La grève a été lancée par le collectif de salariés Make Amazon Pay, qui justifie ce mouvement international par le fait que l'"on ne peut pas s'opposer à une multinationale uniquement à l’échelle locale, régionale ou même nationale". Il réclame une rémunération équitable des salariés du géant du commerce en ligne et qu'il renonce à l'optimisation fiscale.
Ce mouvement intervient le jour du "Black Friday", un moment phare dans la chasse aux bonnes affaires pour lequel les marques mettent les grands moyens pour attirer les clients.
Dans toute l'Europe
La mobilisation est forte en Allemagne, le deuxième plus gros marché d'Amazon en termes de ventes. Les salariés de cinq centres de traitement des commandes sont en grève depuis jeudi minuit et pour 24 heures. Ils demandent une convention collective sur les salaires, a déclaré le syndicat Verdi.
En Angleterre, dans l'entrepôt d'Amazon à Coventry, plus de 1000 employés ne transporteront aucun colis vendredi, selon le syndicat GMB, dans le cadre d'un conflit de longue date sur les salaires. Les syndicalistes organisent également une manifestation au siège d'Amazon UK à Londres.
La mobilisation a aussi cours en France où l'association Attac a encouragé les militants à coller des affiches et du ruban adhésif sur les casiers de livraison d'Amazon, empêchant les livreurs et les clients de récupérer leurs paquets. Attac, qui considère que le Black Friday est une "célébration de la surproduction et de la surconsommation", a déclaré qu'elle s'attendait à ce que la manifestation soit plus importante que l'année dernière.
Le syndicat italien CGIL a aussi appelé à une grève du vendredi noir à l'entrepôt de Castel San Giovanni, tandis que le syndicat espagnol CCOO a appelé les travailleurs des entrepôts et des services de livraison d'Amazon à organiser une grève d'une heure par équipe à l'occasion du "Cyber Monday", le lundi 27 novembre.
Un jour important pour le commerce en ligne
Cette journée du "Black Friday" devrait générer 12 milliards de dollars de recettes pour le commerce en ligne aux Etats-Unis. Selon la fédération américaine du commerce, 182 millions de personnes devraient faire des achats en boutique et sur internet entre vendredi et lundi.
En France et en Suisse aussi, la fièvre a commencé dans les magasins et en ligne. En moyenne, les Français comptent dépenser 416 euros, d'après un sondage OpinionWay pour le spécialiste du commerce Bonial.
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Sujet radio: Virginie Langerock
Adaptation web: Julie Marty avec les agences
L'impulsion d'achat lors du "Black Friday" analysée par un psychologue
Le "Black Friday" est synonyme de frénésie d'achat, c'est pourquoi les marques comptent dessus pour vendre beaucoup. Pour cela, elles préparent en amont cette journée spéciale et assènent les consommateurs de publicités aux prix alléchants, explique Jean Doridot, docteur en psychologie, vendredi dans le 12h30.
"C'est quelque chose qui est préparé en amont par les grandes marques. Il y a une espèce de martelage publicitaire qui est fait autour de cet événement (...). Parfois le public peut avoir le sentiment d'être hermétique à la publicité et pourtant ces messages rentrent dans le cerveau, ce qui crée cet effet de 'ah ça y est! C'est enfin le top départ. C'est le Black Friday!' et là, il veut acheter absolument", décrit Jean Doridot.
"La bonne affaire"
Le "Black Friday" repose sur le principe de la bonne affaire, ajoute le psychologue. "Les prix sont cassés."
Il explique encore que cette année, la méthode du "dark patern" est encore plus offensive. Ces schémas utilisés par les développeurs permettent de manipuler le consommateur en lui faisant peur de rater une bonne affaire.
"Ils affichent par exemple des prix qui clignotent, affichés en rouge, avec parfois même des états de stock: 'ça y est il n'en reste qu'un!' Et ça, ça crée un sentiment d'urgence. Ce côté 'attention il n'y en aura pas pour tout le monde' déclenche le comportement d'achat."
On parle en psychologie d'"aversion à la perte" et "elle nous induit en erreur alors que parfois on achète des choses dont on n'a même pas besoin ni envie".
Son conseil pour se défendre et ne pas tomber dans le piège: mettre en veille le smartphone. "C'est le principal objet publicitaire, même sans que l'on s'en rende compte."