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L'UE enquête sur les démarches de TikTok et YouTube pour protéger les mineurs

TikTok sommé de prendre des mesures pour protéger les mineurs (image d'illustration). [AP Photo / Keystone - Tatan Syuflana]
L'Europe enquête sur ce qu'ont entrepris TikTok et YouTube pour protéger les mineurs / La Matinale / 2 min. / le 10 novembre 2023
Bruxelles a ouvert jeudi une enquête sur les mesures prises par le réseau social TikTok et le site de partage de vidéos YouTube pour protéger les enfants, poursuivant un tour de vis contre les grandes plateformes entamé en octobre.

L'exécutif européen s'inquiète notamment de l'impact de certaines vidéos sur la "santé mentale et physique" des jeunes. Il souhaite vérifier les procédures permettant de garantir que les contenus diffusés sont adaptés à l'âge des mineurs concernés.

Le commissaire européen au Numérique, Thierry Breton, s'applique à faire respecter aux très grandes plateformes les nouvelles obligations qui s'imposent à elles depuis l'entrée en vigueur fin août de la nouvelle législation de l'UE sur les services numériques (DSA).

"La protection des enfants sera une priorité", avait-il déjà prévenu.

En octobre la Commission européenne avait déjà lancé trois autres enquêtes visant TikTok, X et Meta (maison mère de Facebook et Instagram) concernant la diffusion de "fausses informations", d'images et de propos violents en lien avec le conflit au Proche-Orient.

>> Regarder le sujet du 19h30 sur la désinformation pendant le conflit au Proche-Orient :

La Commission européenne condamne les dérives sur les réseaux sociaux concernant la guerre au Proche-Orient
La Commission européenne condamne les dérives sur les réseaux sociaux concernant la guerre au Proche-Orient / 19h30 / 2 min. / le 15 octobre 2023

Le DSA impose depuis fin août des règles plus strictes à 19 très grands acteurs de l'internet.

Collecte d'informations

La Commission européenne a annoncé dans un communiqué avoir demandé à TikTok et YouTube "de fournir davantage d'informations sur les mesures qu'elles ont prises pour se conformer à leurs obligations en matière de protection des mineurs".

Ces demandes ne constituent pas pour l'instant une mise en cause.

Mais il s'agit d'une première étape dans des procédures qui peuvent conduire à de lourdes sanctions financières en cas d'infractions avérées et prolongées à la réglementation. Dans des cas extrêmes, les amendes peuvent atteindre 6% du chiffre d'affaires mondial des groupes mis en cause.

"TikTok et YouTube doivent fournir les informations demandées à la Commission au plus tard le 30 novembre 2023. En fonction de l'évaluation des réponses, la Commission déterminera les prochaines étapes", a-t-elle précisé.

En bonne voie

Contacté jeudi par l'AFP, un porte-parole de TikTok a souligné que le patron du groupe avait eu des "discussions positives" cette semaine avec la Commission européenne.

"Nous sommes heureux que nos efforts pour préserver la sécurité des utilisateurs (...) et respecter le DSA ne passent pas inaperçus. Nous continuerons de travailler étroitement avec la Commission, y compris sur cette dernière demande", a-t-il ajouté.

Le patron de TikTok, Shou Zi Chew, était mardi en visite à Bruxelles où il a rencontré la vice-présidente de la Commission chargée des Valeurs et de la Transparence, Vera Jourova, et le commissaire à la Justice et à la Concurrence, Didier Reynders.

Thierry Breton a salué des évolutions positives au sein du réseau social chinois et l'a appelé à poursuivre ses efforts.

"Nous avons constaté des changements sur la plateforme TikTok au cours des derniers mois, avec la mise en place de nouvelles fonctionnalités visant à protéger les utilisateurs et des investissements dans la modération de contenus et la sécurité", a-t-il déclaré lundi après une discussion avec Shou Zi Chew en visioconférence.

Impact avéré

L'impact des réseaux sociaux sur la santé mentale et physique des jeunes est avéré.

Cette semaine, Amnesty International a publié deux rapports complémentaires qui révèlent que le système de recommandation de TikTok et ses pratiques de collecte de données poussent les jeunes utilisateurs vers du contenu potentiellement dangereux pour leur santé mentale. Les contenus sur la dépression et le suicide sont amplifiés par l'algorithme, selon l'ONG.

Ces résultats interviennent alors que le groupe Meta est visé par une plainte portés par 40 Etats américains en raison de son aspect addictif ainsi que de ses effets en matière d'estime de soi.

L'étau se ressere. L'Union européenne s'organise. Les premières sanctions peuvent intervenir à partir de janvier 2024.

Sujet radio: mcc/ar

Adaptation web: juma avec afp

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Besoin d'un diagnostic précoce

Un diagnostic précoce est essentiel pour éviter qu’un trouble devienne chronique ou mène à des dépendances. C’est la mission du projet PsyYoung, financé en partie par la LaMal, qui se penche sur les nouvelles pistes pour intervenir le plus tôt possible dans le cadre d’une conférence vendredi à la Maison de l’enfance et de l’adolescence à Genève.

L’Angleterre, par exemple, a créé un réseau de centres de détection précoce dans l'ensemble du pays.

Une autre méthode qui a fait ses preuves est l’accompagnement par des pairs des jeunes qui sont passés par là, explique Philippe Conus, chef du service de psychiatrie du CHUV et qui prendra la direction de PsyYoung dès janvier 2024.

"Les jeunes peuvent être beaucoup plus sensibles aux messages donnés par des pairs, qui dédramatisent les choses et peuvent être plus crédibles que des personnes plus âgées. Ces dernières représentent parfois une institution, et peuvent leur faire un peu peur."

Maisons de santé

Autre piste: les maisons de santé pour contourner la stigmatisation encore très présente autour de la psychiatrie, ajoute le futur directeur de PsyYoung, qui cite le réseau australien HeadSpace qui crée de tels établissements.

Ces derniers ne sont pas uniquement composés de psychologues et de professionnels de la santé mentale mais aussi de gynécologues et d'autres médecins, précise-t-il.

Chez les jeunes, 85% des problèmes de santé sont du domaine de la santé mentale, rappelle encore Philippe Conus. Une façon de faire relativiser la question aux adolescents et jeunes adultes, tout en la prenant très au sérieux.