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Qui sont les prisonniers palestiniens libérés par Israël?

Marah Bakir, à droite, une ancienne prisonnière palestinienne libérée par les autorités israéliennes, est la accueillie dans sa maison familiale située à Jérusalem-Est, le vendredi 24 novembre 2023. [AFP]
Marah Bakir, à droite, une ancienne prisonnière palestinienne libérée par les autorités israéliennes, est la accueillie dans sa maison familiale située à Jérusalem-Est, le vendredi 24 novembre 2023. - [AFP]
Depuis le début de la trêve vendredi, 156 prisonniers palestiniens ont été libérés sur les 300 qu'Israël s'est engagé à relâcher, selon l’accord scellé entre le Hamas et l’Etat hébreu. Mais que sait-on sur ces détenus?

La plupart de ces détenus sont mineurs, 121 ont moins de 18 ans, 5 ont moins de 14 ans et 144 viennent tout juste d'atteindre leur majorité. Le reste, soit une trentaine, sont des femmes.

Selon la presse israélienne, ces détenus avaient été réunis à la prison d’Ofer, un établissement d'incarcération israélien situé en Cisjordanie, certains ayant été extraits d’autres lieux de détention.

Cet échange de prisonniers se distingue nettement des précédents. En 2011, 1027 détenus palestiniens avaient été relâchés en échange du retour du soldat israélien Gilad Shalit. Parmi eux, un tiers purgeait des peines à vie pour leur implication dans la planification, la tentative ou la réalisation d'attaques terroristes.

Cette fois, la majorité des détenus allait sortir de prison d'ici quelques mois. En outre, les chefs d'inculpation sont très vastes: cela va des jets de pierres et de cocktail Molotov jusqu'aux incendies. Parmi les détenus libérés, se trouvent aussi des femmes emprisonnées pour tentatives de meurtre.

Une icône des manif pro-palestinienne

Parmi les prisonniers libérés, une femme a particulièrement marqué les esprits. Il s'agit d'Israa Jaabis. Cette Palestinienne au visage brûlé est devenue l’icône des manifestations propalestiniennes. En 2016, elle a été condamnée à 11 ans de prison pour avoir fait exploser une bonbonne de gaz qu’elle transportait dans son véhicule, blessant grièvement un policier et se brûlant la moitié du visage.

Israa Jaabis est une prisonnière palestinienne de 39 ans libérée par Israël le dimanche 26 novembre 2023. [Keystone]
Israa Jaabis est une prisonnière palestinienne de 39 ans libérée par Israël le dimanche 26 novembre 2023. [Keystone]

Libérée ce week-end, cette mère de 39 ans a déclaré à des journalistes avoir "honte de parler de réjouissance alors que toute la Palestine est blessée". "Ils doivent libérer tout le monde", a-t-elle encore plaidé.

Sa photo, dans une salle d'audience israélienne, où elle lève ses doigts atrophiés et arbore un visage partiellement brûlé, est fréquemment utilisée pour mettre en lumière les épreuves endurées par les prisonniers palestiniens.

"Informations secrètes"

Selon les déclarations d'Israël, ces échanges pourraient continuer par la suite, si le Hamas parvenait à localiser d'autres otages, à raison d'un Israélien pour trois Palestiniens.

Dans la première liste des 300 noms, 230 au moins étaient encore en attente d'un procès. Ils étaient en détention administrative, un régime massivement utilisé par Israël contre les Palestiniens.

Les personnes sont arrêtées puis emprisonnées d'après des "informations secrètes" que ni les avocats ni les détenus ne connaissent, et avec l'idée selon laquelle ils pourraient être "une future menace pour la sécurité de l'État d'Israël", sans autre justification.

Cette pratique n'est pas illégale selon le droit international, mais c'est "son utilisation arbitraire, par les autorités qui pose problème", selon les organisations de défense des droits des prisonniers.

>> Ecouter les précisions de Forum :

Le profil des personnes emprisonnées libérées par Israël
Le profil des personnes emprisonnées libérées par Israël / Forum / 3 min. / le 28 novembre 2023

Absence d'inculpation et de procès

Depuis le 7 octobre dernier, l'armée israélienne a placé plus de 200 femmes et hommes palestiniens en détention, d’après la Société des prisonniers palestiniens. Selon l’organisation israélienne de défense des droits humains HaMocked, entre le 1er octobre et le 1er novembre, le nombre total de Palestiniens et Palestiniennes maintenus en détention administrative sans inculpation ni procès est passé de 1319 à 2070.

Amnesty International dit avoir constaté, au cours du dernier mois, une augmentation considérable du recours par Israël à la détention administrative, soit une détention sans inculpation ni procès. "Son utilisation était déjà à son niveau le plus haut de ces 20 dernières années avant l'intensification des hostilités du 7 octobre", constate Heba Morayef, directrice régionale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International

"Des témoignages et des enregistrements vidéos révèlent également plusieurs cas de torture et d’autres mauvais traitements infligés par les forces israéliennes", ajoute-t-elle encore.

Hélène Krähenbühl

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