La dissolution du collectif écologiste français des "Soulèvements de la terre" invalidée
La plus haute juridiction administrative française a bien reconnu que le collectif s'était livré "à des provocations et à des agissements violents à l'encontre des biens", notamment à l'occasion de la manifestation en mars contre la construction de retenues d'eau à Sainte-Soline, dans le département des Deux-Sèvres, mais la dissolution demandée par le Ministère de l'intérieur "ne constituait pas une mesure adaptée, nécessaire et proportionnée à la gravité des troubles susceptibles d'être portés à l'ordre public".
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Le Conseil d'Etat a rappelé qu'une mesure de dissolution "porte une atteinte grave à la liberté d'association, principe fondamental reconnu par les lois de la République". "Elle ne peut donc être mise en oeuvre que pour éviter des troubles graves à l'ordre public", a insisté la juridiction.
"Une dissolution n'est justifiée que lorsqu'une association ou un groupement incite des personnes à se livrer à des agissements violents à l'encontre des personnes ou des biens (explicitement ou implicitement, par des propos ou des actes), légitime publiquement des agissements d'une gravité particulière ou s'abstient de modérer des incitations explicites à commettre des actes de violence publiées notamment sur ses réseaux sociaux", a détaillé le Conseil d'Etat.
Une surprise
Le gouvernement avait annoncé la dissolution des Soulèvements de la Terre par un décret le 21 juin dernier. Cette dissolution avait ensuite été suspendue par un référé en août.
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Quand l'affaire avait été examinée sur le fond par le Conseil d'Etat en octobre, le rapporteur public s'était pourtant prononcé en faveur de la dissolution. La décision du Conseil d'Etat, contre l'avis de son rapporteur, constitue donc une surprise.
Le ministre de l'Intérieur reprochait au collectif d'"appeler" et de "participer" à des violences. Il avait personnellement engagé la procédure de dissolution le 28 mars, quelques jours après les violents affrontements entre gendarmes et opposants aux retenues d'eau de Sainte-Soline, dont l'exécutif avait imputé la responsabilité au mouvement.
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ats/vic
Dissolution confirmée pour trois autres associations
Maigre consolation pour le Ministère de l'intérieur, le Conseil d'Etat a validé la dissolution de trois autres associations: la Coordination contre le racisme et l'islamophobie (CRI), dissoute le 20 octobre 2021, l'Alvarium, un groupuscule d'ultradroite basé à Angers, dissous le 17 novembre 2021, et le GALE (Groupe antifasciste Lyon et environs), dissous le 30 mars 2022.
"Le GALE avait publié des images de violences à l'encontre de policiers, accompagnées de textes haineux et injurieux ainsi que des messages approuvant et justifiant des violences graves envers des militants d'extrême droite, entraînant des appels à la violence que le groupe n'a pas tenté de modérer", a indiqué le Conseil d'Etat.
L'Alvarium, qui entretient des liens avec des groupuscules appelant à la discrimination, "a publié des messages justifiant la discrimination et la haine envers les personnes étrangères ou les Français issus de l'immigration par leur assimilation à des délinquants ou des criminels, à des islamistes ou des terroristes", a affirmé le Conseil d'Etat pour justifier la dissolution de ce mouvement.
La Coordination contre le racisme et l'islamophobie (CRI), enfin, a publié des propos tendant "à imposer l'idée que les pouvoirs publics, ou encore de nombreux partis politiques et médias, seraient systématiquement hostiles aux musulmans et instrumentaliseraient l'antisémitisme pour leur nuire". "Ces publications ont suscité de nombreux commentaires haineux, antisémites et injurieux sans que l'association ne tente de les contredire ou de les effacer", a déploré la juridiction administrative.