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Le conflit israélo-palestinien, ça change quoi pour vous?

Le conflit israélo-palestinien, ça change quoi pour vous? [RTS]
Le conflit israélo-palestinien, ça change quoi pour vous? - [RTS]
Depuis plus d'un mois, une guerre violente secoue le Proche-Orient. Jusqu'où ce conflit peut-il s'étendre et s'exporter? A quel point peut-il encore polariser nos sociétés? Que peut-on faire à notre niveau? Et surtout… ça change quoi pour vous?
CQPT Isr-Gaza
Le conflit israélo-palestinien, ça change quoi pour vous? / L'actu en vidéo / 6 min. / le 16 novembre 2023

Le 7 octobre, 1200 personnes, en majorité des civils, ont péri dans les attaques du Hamas en Israël. Selon les autorités, 240 ont été prises en otage. En riposte, Israël bombarde depuis sans relâche la bande de Gaza, ce territoire sous blocus israélien quasi-total depuis cette date.

Le bilan des bombardements dépasse à ce jour les 11'000 morts dont près de 4500 enfants, selon le ministère de la santé du Hamas. Ce conflit fait les grands titres depuis un mois. Dans la rue ou à table, les avis sont souvent tranchés.

Des manifestations sous contrôle

La situation dramatique de la population livrée à elle-même dans la bande de Gaza et la violence des massacres du 7 octobre ont provoqué des manifestations de soutien tout autour du globe, des débordements s'en sont suivis. En Suisse, les villes de Zurich, Berne et Bâle ont décidé d'interdire temporairement les manifestations de soutien à la Palestine. Autorisées sous contrôle en Suisse romande, 6000 personnes se sont réunies dans le calme à Genève, 4500 personnes à Lausanne.

"Je pense que les expériences de Lausanne et de Genève ont montré qu'on pouvait avoir confiance en ce genre de rassemblement", témoigne Kostia Joboyedoff, porte-parole de la manifestation pro-palestinienne de Lausanne, le 20 octobre dernier dans le 19h30.                                           

Parfois, ces manifestations ont crispé jusqu'aux gouvernements. On l'a vu encore le week-end dernier en France où les marches contre l'antisémitisme ont réuni 180'000 personnes dimanche, dont 100'000 à Paris. La présence du Rassemblement national (RN) a divisé la classe politique et les associations musulmanes ont regretté le fait que la lutte contre l'islamophobie ne figure pas dans les revendications. A Londres, 300'000 personnes ont défilé samedi dans le calme pour demander un cessez-le-feu à Gaza.

>> Lire aussi : Des milliers de personnes marchent contre l'antisémitisme à Paris

Interdiction en France

En Allemagne, la manifestation de soutien à Israël à l'appel du chancelier Olaf Scholz a réuni 10'000 personnes le 22 octobre, alors que les manifestations de soutien à la Palestine, interdites comme en France, ont eu lieu malgré tout. "Manifester pour les enfants de Palestine n'est pas manifester contre les enfants d'Israël", soulignait Samia El Khalfaoui, du collectif Urgence Palestine, le 28 octobre dernier dans le 19h30.

Cette indignation s'est répandue sur les réseaux sociaux où sous l'impulsion de centaines d'ONG, les appels au cessez-le feu se multiplient. Parmi elles, Médecins sans Frontières, très inquiète pour ses employés sur place dont elle n'a plus de nouvelles.

Un conflit qui s'exporte et polarise

La couverture de ce conflit est fortement amplifiée par les réseaux sociaux, avec une avalanche d'images fortes et très émotionnelles, mais aussi de fausses informations, de la manipulation et un déferlement de propos haineux. Celui qui défend la population palestinienne est accusé d'être pour le Hamas et donc pour le terrorisme. Celui qui défend les populations israéliennes est susceptible d'être taxé de "pro-sioniste" et de "pro-Netanyahu". Des accusations qui laissent peu de place à la discussion et qui radicalisent les positions.

Leur but n’est pas de soutenir Gaza ou le Hamas, c’est d’ouvrir un front en Europe violent comme ils ont déjà essayé de le faire il y a 10 ans avec le conflit syrien

Hugo Micheron, chercheur à Science Po Paris

Un levier potentiel de la part de certaines mouvances radicales, explique Hugo Micheron, chercheur à Science Po Paris, le 2 novembre dans l'émission Tout un monde de la RTS. "Leur but n'est pas de soutenir Gaza ou le Hamas, c'est d'ouvrir un front violent en Europe comme ils ont déjà essayé de le faire il y a 10 ans avec le conflit syrien."

>> Lire aussi : Les mouvances djihadistes ont tendance à se recomposer, selon un expert

Augmentation d'actes haineux

Depuis le 7 octobre, les actes violents et haineux se sont multipliés dans le monde. L'un des plus emblématiques a eu lieu le 29 octobre dernier lorsqu'une foule en colère a pris d'assaut un terminal de l'aéroport du Daghestan, à la recherche de passagers en provenance de Tel Aviv. Autre fait marquant, le 14 octobre aux Etats-Unis lorsqu'un homme a poignardé et tué un enfant palestinien de 6 ans et blessé sa mère. Plus largement ce sont des insultes, des affiches des graffitis antisémites et islamophobes qui sont en hausse.

En Suisse, on constate une hausse des actes antisémites, jusque dans les classes. A Genève, quatre cas ont été signalés dans le milieu scolaire. "On est extrêmement attentifs à la situation dans nos écoles. Je le suis, les enseignants le sont également (...) On est tous très concernés", explique la conseillère d'Etat genevoise Anne Hiltpold, le 5 novembre dans le 19h30.

En Suisse, il n'existe pour l'heure pas de chiffres concernant le nombre d'actes antisémites enregistrés. En Grande-Bretagne, les appels pour les signaler ont été multipliés par 18.

Et vous dans tout ça?

Plusieurs ONG sont présentes sur le terrain, chaque don peut aider sur place et aussi à se sentir moins impuissant.

Pour atténuer la peur et la colère que font ressentir certaines images partagées sur les réseaux sociaux, parler avec des personnes de confiance dans un cadre serein peut aider. S'informer auprès de médias de référence, nuancer, contextualiser en particulier avec les plus jeunes. D'une manière plus générale, il est important de faire preuve de prudence sur les réseaux sociaux et dans ses échanges.

"Cette passion doit être raisonnée. Il faut prendre un peu de hauteur qu'on soit pro-palestinien ou pro-israélien. Je pense que la vérité n'est pas si tranchée que ça. Si nous Européens, on est si divisés, comment voulez-vous que les personnes sur place trouvent une solution? Comment on peut espérer la fin des violence, une paix? On ne peut pas", réagissait Wissam Halawi, professeur d'Islam et des mondes musulmans, le 3 novembre dans le Point J.

>> Pour en savoir plus : Podcast - Le conflit entre Israël et le Hamas décrypté

Et se souvenir que maintenant, on est dans le temps de la guerre la plus dure, et espérer que le temps de la diplomatie reviendra. Et qu'elle parviendra à enrayer le cycle de la violence.

Claire Burgy

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