L'écrivain Gabriel Matzneff visé par une seconde enquête après de nouvelles accusations de viols
Cette femme avait écrit le 10 octobre au parquet de Paris, demandant à être auditionnée. Plutôt que de l'entendre dans le cadre de la première enquête déjà ouverte, à la suite de la publication du livre "Le Consentement" de Vanessa Springora, le ministère public a expliqué jeudi avoir lancé d'autres investigations et les avoir confiées à l'Office des mineurs.
"La requérante sera donc entendue, afin de pouvoir préciser les faits reprochés", a indiqué le parquet. "Les investigations porteront tant sur leur caractérisation et leur qualification que sur les délais de prescription au regard de leur ancienneté", les faits reprochés remontant à "plusieurs décennies", a précisé le parquet.
Contacté, l'avocat de Gabriel Matzneff n'a pas répondu dans l'immédiat.
"De nombreux documents" retrouvés
Etre entendue était le souhait de Bérénice*. Depuis septembre 2020 et l'installation de ses parents adoptifs en Ehpad, cette dernière a pu retrouver de nombreux documents "dissimulés" à leur domicile, a-t-elle expliqué dans son courrier au parquet, révélé par RMC.
Correspondances entre le père adoptif et Gabriel Matzneff, agendas personnels et professionnels... Leur "découverte (...) l'a autorisée à mettre en mots des souvenirs et des vécus traumatiques jusque-là silencieusement bruyants", expliquent ses avocats, Mes Rodolphe Costantino et Marie Grimaud.
Bérénice a aussi engagé "un dialogue avec son père adoptif", aujourd'hui décédé. Dans leurs échanges enregistrés, son père "témoigne et confesse des faits dont lui-même et certains de ses amis, dont Gabriel Matzneff, ont été les auteurs", écrivent aussi ses conseils.
Bérénice accuse son père adoptif, qui était médecin, d'avoir été "complice" en la droguant avant d'être violée par Gabriel Matzneff et de l'avoir lui-même violée, selon son avocat. "Ce sont des éléments corroborés par son frère aîné" dans un courrier déclaratif, a-t-il souligné.
Un lien avec la famille Springora
Par ailleurs, une lettre consultée par l'AFP tisse un lien entre la famille Springora et celle de Bérénice: en juillet 1986, la mère de Vanessa Springora écrivait au père adoptif de Bérénice pour qu'il examine sa fille en sa qualité de médecin.
Les viols dénoncés par Bérénice auraient été commis à Paris, dans un contexte de "cercles mondains et d'influence, au sein desquels quelques-uns de leurs membres partageaient une certaine idée de la pédophilie voire même en partageaient une certaine pratique", accuse le courrier.
Plus précisément, au domicile familial - l'ancien hôtel particulier de la Princesse de Salm - où Gabriel Matzneff était "très régulièrement reçu", dans un appartement rue de Varenne et dans une chambre de l'hôtel Pont Royal, dans le 7e arrondissement.
Bérénice aussi "témoin oculaire" d'autres exactions sexuelles
Si ces faits reprochés sont a priori prescrits, Bérénice a aussi été "le témoin oculaire d'exactions sexuelles, de viols commis par Gabriel Matzneff et d'autres sur trois enfants, eux aussi adoptés par des familles du même milieu" et dont la prescription n'est pas encore établie, affirme son avocat.
Bérénice s'inquiète également que des enfants puissent encore être aujourd'hui "en contact" avec Gabriel Matzneff, notamment un mineur de moins de quinze ans, dont le père est proche de l'écrivain selon elle.
Dans la première enquête, les déclarations de "plusieurs victimes" ont été réunies, a précisé le parquet.
afp/ther
*La requérante a demandé l'anonymat