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Le Kenya, une étape capitale des négociations pour un traité contre la pollution plastique

Début de négociations au Kenya pour adopter un traité contre la pollution plastique. [AFP - Tony Karumba]
La crise des déchets plastiques fait l’objet de négociations ouvertes au Kenya / Le 12h30 / 1 min. / le 13 novembre 2023
Des représentants de 175 pays sont réunis à partir de lundi au Kenya pour négocier pour la première fois des mesures concrètes qui doivent être incluses dans un traité mondial contraignant pour mettre fin aux déchets plastiques.

"Je déclare ouverte la troisième session de l'INC (Comité international de négociations, ndlr) sur la pollution plastique", a déclaré en ouverture son président Gustavo Meza-Cuadra Velasquez, avant de donner un coup de marteau, marquant le début de négociations dans la capitale kényane Nairobi qui prendront fin dimanche.

"La pollution plastique continue d'inonder nos océans, de nuire à la faune et de s'infiltrer dans nos écosystèmes. Cela constitue une menace directe pour notre environnement, la santé humaine et l'équilibre délicat de notre planète", a également mis en garde Gustavo Meza-Cuadra Velasquez.

La pollution plastique est "une menace existentielle pour la vie, l'humanité", a déclaré le président du Kenya, William Ruto, et pour y faire face "l'humanité doit changer".

Un consensus, mais des positions qui divergent

Les pays qui participent aux négociations, qui en sont au troisième cycle sur cinq au total, se sont mis d'accord l'année dernière pour finaliser d'ici fin 2024 un premier traité mondial pour lutter contre le fléau des plastiques.

L'enjeu est de taille car le plastique, issu de la pétrochimie, est partout: des déchets de toutes tailles se retrouvent déjà au fond des océans et au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang ou le lait maternel.

Un large consensus existe sur la nécessité d'un traité. Mais entre les politiques défendues par les différents pays, les défenseurs de l'environnement et les industriels du plastique, les positions divergent.

Plusieurs pays et des ONG de défense de l'environnement plaident en faveur de l'interdiction des produits plastiques à usage unique et de règles plus strictes, entre autres mesures dites à "ambition élevée". Les industriels et les principaux pays producteurs militent de leur côté pour le recyclage et une meilleure gestion des déchets.

Le problème des plastiques encore utilisés

Mais pour Nathalie Gontard, directrice de recherche à l'Institut français de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), interrogée dans La Matinale de lundi, on se trompe de cible: "Il ne suffit pas de résoudre la problématique des déchets, c'est-à-dire faire en sorte qu'il n'y ait plus de plastiques jetés dans l'environnement et que tous les plastiques soient bien collectés, pour qu'il n'y ait plus de pollution plastique, puisque les plastiques encore d'usage polluent tout autant."

"Lorsqu'on trace par exemple l'origine des microplastiques qu'on trouve dans le lac Léman, on s'aperçoit qu'ils viennent des eaux de lavage de vêtements encore d'usage. Lorsqu'on traque les microplastiques qu'on trouve au fin fond des glaciers de l'Arctique, on s'aperçoit qu'ils viennent des matériaux d'isolation de bâtiments qui sont en cours d'utilisation. Quant aux microplastiques qu'on trouve dans l'air, ils viennent de l'usure des routes et des pneus parce qu'on introduit du plastique dans ces matériaux."

Le plastique pollue donc avant de devenir un déchet. Alors, les solutions proposées, recyclage ou calcul de l'empreinte carbone, ne répondent pas aux vrais problèmes. Il faudrait, selon la spécialiste, mesurer notre "empreinte plastique".

"Nous avons accumulé près de 9 milliards de tonnes de plastique sur Terre, à mettre en regard des 2 milliards de tonnes que représente la biomasse animale totale qui existe sur Terre. Il y a quatre à cinq fois plus de plastiques que d'êtres vivants", conclut Nathalie Gontard.

Sujets radio: Pauline Rappaz et Clémence Pénard

Adaptation web: lan avec afp

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L'Irlande mauvaise élève

L'Europe n’a jamais produit autant de déchets d’emballages. En 2021, l’Union européenne en a généré 188,7 kilos par habitant, soit 11 kilos de plus par personne, par rapport à l’année précédente.

Les Irlandais font figure de cancres avec 246 kilos par tête, soit presque 60 kilos de plus.

Le pays est submergé par les emballages et la population dit ne pas pouvoir y faire grand-chose, car elle n'a pas vraiment d'options pour faire des achats de manière durable dans les magasins. Tout y est enveloppé dans du plastique et peu d'alternatives sont proposées.

>> Le reportage dans la Matinale :

Déchets en plastique, l’Irlande est le plus gros consommateur d’Europe. [Keystone - AP photo/John Cogill]Keystone - AP photo/John Cogill
Déchets en plastique, l’Irlande est le plus gros consommateur d’Europe / La Matinale / 2 min. / le 13 novembre 2023