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La Roumanie attire toujours plus d'étudiants recalés de médecine

En Roumanie, la cité universitaire de Cluj-Napoca attire des centaines de Suisses ambitionnant devenir médecins. Reportage
En Roumanie, la cité universitaire de Cluj-Napoca attire des centaines de Suisses ambitionnant devenir médecins. Reportage / 19h30 / 3 min. / le 2 décembre 2023
La Roumanie attire de plus en plus d'étudiants romands recalés des facultés de médecine. En dix ans, le nombre de Suisses inscrits à l'Université de Cluj-Napoca a quasi décuplé. Le diplôme roumain, reconnu partout en Europe, permet aux jeunes médecins de revenir exercer au pays.

Chaque année, des centaines d'étudiants sont recalés des facultés de médecine en Suisse romande. Rien qu'à l'Université de Genève, plus de 150 jeunes ont essuyé un échec définitif lors de la session 2022-2023.

Parmi eux, Charlotte, 18 ans. La Genevoise a raté de justesse l'examen de fin d'année. "C'était comme un coup de poing dans le ventre", raconte-t-elle au 19h30. Son regard se tourne alors vers... la Roumanie.  "Je me suis inscrite là-bas car cette formation a une très bonne réputation. Malgré cet échec définitif, on rebondit, on veut poursuivre ce rêve."

Cassandra, une jeune Lausannoise, s'est elle aussi laissée tenter par l'aventure roumaine: "Il faut qu'on s'estime heureux d'avoir cette chance. Parce que c'est vraiment comme un second espoir."

L'Eldorado des jeunes médecins

Le pays de l'Est est devenu l'Eldorado des aspirants médecins. Si les portes du système suisse se sont refermées, elles restent grandes ouvertes dans la ville de Cluj-Napoca, en Transylvanie. Des jeunes de toute l'Europe s'y rendent pour poursuivre leurs études. Dans l'Université de médecine et pharmacie "Iuliu Hațieganu", même pas besoin de maîtriser la langue du pays: les cours sont dispensés en anglais... et aussi en français.

Le nombre d'étudiants suisses a explosé à Cluj-Napoca. [19h30 - RTS]
Le nombre d'étudiants suisses a explosé à Cluj-Napoca. [19h30 - RTS]

Depuis dix ans, le nombre d'étudiants suisses ne cesse d'augmenter. Ils étaient 13 pour l'année 2004-2005, contre 111 aujourd'hui. Les frais de scolarité sont pourtant bien plus élevés qu'en Suisse: il faut compter entre 6000 et 8000 euros par année.

On n'aura pas notre diplôme en l'achetant. La formation est excellente, il ne faut pas avoir de doute sur ça.

Guillaume, étudiant en médecine à Cluj-Napoca

Tout juste arrivé à Cluj-Napoca, Guillaume, originaire de Lausanne, balaie d'emblée l'idée reçue d'un diplôme servi sur un plateau. "Il faut étudier, comme toutes les études de médecine. On n'aura pas notre diplôme en l'achetant. La formation est excellente, il ne faut pas avoir de doute sur ça et penser qu'on va avoir de la facilité en venant ici."

"Dix-sept candidats pour une seule place"

La qualité de la formation est-elle vraiment au rendez-vous? La rectrice de l'université l'assure et rappelle que l'institution n'accueille pas n'importe qui. La sélection, sur dossier, serait exigeante.

"Il y a une concurrence accrue pour les filières en langue étrangère. Par exemple, dans la section médecine en langue française, on a eu 17 candidats pour une seule place. On sélectionne les candidats selon leurs précédents résultats, ils doivent donc être très bons. La moyenne des notes du collège et de l'examen de maturité sont pris en compte, tout comme la maîtrise d'autres langues", explique Anca Dana Buzoianu.

Retour au pays

L'exil des étudiants romands est provisoire. Après la formation de six ans en Roumanie, la grande majorité de ces jeunes reviennent en Suisse pour exercer. C'est le cas de Mathias Marlétaz. A son retour de Cluj-Napoca, ce médecin assistant a trouvé sans trop de peine une place dans un cabinet médical près de Fribourg.

"Il y a juste un peu de paperasse à régler pour faire les équivalences... Il faut attendre à peu près huit ou neuf mois. Mais après c'est bon. Avec ce diplôme, il y a beaucoup de médecins qui voyaient qu'on était motivés. Puisqu'on est parti en Roumanie faire nos études de médecine, ils savent que c'était vraiment notre but. Ça prouve qu'on a vraiment envie de faire ça", relève-t-il.

Le diplôme délivré par l'université roumaine est reconnu dans toute l'Europe. En Suisse romande, les grands centres médicaux assurent que l'origine des certificats n'entrent pas en considération lors du recrutement.  Le CHUV et les HUG indiquent par ailleurs que 45% de leurs médecins sont de nationalité étrangère, en grande majorité de l'Union européenne. Impossible en revanche de savoir combien de médecins engagés ont suivi leur cursus en Roumanie.

Guillaume Martinez

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