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Un "ratage dans le suivi psychiatrique" de l'auteur présumé de l'attaque à Paris

Des gendarmes français patrouillant sur la place Trocadero près de la Tour Eiffel. [Keystone/AP Photo - Christophe Ena]
L’insuffisance des soins psychiatriques pointée du doigt après l’attaque au couteau à Paris / Le 12h30 / 1 min. / le 4 décembre 2023
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a estimé lundi qu'il y avait eu "manifestement un ratage" dans le suivi "psychiatrique" de l'islamiste radical, auteur de l'attentat mortel au couteau près de la tour Eiffel samedi soir à Paris.

Après l'attaque qui a causé la mort d'un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes samedi à Paris près de la tour Eiffel, quatre personnes - l'auteur présumé, des membres de sa famille et de son entourage - étaient toujours en garde à vue lundi matin, a-t-on appris auprès du parquet antiterroriste.

"Il y a eu manifestement un ratage psychiatrique, les médecins ont considéré à plusieurs reprises qu'il allait mieux", a dit Gérald Darmanin sur BFMTV à propos du jeune homme Franco-Iranien de 26 ans, radicalisé depuis 2015 et soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur. L'auteur de l'attaque "assume et revendique totalement son geste" et "tout laisse à penser qu'il a agi seul", a indiqué lundi à l'AFP une source proche de l'enquête.

L'assaillant dit également avoir agi en "réaction à la persécution des musulmans dans le monde". Il apparaît "très froid", "clinique" et "désincarné", a ajouté cette source.

"Il y a quelqu'un de malade mentalement, qui ne prend plus de médicaments pour soigner ses délires et qui passe à l'acte incontestablement. Il faut réfléchir à tout ça pour protéger les Français", a insisté de son côté le ministre de l'Intérieur.

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Allégeance à l'EI

De son côté, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a estimé que le parcours "médical, administratif et pénal" de l'auteur de l'attentat était "conforme à ce qui a été prescrit et à l'état du droit", ce qui pose la question de "l'adaptation du droit" selon lui.

"Cette personne est diagnostiquée pour une pathologie psychiatrique et il a été mis en place une obligation de suivi qui a été respectée, c'est-à-dire trois ans de suivi et il y avait toujours un lien avec les services de médecine", a-t-il précisé sur RTL.

Selon les premiers éléments de l'enquête, la mère du suspect avait indiqué en octobre à la police qu'elle s'inquiétait pour son fils, voyant qu'il "se repliait sur lui-même", a rapporté dimanche le procureur antiterroriste Jean-François Ricard.

Les services de police avaient alors tenté de le faire examiner par un médecin et hospitaliser d'office, chose finalement impossible en l'absence de troubles, selon une source proche du dossier.

Sa mère, en outre, ne voulait pas demander son hospitalisation forcée. Quelques jours après son signalement, elle avait assuré qu'il "allait mieux", toujours d'après la même source.

Dans un vidéo publiée avant son passage à l'acte sur son compte X, l'assaillant a fait allégeance au groupe Etat islamique (EI), apportant notamment "son soutien aux djihadistes agissant dans différentes zones", a déclaré Jean-François Ricard.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a estimé qu'il y avait eu "un ratage" dans le suivi "psychiatrique" de l' auteur de l'attentat au couteau à Paris. [afp - Dimitar DILKOFF]
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a estimé qu'il y avait eu "un ratage" dans le suivi "psychiatrique" de l' auteur de l'attentat au couteau à Paris. [afp - Dimitar DILKOFF]

"Extrême vigilance"

"Issu d'une famille sans aucun engagement religieux", l'assaillant s'est converti à l'islam à 18 ans et a "très rapidement" versé dans "l'idéologie djihadiste". Il avait été condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme, après un projet d'action violente à la Défense, en 2016. Il était sorti en mars 2020 de prison.

L'assaillant avait "noué des liens avec des individus ancrés dans l'idéologie djihadiste" tel "l'un des futurs auteurs" de l'assassinat du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), selon Jean-François Ricard.

ats/fgn/hkr

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Ouverture d'une enquête judiciaire en Allemagne

Le parquet fédéral allemand a indiqué lundi avoir ouvert une enquête sur l'attentat à Paris où un touriste germano-philippin a été tué par un Français connu pour islamisme radical et atteint de troubles psychiatriques.

"Nous avons ouvert une enquête", a déclaré à l'AFP une porte-parole du parquet fédéral, basé à Karlsruhe (sud-ouest) et spécialisé dans les affaires de terrorisme, confirmant une information de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel.

L'enquête allemande, justifiée par la nationalité allemande de la victime, se déroulera parallèlement à l'enquête française confiée au parquet national antiterroriste.

Malgré le risque terroriste, la cérémonie d'ouverture des JO de Paris ne sera pas délocalisée

La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a assuré lundi matin que délocaliser la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, prévue sur la Seine à Paris l'été prochain, n'était pas "une hypothèse" actuellement envisagée, en dépit du risque terroriste.

"On n'a pas de plan B, on a un plan A dans lequel il y a plusieurs plans Bis", a-t-elle affirmé au micro de France Inter. La cérémonie d'ouverture des JO doit se dérouler fin juillet sur la Seine, entre le pont d'Austerlitz et le pont d'Iéna.

"Il y a un certain nombre de variables d'ajustements", a-t-elle toutefois précisé. Elle a cité en particulier la jauge de spectateurs lors de cette cérémonie, qui sera fixée au printemps, et que l'on peut "moduler", rappelant aussi que les dispositifs de sécurité allaient "être très rehaussés pendant les Jeux olympiques et paralympiques".

"On a sur la cérémonie d'ouverture incontestablement un défi sécuritaire tout particulier, on le sait depuis le premier jour", a t-elle insisté  listant notamment les moyens prévus: "Des démineurs, des équipes cynophiles (...) nous sommes équipés sur tout cela".

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