Il s'agit de la première réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Alliance atlantique depuis le sommet de Vilnius en juillet dernier. Lors de ce sommet crucial, le président turc Erdogan avait en effet annoncé son son feu vert à la ratification par son Parlement de l'entrée de la Suède dans l'Alliance.
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A Bruxelles, une cérémonie de lever du drapeau suédois avait été planifiée pour marquer ce moment. Mais elle a été annulée. Dix-huit mois après le dépôt de sa candidature, la Suède n'en est toujours pas le 32e membre. Deux pays n'ont toujours pas ratifié son adhésion: la Turquie et la Hongrie. Jamais un processus d'adhésion n'avait été aussi long.
Des lenteurs et des exigences
En théorie, plus rien ne vient faire obstacle à cette adhésion. Mais la Hongrie traîne les pieds: le président hongrois Viktor Orban n'est pas pressé de faire des cadeaux aux 22 pays qui sont aussi dans l'Union européenne.
Quant à la Turquie, elle avait présenté à la Suède une longue liste d'exigences préalables à tout feu vert. Stockholm a tout lâché, allant jusqu'à modifier sa Constitution et à extrader des Kurdes partisans du PKK, honnis par Ankara.
Fin octobre, la présidence turque a envoyé à son Parlement le protocole d'accord pour l'adhésion, en promettant un traitement rapide du dossier. Depuis, rien ne s'est passé. Les débats ont été ajournés, sans explications.
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Cette situation est problématique pour l'Otan, dont les récents plans de défense reposent en partie sur des déploiements en Suède et en Finlande, pays qui vient, lui, d'adhérer officiellement.
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Colère de l'Otan
Les autres membres de l'Otan sont exaspérés par la Turquie, cet allié qui veut maximiser ses gains sans égard pour l'intérêt commun, ce qui est pourtant le fondement de l'Alliance atlantique. "Cela pose la question de la fiabilité de la Turquie", reconnaît un diplomate d'un Etat membre.
Surtout qu'un autre dossier trouble encore plus les relations: le Proche-Orient. Pour les pays européens et les Etats-Unis, le Hamas est une organisation terroriste. Mais le président Erdogan le qualifie "d'organisation de résistance", qui combat un Etat israélien dont Recep Tayyip Erdogan contestait récemment la légitimité même. Une position unique et isolée au sein de l'Otan.
Alain Franco/lan