Comment le Rwanda s'est débarrassé du plastique jetable pour préserver l'environnement
Depuis 15 ans, dans le pays des mille collines, il est interdit d'importer, de produire, de vendre et d'utiliser des sacs en polyéthylène et de tout autre plastique à usage unique. Le Rwanda est le premier Etat africain à avoir pris une telle décision, pour des résultats jugés sans égal à l’échelle du continent.
Au moment de l'atterrissage à Kigali, l'équipage s'adresse aux passagers: "Mesdames et messieurs, annonce pour l’environnement, les sacs en plastique ne sont pas permis au Rwanda. Si vous avez des sacs en plastique, veuillez les laisser dans l’avion."
Dans le terminal, les passagers sont scrutés par les agents du gouvernement. Aucune fouille n'est effectuée, mais tous les sacs visibles, les protections des valises ainsi que les plastiques non réutilisables sont saisis pour être mis aux ordures.
"La première fois, ce n'est pas facile à accepter pour les gens. Mais ils doivent s'y faire, parce qu’ici, c’est la loi pour protéger l’environnement", a expliqué dimanche dans le 19h30 de la RTS Gift Mutamuriza, de l'Office rwandais de protection de l’environnement.
Un coût supplémentaire
Une politique coercitive à laquelle tout le pays a dû se plier. Blaise Shyaka, manager de Simba Supermarket, la plus grande chaîne de supermarchés de Kigali, confie qu'il est plus difficile de garder la fraîcheur des produits de boulangerie et de pâtisserie dans des sachets en papier par rapport aux anciens sachets plastiques.
L'autre inconvénient est le prix des emballages: chaque jour son magasin doit dépenser des centaines d’euros supplémentaires. Des coûts qui sont en partie répercutés sur les prix des produits.
Cynthia et Blaise sont des agents de l’Office rwandais de protection de l’environnement, ils font partie d'une des brigades de contrôle mises sur pied par les autorités, car certains commerçants prennent encore le risque de contourner la loi.
Lors d'une vérification dans un point de vente, accompagnés des caméras de la RTS, ils exigent le retrait du plastique d'emballage de plusieurs packs de bouteilles de soda. "On demande aux commerçants qui importent des produits de l’étranger de transporter les marchandises dans des cartons", explique Cynthia Ishimwe.
Quotidiennement, ces inspections se multiplient dans le pays. Selon l’infraction, les amendes peuvent atteindre 700 francs suisses. Une fermeture administrative peut aussi être ordonnée.
L'emballage papier est roi à Kigali
Cette interdiction fait exploser de nouveaux business, notamment celui du sac en papier. "Bonus Industries" emploie 125 personnes pour produire six tonnes de sachets par jour. L'an passé, son chiffre d'affaires atteignait cinq millions de dollars.
Son président, Brian Ngarambe, explique que le gouvernement travaille main dans la main avec les entrepreneurs qui s'engagent dans des solutions alternatives pour protéger l’environnement.
"S'il ne soutenait pas ce mouvement, alors la sortie du plastique aurait été un échec, comme dans tant d’autres pays d’Afrique qui ont essayé, mais ont échoué", souligne-t-il.
Dans sa politique de prohibition, le petit pays voit grand. Bientôt tous les emballages plastiques seront interdits. Le Rwanda deviendra alors le premier pays du monde à tenter le pari d’un territoire 100% sans plastique.
Sujet TV: Pierre Morel
Adaptation web: Miroslav Mares
Portrait d’une entrepreneuse en recyclage
Sortie il y a trois ans de l’université polytechnique de Kigali, Beathe Siborurema a choisi de s’engager pour l’environnement. Elle récupère des déchets plastiques dans la nature pour les transformer en objets, "avec ça on fait aussi des chaises et des tables basses", ou encore des dalles, explique-t-elle lundi dans le 12h45.
Pour son innovation, elle a déjà remporté plusieurs bourses et de nombreux prix.