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En France, Jean-Luc Mélenchon enterre la Nupes et rebat les cartes à gauche

Des désaccords trop profonds causent la fin de la Nupes, l’union des gauches en France
Des désaccords trop profonds causent la fin de la Nupes, l’union des gauches en France / Forum / 3 min. / le 1 décembre 2023
En France, l'Union des gauches semble morte et enterrée. Jeudi, le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a une nouvelle fois évoqué lors d'un discours la fin de la Nupes, rejetant la responsabilité sur les autres partis de gauche dans cet éclatement.

Mise en place après l'élection présidentielle de 2022, la Nupes est donc bel et bien en phase d'implosion, les désaccords étant devenus trop nombreux entre les partenaires de cette entente politique.

Dans un premiers temps, les divergences avaient pu être mises sous le tapis, avec notamment des points de vue opposés sur l'Europe ou la Russie.

Mais c'est la guerre au Proche-Orient qui a sans doute porté le coup fatal. Les Insoumis ont refusé de qualifier le Hamas d'organisation terroriste, un point de non-retour pour les socialistes, les Verts et les communistes aussi membres de la Nupes. Au final, chaque parti se présentera séparément aux élections européennes du mois de juin 2024.

Une reconstruction difficile sans union

Alors, la gauche pourra-t-elle à nouveau être compétitive sans cette union? Les chiffres disent pour l'instant l'inverse. Lors de la dernière présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a recueilli 22% des suffrages alors que ses partenaires de la Nupes, le Vert Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel et la socialiste Anne Hidalgo, n'ont même pas totalisé 9% à eux trois.

S'il y a bien aujourd'hui deux gauches irréconciliables, comme le disait l'ex-Premier ministre socialiste Manuel Valls en 2016, la gauche de gouvernement ne pèse plus grand-chose face à la gauche radicale incarnée par La France Insoumise (LFI).

>> Réécouter les explications du 12h30 :

Le leader de gauche et politicien français Jean-Luc Mélenchon a annoncé la fin officielle de l'alliance électorale NUPES, tout en réaffirmant son intention de se présenter contre le RN en 2027. [Keystone/AP Photo - Daniel Cole]Keystone/AP Photo - Daniel Cole
Jean-Luc Mélenchon désavoue la NUPES mais annonce la candidature de LFI contre le RN en 2027 / Le 12h30 / 1 min. / le 1 décembre 2023

Des possibilités après l'ère Macron?

Pourtant, une partie de cette gauche de gouvernement avait fait le choix dès 2017 de suivre Emmanuel Macron. Quand le président terminera son deuxième et dernier mandat à l'Elysée en 2027, certaines de ces forces de centre-gauche pourraient décider de revenir dans les rangs socialistes ou dans un nouveau parti.

Une décision qui serait influencée par les politiques somme toute libérales d'Emmanuel Macron au cours de ses mandats, mais aussi parce que son héritage politique pourrait revenir à une ancienne figure de la droite, comme l'ex-Premier ministre Edouard Philippe par exemple.

Après le retrait du président de la République, un nouvel espace politique à conquérir semble possible, d'autant plus qu'avec l'importation du conflit entre Israël et le Hamas, la montée de l'antisémitisme, le récent attentat contre un professeur à Arras, une partie de la gauche se sent aujourd'hui orpheline sur des questions de valeurs républicaines ou encore sur la laïcité.

Pas de figure forte pour l'instant

Toutefois, à trois ans de la prochaine élection présidentielle, tout semble encore à rebâtir. Actuellement, aucune figure forte de cette gauche républicaine ne se détache.

Ceux et celles qui semblent vouloir incarner ce camp ne pèsent pas bien lourd. Il s'agit par exemple de l'ancien président François Hollande, de son dernier Premier ministre Bernard Cazeneuve, de la présidente de la région Occitanie Carole Delga ou du maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol. Certains voient aussi en Laurent Berger une solution, mais l'ex-secrétaire général de la CFDT a toujours nié la moindre ambition politique.

Une surprise n'est toutefois jamais à exclure. En 2017, quelques mois seulement avant l'élection, personne n'avait anticipé la victoire d'Emmanuel Macron.

Sujet radio: Joëlle Meskens

Adaptation web: ther

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