Créée en 1949, au lendemain de la guerre arabo-israélienne de 1948, l'UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East) avait pour mandat initial de fournir une aide d'urgence aux réfugiés palestiniens après la guerre.
Au fil des années, son rôle a évolué pour inclure également des services éducatifs, de santé ou encore d'ordre sociaux.
Mais depuis sa fondation, l'agence onusienne, qui est financée presque entièrement par les contributions volontaires des États membres, fait l'objet de nombreuses critiques. Son efficacité et sa légitimité sont régulièrement remises en cause.
Un statut spécial contesté
On lui reproche notamment le fait que les Palestiniens puissent transmettre le statut de réfugié à leurs enfants, sans limite dans le temps. Une statut héréditaire, propre à l'UNRWA, auquel s'opposent depuis plusieurs années les Etats-Unis et Israël.
En 2018, la première puissance mondiale a d'ailleurs mis fin à son aide financière annuelle de 300 millions de dollars (263 millions de francs) à l'agence onusienne, plongeant l'UNRWA dans l'une de ses plus graves crises financières.
Si ce soutien a été réintroduit depuis, sous l'ère Biden, cette coupe budgétaire a provoqué un gouffre financier pour l'organisation. Son commissaire général, le Suisse Philippe Lazzarini, avait d'ailleurs lancé un appel de détresse l'an dernier.
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Il est également reproché à l'UNRWA d'être le seul organisme issu de l'ONU qui gère spécifiquement et de manière indépendante les réfugiés palestiniens. De ce fait, ces derniers ne dépendent pas du Haut commissariat pour les réfugiés (HCR).
Des manuels scolaires antisémites?
Si ces critiques remontent à un certain temps, l'escalade du conflit au Proche-Orient a ravivé les critiques, alors que l'UNRWA est très présente pour aider les Palestiniens depuis le 7 octobre et que ses bâtiments sont aussi touchés par les bombardements israéliens.
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Des allégations concernant l'organisation ont émergé ces dernières semaines. L'une d'entre elles affirme que les manuels scolaires palestiniens qui sont distribués par l'UNRWA contiendraient des incitations à la violence et à la haine des juifs.
Une théorie défendue par Simone Rodan-Benzaquen, directrice de l'American Jewish Committee en France et spécialiste de l'antisémitisme, dans une interview accordée au média Atlantico. "Les manuels dépeignent les juifs comme des ennemis de l’islam, glorifient les soi-disant martyrs qui sont morts en commettant des attaques terroristes et encouragent le djihad pour la libération de la Palestine", déclare-t-elle notamment.
Face à cette interview, relayée par une chroniqueuse de LCI (voir vidéo ci-dessus), Johann Soufi, ancien dirigeant du Bureau juridique de l'UNRWA à Gaza, a partagé son indignation sur le réseau social X. L'avocat spécialiste en droit international a voulu revenir sur certains propos jugés mensongers et incomplets. "Concernant les manuels scolaires, ces accusations sont connues mais diffamatoires! Les programmes de l'UNRWA sont calqués sur l’enseignement local, en insistant notamment sur la promotion des droits de l’Homme, et les valeurs et principes des Nations unies et de l’Unesco", s'est-il notamment insurgé.
Les accusations concernant les manuels scolaires sont connues mais diffamatoires
Pour l'avocat, s'il est possible que sur des dizaines de milliers de pages, une phrase au contenu problématique échappe à la vigilance de l’ONU, "les manuels de l'UNRWA sont les plus neutres et humanistes qui soient et font l’objet d’un examen scrupuleux".
Selon lui, "ces calomnies" s’inscrivent dans le cadre d’attaques coordonnées, à l’échelle globale, qui chercheraient à nuire à l'UNRWA et aux plus de 5 millions de réfugiés palestiniens.
Appels à une réforme structurelle
D'un point de vue institutionnel, certains estiment que l'agence est devenue un instrument politique plutôt qu'une force impartiale œuvrant pour le bien-être des réfugiés palestiniens. Une partialité que l'UNRWA dément formellement.
Les appels à des réformes structurelles au sein de l'UNRWA se font également de plus en plus pressants, soulignant la nécessité d'une réévaluation de son mandat, de son fonctionnement interne et de ses mécanismes de responsabilité.
Hélène Krähenbühl