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La présidente de Harvard vivement critiquée après une audition consacrée à l'antisémitisme

La présidente de la prestigieuse université américaine de Harvard, Claudine Gay. [AFP]
La présidente de l’Université de Harvard vivement critiquée pour sa gestion des propos antisémites / Le 12h30 / 1 min. / le 7 décembre 2023
La présidente de la prestigieuse université américaine de Harvard, Claudine Gay, s'est retrouvée mercredi sous le feu des critiques. Elle fait face à des appels à la démission après une audition parlementaire consacrée à l'antisémitisme sur les campus universitaires.

Ce n'est pas la première fois que Claudine Gay et son établissement sont au centre d'une controverse: le conflit entre Israël et le Hamas déchaîne les passions dans plusieurs des universités les plus renommées des Etats-Unis, et Harvard en particulier a été sommée par des donateurs de condamner clairement des groupes d'étudiants pro-palestiniens.

Mardi, Claudine Gay et deux autres présidentes d'université ont été auditionnées à ce sujet par une commission parlementaire dont l'objectif affiché était de leur "faire rendre des comptes" après "d'innombrables manifestations antisémites".

L'élue républicaine Elise Stefanik a assimilé les appels de la part de certains étudiants à l'"intifada" - terme arabe signifiant "soulèvement" et renvoyant notamment à la première révolte palestinienne de 1987 contre l'occupant israélien - à une exhortation à un "génocide contre les juifs en Israël et dans le monde". Elle a exigé de Claudine Gay qu'elle dise si ce type de slogan était contraire au code de conduite de Harvard.

"Réponses hésitantes"

"Nous souscrivons à un engagement en faveur de la liberté d'expression, même d'opinions répréhensibles, insultantes, haineuses", a répondu Claudine. "Quand le discours se transforme en comportement qui viole nos politiques, y compris contre le harcèlement ou l'intimidation, nous prenons des mesures".

Un argumentaire qui n'a pas été du goût d'Elise Stefanik, qui a réclamé que Claudine Gay démissionne "immédiatement". Yad Vashem, le mémorial de la Shoah en Israël, s'est dit de son côté "consterné que des dirigeants d'institutions académiques d'élite utilisent une contextualisation trompeuse pour minimiser et excuser les appels au génocide des juifs".

"Toute université, institution ou société qui peut 'contextualiser' et excuser des appels au génocide est vouée à l'échec", a déclaré son président Dani Dayan dans un communiqué. Le sénateur républicain Ted Cruz a lui estimé sur X que la réponse de la présidente de Harvard était "honteuse", tandis que le professeur de droit Laurence Tribe a regretté "les réponses hésitantes, stéréotypées et bizarrement évasives de Claudine Gay".

Propos précisés

L'éditorialiste et chercheur Shadi Hamid a lui aussi jugé la réponse de Claudine Gay "gênante", mais "parce qu'elle a accepté le postulat de Stefanik selon lequel dire 'intifada' équivaut à appeler au génocide, ce qui est ridicule". Claudine Gay a été contrainte mercredi de préciser ses propos dans un court communiqué.

"Certains ont confondu le droit à la libre expression avec l'idée que Harvard cautionnerait les appels à la violence contre les étudiants juifs. Je veux être claire: les appels à la violence ou au génocide contre la communauté juive, ou tout autre groupe ethnique ou religieux, sont ignobles", a-t-elle dit. Ces appels "n'ont pas leur place à Harvard et ceux qui menacent nos étudiants juifs devront rendre des comptes", a-t-elle affirmé.

afp/hkr

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