Le PVV (Parti de la Liberté) a remporté 35 sièges et une victoire électorale confortable, selon le sondage Ipos. L'alliance de gauche de Frans Timmermans est deuxième avec 26 sièges. Le VVD de centre-droit a remporté 23 sièges, selon ce sondage.
Si elle est confirmée par les résultats définitifs, la victoire de Geert Wilders marque un brusque virage à droite qui sera accueilli avec appréhension à Bruxelles: le PVV a promis notamment un référendum sur l'adhésion des Pays-Bas à l'Union européenne.
"Ce n'est peut-être pas ce que recherchent d'autres partis en Europe ou dans d'autres pays, mais bon, c'est ça la démocratie," a déclaré le responsable politique âgé de 60 ans après avoir voté. Son message anti-immigration, comprenant la fermeture des frontières et l'expulsion des immigrés illégaux, semble avoir trouvé un écho auprès des électeurs néerlandais.
"Impasse constitutionnelle"
Mais si Geert Wilders semble avoir triomphé dans les sondages, il n'est pas sûr qu'il parvienne à former une coalition de gouvernement. Les dirigeants des trois autres principaux partis ont assuré qu'ils ne participeraient pas à une coalition dirigée par le PVV.
Kate Parker, de l'Economist Intelligence Unit, a déclaré que cela conduirait à une "impasse constitutionnelle" dans la cinquième économie de l'UE.
Geert Wilders et sa crinière péroxydée sont depuis des décennies dans le paysage politique néerlandais. N'hésitant pas à traiter les Marocains de "racailles" ni à proposer des concours de caricatures du prophète Mahomet, Geert Wilders a bâti sa carrière en faisant croisade contre ce qu'il nomme une "invasion islamique" de l'Occident.
Ni les démêlés avec la justice néerlandaise - qui l'a reconnu coupable d'insultes à des Marocains - ni les menaces de mort à son encontre - qui le font vivre sous protection policière depuis 2004 - ne l'ont découragé.
Wilders a mis de l'eau dans son vin
"Je ne regrette pas de m'être battu pour la liberté", avait déclaré Geert Wilders lors d'un entretien à la veille des élections de 2021. "Bien sûr, je prends position, je suis attaqué, mon pays est attaqué".
Geert Wilders, qui a tenté de lisser une partie de sa rhétorique populiste en se concentrant sur d'autres préoccupations des électeurs, a fini par dépasser les attentes.
Il y a "des problèmes plus importants que la lutte contre le flot de demandeurs d'asile et d'immigrants", a-t-il déclaré lors de l'un des derniers débats électoraux, ajoutant qu'il était prêt à mettre de côté ses opinions sur l'islam pour gouverner. Si l'immigration est restée un sujet clé de la campagne, les Néerlandais s'inquiètent encore plus de "savoir s'il leur reste encore plus d'argent dans leur portefeuille", a-t-il martelé.
Il a promis de se concentrer davantage sur "la sécurité et les soins de santé" que sur son opposition à l'islam. Il a assuré devant des journalistes à La Haye après avoir voté qu'il serait Premier ministre pour "tout le monde aux Pays-Bas, quels que soient leur religion, leur origine, leur sexe ou autre".
"Nexit"
Mais le manifeste du PVV a conservé le ton xénophobe qui est sa marque de fabrique. "Les demandeurs d'asile se régalent de délicieux buffets gratuits à bord des bateaux de croisière tandis que les familles néerlandaises doivent réduire leurs achats", peut-on lire dans le manifeste.
Les mesures anti-immigration proposées comprennent le rétablissement du contrôle aux frontières néerlandaises, la détention et l'expulsion des immigrants illégaux, le renvoi des demandeurs d'asile syriens et la réintroduction des permis de travail pour les travailleurs intra-UE.
Quant à l'islam, le manifeste du PVV dit: "les Pays-Bas ne sont pas un pays islamique. Pas d'écoles, de Corans et de mosquées islamiques". Il propose d'interdire le port du foulard dans les bâtiments gouvernementaux.
En matière de politique étrangère, il défend une approche "les Pays-Bas d'abord" qui comprend la fermeture de sa représentation à Ramallah et le renforcement des liens avec Israël, notamment le déplacement de son ambassade à Jérusalem.
Un "référendum contraignant" sur un "Nexit" - la sortie des Pays-Bas de l'UE - figure également dans le programme, ainsi qu'un "arrêt immédiat" de l'aide au développement. Geert Wilders participait à sa sixième élection.
ats/miro