la bande de Gaza, rendant leur travail particulièrement compliqué pour venir en aide aux victimes du conflit entre Israël et le Hamas.
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Plus aucun endroit n'est sûr
Sur place, le chef de la mission du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Gaza, William Schomburg, confirme dans un témoignage rare que plus aucun endroit n'est sûr dans l'enclave palestinienne.
"Je suis actuellement au sud de la bande de Gaza. Il y a des incidents sécuritaires importants partout et des bombardements sans cesse, même dans les environs de Rafah (unique point de passage avec l'Egypte, ndlr)."
Malgré la situation, environ 400 personnes - principalement des binationaux et des blessés - ont pu traverser la frontière avec l'Egypte.
"C'est un bon début, estime William Schomburg. Mais on parle de quelques centaines de personnes, sur les 2,3 millions d'habitants de Gaza. Nous - le CICR et d'autres organisations - insistons sur le fait qu'il faut absolument que l'on puisse faire entrer nos équipes et faire sortir nos collègues pour prendre un moment de repos."
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De la peine à trouver de l'eau
La bande de Gaza fait face à un blocus d'Israël, faisant planer une crise sanitaire sur la région, notamment en raison du manque d'eau potable, ce que confirme William Schomburg, précisant que les travailleurs humanitaires peinent aussi à en trouver.
"Pour la population civile, trouver de l'eau ou trouver à manger est devenu un défi quotidien", détaille-t-il.
Les hôpitaux sont devenus des centres pour familles déplacées
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est récemment inquiété du manque de médicaments dans les hôpitaux gazaouis, comme par exemple les anesthésiants.
"La situation est grave et très inquiétante. Les hôpitaux sont devenus des centres pour familles déplacées. A celui d'al-Quds, j'ai vu des centaines de familles, des milliers de gens dormaient dans les couloirs, alors que les bombardements continuaient à proximité (...), mais ce qui est inquiétant aussi, c'est le manque de carburant. Sans cela, il est impossible de faire fonctionner un hôpital", constate le chef de mission du CICR.
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"La situation continue à se dégrader"
Les travailleurs humanitaires ne sont pas épargnés par l'offensive israélienne. William Schomburg a dû faire face au décès d'un collègue ces derniers jours. Ses confrères palestiniens sur place sont nombreux à avoir perdu un parent proche.
Riche d'une longue expérience de terrain au sein du CICR, William Schomburg estime qu'il est extrêmement difficile de comparer ce conflit à ceux qu'il a déjà connus au cours de sa carrière.
"Je peux dire que cette crise est sans précédent à Gaza. La situation continue à se dégrader. Je pense que personne ne s'attendait à ce conflit, à l'ampleur qu'il allait prendre. Honnêtement, personne ne croyait qu'on allait arriver à ce point-là", conclut-il.
Sujet radio: Benjamin Luis
Adaptation web: Jérémie Favre