Dans l'émission Tout un monde de la RTS, le chercheur à l'Institut des Relations Internationales et stratégiques (IRIS) se montre prudent. "J'ai plutôt tendance à faire confiance aux faits. Or, les services de renseignements israéliens et américains l'ont répété plusieurs fois, il n'ont aucune preuve d'implication de l'Iran". Dans le cas contraire, ils ne se seraient pas privés de le faire savoir et de l'instrumentaliser politiquement, estime-t-il.
"Il est vrai que l'Iran finance et entraîne militairement les militants du Hamas, par exemple", précise Thierry Coville. Mais "on n'a pas d'éléments factuels qui nous prouvent que l'Iran était impliqué directement dans l'attentat du 7 octobre" et "le guide suprême, Ali Khamenei, a nié toute implication".
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De son côté, le chef du puissant mouvement libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah, a estimé vendredi que la guerre entre Israël et le Hamas pourrait se transformer en conflit régional si elle ne s'arrêtait pas. Mais le mouvement chiite, qui dépend du soutien de Téhéran, n'a pas annoncé d'actions concrètes. Depuis le lendemain du 7 octobre, le Hezbollah est engagé dans des échanges de tirs quotidiens, mais limités, à la frontière avec Israël, en solidarité avec son allié palestinien, le Hamas.
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Une posture qui indique que Téhéran ne veut pas d'une guerre régionale, analyse Thierry Coville. "L'Iran sait très bien que si le Hezbollah rentrait à fond dans la bataille, il y aurait un conflit ouvert", or le régime sait qu'il n'a "pas les moyens d'en sortir gagnant".
L'Iran ne ne croit pas beaucoup à la diplomatie et au droit international, mais il sait qu'en cas de conflit ouvert, il ne fait pas le poids
"L'Iran veut depuis longtemps établir un rapport de force avec Israël et donc les Etats-Unis. Le régime ne croit pas beaucoup à la diplomatie et au droit international, mais ils sont loin d'être stupides. Ils savent qu'en cas de conflit ouvert, ils ne font pas le poids du fait des faiblesses de leurs défenses anti-aériennes et de leur aviation face à Israël et sûrement les Etats-Unis. Donc ils sont toujours dans cette logique. D'un côté on montre les dents, on établit un rapport de force, on aide des groupes qui sont près d'Israël. Et d'un autre côté, on fait tout pour éviter un conflit ouvert dont ils savent qu'ils sortiront perdants".
L'Iran veut s'imposer comme un acteur incontournable dans les discussions et le règlement de toute crise dans la région, note encore Thierry Coville. Les Iraniens "veulent que les négociations passent par eux, très clairement", conclut-il.
Propos recueillis par Eric Guevara-Frey
Adaptation web: cab