Modifié

Il y a 60 ans, jour pour jour, John Fitzgerald Kennedy était assassiné par balles à Dallas

Il y a 60 ans le président américain John Fitzgerald Kennedy était tué à Dallas. Un assassinat qui fait toujours débat.
Il y a 60 ans le président américain John Fitzgerald Kennedy était tué à Dallas. Un assassinat qui fait toujours débat. / 12h45 / 1 min. / le 22 novembre 2023
C'était il y a 60 ans jour pour jour: le 22 novembre 1963 à 12h30, John Fitzgerald Kennedy, 35e président des Etats-Unis, mourait assassiné par balles lors d'un cortège à Dallas, au Texas. Accusé du meurtre, Lee Harvey Oswald est arrêté peu après et se fait tuer à son tour. Un conseiller fédéral s'était rendu aux funérailles d'Etat, une première.

John Fitzgerald Kennedy était arrivé dans la ville texane à 11h40 à bord de l'avion présidentiel Air Force One, pour une visite officielle. L'ancien parlementaire du Massachusetts, installé à la Maison Blanche depuis près de trois ans, prépare l'élection présidentielle de l'année suivante.

Environ 200'000 habitants sont massés le long du parcours du cortège officiel jusqu'à l'immeuble du Trade Mart, où le charismatique chef d'Etat démocrate doit prononcer un discours lors d'un déjeuner.

John F. Kennedy et son épouse Jacqueline Kennedy à leur arrivée à Dallas à l'aéroport Love Field. Le président sera assassiné peu après. [Keystone - (AP Photo]
John F. Kennedy et son épouse Jacqueline Kennedy à leur arrivée à Dallas à l'aéroport Love Field. Le président sera assassiné peu après. [Keystone - (AP Photo]

John F. Kennedy prend place à l'arrière de la limousine officielle, une grosse Lincoln bleu nuit. Son épouse Jackie Kennedy, qui a reçu une gerbe de roses rouges, s'installe à côté de lui. Le gouverneur du Texas John Connally et son épouse occupent les strapontins, devant le couple présidentiel.

Trois coups de feu

Au centre-ville, la limousine ralentit et opère un virage pour pénétrer dans Elm Street. Le carrefour est dominé par un immeuble en briques rouges, le Texas School Book Depository.

Jacqueline Kennedy se penche sur son époux, dont le corps a glissé, et l'agent du Secret Service Clinton Hill saute à l'arrière de la Lincoln bleu. [Keystone - AP Photo/Ike Altgens]
Jacqueline Kennedy se penche sur son époux, dont le corps a glissé, et l'agent du Secret Service Clinton Hill saute à l'arrière de la Lincoln bleu. [Keystone - AP Photo/Ike Altgens]

A 12h30 précise, trois coups de feu claquent. Une balle atteint le président à la nuque et ressort par la gorge. John Connally est touché d'une balle dans le dos, sans que cela lui soit fatal. Un dernier projectile frappe John F. Kennedy en pleine tête. Son crâne explose et il s'effondre sur Jacqueline Kennedy. Transporté à l'hôpital, il est déclaré mort à 13h00. Il était âgé de 46 ans.

>> Revoir l'émission Géopolitis consacré au mystère JFK :

Dallas, le 22 novembre 1963. Quelques minutes avant d'être assassiné, le président Kennedy offre un sourire radieux à la foule qui est venue le voir.
Assassinat de Kennedy: du mystère au mythe? / Geopolitis / 15 min. / le 17 novembre 2013

Remplacement immédiat

L'assassinat est rapidement annoncé par les radios et télévisions du monde entier, puis par la presse: "Kennedy est tué par un sniper alors qu'il se déplaçait en voiture; Johnson prête serment dans l'avion", titre sobrement le New York Times du 23 novembre.

En effet, le jour même de l'attaque, le vice-président Lyndon B. Johnson est devenu le 46e président des Etats-Unis à bord d'Air Force One. Il a remporté l'élection présidentielle l'année suivante et, durant son mandat, le pays est le théâtre de plusieurs assassinats d'autres figures politiques: Malcolm X (en 1965), Martin Luther King (en 1968) et le sénateur démocrate Robert Francis Kennedy, le frère cadet de "JFK" (en 1968).

>> Voir aussi le 19h30 :

60 ans après l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, un ex-agent des services secrets rompt le secret et relance les spéculations
60 ans après l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, un ex-agent des services secrets rompt le secret et relance les spéculations / 19h30 / 3 min. / le 22 novembre 2023

Arrestation et mort de Lee Harvey Oswald

Une heure après le meurtre du président, Lee Harvey Oswald, employé dans le dépôt de livres scolaires d'où sont partis les coups de feu, est arrêté dans un cinéma. Auparavant, il aurait abattu un policier ayant tenté de l'arrêter. Il nie toutefois les deux meurtres et affirme n'être qu'un bouc émissaire.

Rapidement arrêté par la police, Lee Harvey Oswald est mort le 24 novembre, tué par Jack Rubinstein. Le jeune homme niait être le responsable du meurtre du président. [Keystone - AP Photo]
Rapidement arrêté par la police, Lee Harvey Oswald est mort le 24 novembre, tué par Jack Rubinstein. Le jeune homme niait être le responsable du meurtre du président. [Keystone - AP Photo]

Les enquêteurs se persuadent très rapidement qu'il est l'auteur de l'attentat. Le 24 novembre, alors qu'il se trouve dans les locaux de la police, Lee Harvey Oswald tombe à son tour sous les balles d'un patron de cabaret lié à la mafia et indicateur, Jack Rubinstein, dit "Ruby". Ce dernier est mort en 1967 en prison d'un cancer généralisé.

Pléthore de théories

Cette succession de décès alimente les discussions et les théories du complot. Lee Harvey Oswald a-t-il bénéficié de complicités? L'enquête a porté tant sur les services de renseignement soviétiques que sur des groupes communistes en Afrique ou la mafia italienne. En 1964, la Commission Warren, instituée par le président Lyndon Johnson, a toutefois conclu que l'ex-militaire aux opinions marxistes était bien le meurtrier et avait agi seul.

Le président John F. Kennedy prononce son discours inaugural après avoir prêté serment, le 20 janvier 1961. [Keystone - Le président John F. Kennedy prononce son discours inaugural après avoir prêté serment, le 20 janvier 1961.]
Le président John F. Kennedy prononce son discours inaugural après avoir prêté serment, le 20 janvier 1961. [Keystone - Le président John F. Kennedy prononce son discours inaugural après avoir prêté serment, le 20 janvier 1961.]

Mais en 1979, une commission d'enquête de la Chambre des Représentants avait conclu que "JFK" avait peut-être été victime d'un complot. Depuis lors, certains experts maintiennent qu'un tel complot a impliqué une ou plusieurs personnes ayant usurpé l'identité de Lee Harvey Oswald. Aujourd'hui encore, l'événement continue d'alimenter toutes les théories conspirationnistes.

>> Sujet développé dans La Matinale du 21 novembre

ami avec ats

Publié Modifié

En Suisse, les funérailles de "JFK" et la question de la neutralité

La mort de John F. Kennedy a provoqué une forte émotion dans le monde et en Suisse. Par exemple, le lendemain de l'attentat, la Gazette de Lausanne, l'un des ancêtres du Temps, décrit le président comme "un prince de la paix". Le journal compare son meurtre à celui d'Abraham Lincoln.

"On ne peut désespérer d'un monde qui se donne pour chef un Jean XXIII [le pape est mort en juin de la même année, ndlr] et un Kennedy, auxquels leur haute pensée et leur spiritualité ont permis de prendre l'initiative des rénovations nécessaires et des grands desseins", écrit le rédacteur en chef Pierre Béguin dans son éditorial.

Envoyer un représentant?

L'émoi en Suisse fut une des raisons pour lesquelles un conseiller fédéral en exercice a pour la première fois participé à des funérailles d'Etat à l'étranger.

Cet assassinat fut un casse-tête pour le gouvernement. Il a dû trancher la question de savoir si un de ses membres devait ou non assister à ce type de cérémonie. Certains ministres redoutaient un précédent, signale le procès-verbal de la séance du Conseil fédéral qui avait siégé le lendemain du drame.

Question de neutralité: peut-on envoyer un conseiller fédéral assister à des funérailles nationales à l'étranger? Friedrich Traugott Wahlen a ouvert la brèche, se rendant à Washington pour rendre hommage au président John Fitzgerald Kennedy le 25 novembre 1963. [Keystone - Epa/Abbie Rowe/National Park Service]
John Fitzgerald Kennedy a été enterré le 25 novembre 1963 au cimetière national d'Arlington, en Virginie. [Keystone - Epa/Abbie Rowe/National Park Service]

Un conseiller fédéral à Washington

On ne devrait pas pousser la politique de neutralité helvétique trop loin, avait plaidé le conseiller fédéral bernois Friedrich Traugott Wahlen. "Le peuple ne comprendrait pas que nous restions en retrait."

Les autres membres du collège gouvernemental ont suivi son argumentation. Finalement, Friedrich Traugott Wahlen, alors ministre des Affaires étrangères, fit le voyage et participa à la cérémonie à Washington.

Lee Harvey Oswald dans une école grisonne?

Quatre ans avant l'assassinat de JFK, à l'automne 1959, Lee Harvey Oswald, tout juste démobilisé des Marines, avait fait défection à Moscou. Il avait publiquement annoncé devant l'ambassade américaine qu'il renonçait à sa nationalité américaine.

Après son départ, la police fédérale américaine contacte les autorités suisses. Le FBI a appris par la mère d'Oswald que son fils prévoyait de faire des études en Suisse. Elle avait appris le projet en recevant la lettre d'acceptation de l'institut Albert Schweitzer à Churwalden (GR).

A la demande des autorités américaines, la police helvétique cherche alors en 1960 d'éventuelles traces de l'homme en Suisse. Elle tente de vérifier s'il a suivi ou non des cours dans l'école grisonne. A défaut, elle doit déterminer si quelqu'un, usurpant son identité, a pu se faire passer pour lui.

Aucun signalement

Dans une note au directeur du FBI datée du 12 octobre 1960, l'attaché du FBI à l'ambassade américaine à Paris déclare que Lee Harvey Oswald ne s'était jamais présenté à cette école et qu'il était peu probable qu'il ait été enregistré sous un autre nom.

Il précise également qu'on n'a signalé aucune "personne ressemblant au sujet" à l'école durant le semestre commençant le 2 octobre 1960. Et cela, malgré le fait qu'Oswald ait envoyé en juin 1959 une avance de 25 dollars pour son inscription.