Pascal De Crousaz: "Il n'y a pas grand-chose qui puisse changer les opérations en cours" à Gaza

La position de base des dirigeants des pays de la Ligue arabe et des pays musulmans réunis samedi à Riyad en Arabie Saoudite est claire: pour eux, l'avenir de Gaza passe par un cessez-le-feu immédiat. Ils rejettent en outre l'argument israélien de "légitime défense" concernant cette guerre et réclament du Conseil de sécurité de l'ONU une résolution contraignante contre Israël.

Ils se sont en revanche abstenus d'énoncer des mesures économiques et politiques punitives à l'encontre d'Israël, mettant en évidence les divisions régionales quant à la manière de réagir au conflit, sur fond de craintes d'un embrasement dans la région.

Le sommet s'est déroulé dans un contexte de colère, au Moyen-Orient et au-delà, contre les bombardements d'Israël dans la bande de Gaza. Les déclarations des dirigeants de certains pays ont été très virulentes à l'encontre d'Israël et du monde occidental. Nombre d'observateurs voient cependant mal ce sommet changer le cours de la guerre.

Israël doit rester dans sa "fenêtre de légitimité"

"Directement, sur le terrain, il n'y a pas grand-chose qui puisse changer les opérations en cours, car il n'y a ni la volonté politique ni les moyens d'influencer directement le cours de la guerre", a confirmé l'expert en relations internationales et spécialiste du conflit israélo-palestinien Pascal De Crousaz samedi dans le 19h30 de la RTS.

Pour lui, rien ne viendra entraver la marche en avant d'Israël aussi longtemps que le pays "ne sortira pas de la fenêtre de légitimité qui lui a été donnée", c'est-à-dire tant que son objectif demeurera de réduire le Hamas "à l'état d'impuissance armée". En revanche, si Israël s'orientait ensuite vers d'autres objectifs, comme coloniser Gaza ou frapper le Hezbollah de son propre chef, "là oui, il pourrait y avoir des lignes rouges américaines imposées", avance-t-il.

Risque d'embrasement pour l'heure limité

Aux yeux de Pascal De Crousaz, le risque d'embrasement reste pour l'heure limité, même si l'Iran a appelé à armer les Palestiniens lors du sommet. "Il faut distinguer la solidarité et l'empathie pour le peuple palestinien et pour ses inspirations à vivre libre de la volonté de sauver le Hamas comme organisation militaire. S'il s'agit de sauver le Hamas, je ne crois pas que Téhéran sera suivi par les dirigeants des pays arabes et musulmans", rassure-t-il.

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En outre, poursuit le spécialiste, "les Etats-Unis ont clairement fait comprendre aux potentiels candidats à l'embrasement, à commencer par le Hezbollah et l'Iran, qu'ils frapperaient. Ils ont commencé à déployer dans la région une force militaire considérable [...] ce qui a suffi à les dissuader".

Cette apparente victoire américaine cache aussi une défaite, celle provoquée par l'image que projette le camp occidental sur les pays musulmans. "Dans la compétition entre grandes puissances pour attirer dans leur camp les pays du sud importants, si les Etats-Unis et leurs alliés sont pris en flagrant délit de 'deux poids, deux mesures', ils vont devoir faire beaucoup d'efforts [...] pour ramener un peu plus en leur faveur les pays du Sud global musulman", analyse Pascal De Crousaz.

>> Regarder aussi le 19h30 faire le résumé du sommet de Riyad ce samedi :

Propos recueillis par Gabriel de Weck
Adaptation web: Vincent Cherpillod