Environ 170'000 personnes, selon la préfecture, se sont réunies sur la place Cibeles, autour de la célèbre fontaine du même nom, en plein coeur de la capitale espagnole, là où se retrouvent les supporters du Real Madrid en cas de victoire, pour répondre à l'appel à manifester lancé par la droite. Des rassemblements sont apparus dans d'autres villes d'Espagne.
Aux cris de "Sanchez, traître", "Sanchez, fils de p****", "Sanchez en prison!" ou "La Catalogne, c'est l'Espagne", les participants, de tous âges, avaient noué sur leurs épaules ou agitaient des drapeaux espagnols, et d'autres brandissaient des drapeaux européens distribués par le Parti populaire européen (PPE, droite).
"Ce que veut Pedro Sanchez, c'est découpé l'Espagne en morceaux, a déclaré une retraitée madrilène de 65 ans, "qu'il y ait le pays basque d'un côté, la Catalogne de l'autre, et dire qu'il ne s'est rien passé, et que peu importent les juges".
Echange avec les indépendantistes
Arrivé deuxième aux législatives du 23 juillet derrière le chef de file de la droite Alberto Nunez Feijoo (PP), le premier ministre socialiste Pedro Sanchez, au pouvoir depuis 2018, est parvenu à être reconduit jeudi après avoir négocié tous azimuts pour obtenir le soutien de formations régionalistes, dont les partis indépendantistes catalans.
En échange de leurs voix, indispensables à la formation d'une majorité, il a accepté plusieurs concessions, dont l'adoption prochaine d'une très polémique loi d'amnistie pour les dirigeants et militants séparatistes poursuivis notamment pour leur implication dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.
Les manifestants en appellent à l'Europe
Mariana (qui ne souhaite pas donner son nom de famille), entrepreneuse de 51 ans, est venue spécialement de Saragosse (nord-est) pour protester "contre l'amnistie": "je crois que le combat commence maintenant, et sur le long terme. Il faut que ça se sache, c'est un message envoyé à l'Europe", dit-elle en désignant le drapeau européen que tient son compagnon à ses côtés.
"Le premier ministre n'aurait jamais dû accepter d'être reconduit "à ce prix", selon un autre manifestant. La foule s'était retrouvée vers midi et s'est dispersée dans le calme après les discours.
Depuis deux semaines, des manifestations ont eu lieu tous les soirs devant le siège du Parti socialiste à Madrid, et certaines d'entre elles ont dégénéré donnant lieu à plusieurs dizaines d'interpellations.
agences/miro