Le suivi de la COP28 à Dubaï.
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L'Opep contre tout accord ciblant les énergies fossiles, une position "répugnante"

- La prise de position de l'Opep, qui demande "en urgence" à ses 23 pays membres de "rejeter proactivement" tout accord ciblant les énergies fossiles, fait réagir samedi. La ministre espagnole de la Transition écologique dénonce une position "répugnante", la ministre française de la Transition énergétique se dit, elle, en colère, quand leur homologue canadien reste "assez confiant" dans le fait d'avoir une mention des énergies fossiles dans le texte final de l'accord.

- Un accord sur la fin du charbon, du pétrole et du gaz reste à trouver à la COP28 à Dubaï, mais les négociations se sont accélérées vendredi dans une atmosphère trépidante, le président émirati Sultan Al Jaber et les ministres des pays s'engageant pour la dernière ligne droite.

- L'année 2023 sera la "plus chaude" de l'histoire après un mois de novembre "extraordinaire" devenu le 6ème mois d'affilée à battre des records de température, a annoncé mercredi le service européen Copernicus. Il met ainsi la pression sur les négociations de la COP28, où une nouvelle version du texte en discussion en vue d'un futur accord, théoriquement d'ici le 12 décembre, est attendue.

- Le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, a réaffirmé lundi qu'il respectait les préconisations scientifiques sur le changement climatique et qu'il appelait à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 43% d'ici à 2030, répondant à ses détracteurs au 5e jour de la conférence.

- Une vingtaine de pays, dont les États-Unis et la France, ont appelé dans une déclaration commune à tripler les capacités de l'énergie nucléaire dans le monde d'ici 2050, par rapport à 2020, pour réduire la dépendance au charbon et au gaz.

-  Des dizaines de dirigeants, chefs d'Etat et monarques se sont succédé à la tribune de la COP28 à Dubaï durant les premiers jours, mais le chemin vers un accord pour rompre la paralysie climatique semble loin d'être acquis. Si les discours ont souvent été enflammés, aucune avancée significative n'a été enregistrée.

RTSinfo

9h15

Le ministre canadien de l'Environnement "assez confiant" sur la mention des énergies fossiles

Le ministre canadien de l'Environnement, qui joue un rôle-clef dans les négociations à la COP28, s'est dit samedi "assez confiant" dans le fait d'avoir une mention des énergies fossiles dans le texte final, dans un entretien à l'AFP.

Steven Guilbeault fait partie des ministres facilitateurs nommés par la présidence émiratie de la COP28 pour débloquer les négociations. Il forme ainsi un duo avec la ministre égyptienne Yasmine Fouad pour discuter des "moyens de mise en oeuvre" - un terme qui recouvre en réalité la question très débattue de la sortie des énergies fossiles.

Courrier de l'Opep

Le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a demandé cette semaine "en urgence" à ses pays membres de "rejeter proactivement" tout accord ciblant les énergies fossiles, dans un courrier consulté vendredi par l'AFP.

Steven Guilbeault a indiqué n'avoir pas eu l'occasion de prendre connaissance de ce texte. Mais "honnêtement, peu importe ce que le texte dit, nous nous dirigeons vers une réduction de la dépendance aux combustibles fossiles", juge-t-il.

9h15

La ministre française de la Transition énergétique "stupéfaite" et en "colère" contre l'Opep

La ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a affirmé samedi être "stupéfaite" et fait part de sa "colère", après les déclarations de l'organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) demandant à ses pays membres le rejet d'un accord ciblant les énergies fossiles à la COP28.

"Je suis stupéfaite de ces déclarations de l'Opep. Et je suis en colère", a déclaré la ministre depuis Dubaï, rappelant que "les énergies fossiles sont responsables de plus de 75% des émissions de CO2" et "qu'il faut en sortir si on veut limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré". "La position de l'OPEP met en péril les pays les plus vulnérables et les populations les plus pauvres qui sont les premières victimes de cette situation", a-t-elle ajouté.

SAMEDI 9 DECEMBRE

Une ministre espagnole dénonce la position "répugnante" de l'Opep

La ministre espagnole de la Transition écologique a dénoncé samedi la position "répugnante" de l'Opep, après que le cartel a demandé à ses pays membres de "rejeter proactivement" tout accord ciblant les énergies fossiles dans les négociations climatiques à la COP28.

"Je pense que c'est une chose assez répugnante de la part des pays de l'Opep de s'opposer à ce qu'on mette la barre là où elle doit être" sur le climat, a dit à Dubaï Teresa Ribera, dont le pays assure la présidence semestrielle du Conseil de l'Union européenne.

21h40

A la COP28, la Colombie et les Emirats arabes unis pressent les autres

Les négociations ont repris à la Conférence de l'ONU sur le climat. Après une journée de pause, les ministres des quelques 200 Etats signataires de l'accord de Paris, parmi lesquels le Conseiller fédéral Albert Rösti, convergent vers Dubaï. La COP28 où la sortie des énergies fossiles concentre toute l'attention et toutes les tensions.

"Laissez votre carbone sous terre": une action contre les énergies fossiles parmi de nombreuses autres dans les artères palmées de la COP28. Pression surtout dans le coeur climatisé des négociations sur la sortie des énergies fossiles. Les pays producteurs s'y opposent toujours, mais ce matin, l'un d'eux, la Colombie, a fait sensation.

"La Colombie veut inviter avec respect les pays à s'engager pour la sortie des énergies fossiles et pour l'objectif de réduction des émissions en 2030", martèle Susanna Muhamad, ministre colombienne de l'Environnement, dans le 19h30 vendredi.

"J'ai besoin que vous passiez à la vitesse supérieure, que vous sortiez de votre zone de confort", presse de son côté le sultan Al Jaber, président de la COP28.

>> Le reportage du 19h30 vendredi :

La politique de sortie des énergies fossiles cristallise les tensions à la Conférence de Dubaï sur les changements climatiques
La politique de sortie des énergies fossiles cristallise les tensions à la Conférence de Dubaï sur les changements climatiques / 19h30 / 2 min. / le 8 décembre 2023

15h00

Une nouvelle version du texte négocié élargit les possibles sur les fossiles

Une nouvelle ébauche de projet d'accord a été publiée vendredi à la COP28, élargissant encore les possibilités sur les énergies fossiles, pour tenter de trouver la bonne formule susceptible d'emporter l'adhésion de pays aux aspirations contradictoires.

Cette troisième version du texte qui sert de base de discussion en vue d'une adoption d'ici la fin de la COP, mardi, reprend en 27 pages et 206 articles les différentes options poussées par les différents pays, avec de nouvelles formulations inédites.

Sur les énergies fossiles, au coeur des discussions, cinq options sont désormais proposées, dont celle de n'avoir "aucun texte" - rien sur le sujet - ou encore "une sortie des énergies fossiles alignée sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles".

Deux autres formulations de sortie des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) mettent plus spécifiquement l'accent sur le rôle des technologies de captage des émissions.

Deux types d'énergies liés

Mais le sort des énergies fossiles est aussi mentionné par ricochet dans d'autres passages du texte, en particulier celui qui appelle à un triplement de la capacité des énergies renouvelables dans le monde d'ici 2030. Cela ouvre donc aussi la voie à une formulation finale qui pourrait lier le sort des deux types d'énergies.

Ce développement des renouvelables pourrait ainsi être mis en oeuvre de telle manière qu'il "déplace", ou remplace, l'énergie fondée sur les combustibles fossiles, selon l'une des options proposée.

Une phraséologie qui fait écho à une déclaration conjointe en novembre entre Chine et Etats-Unis, les deux premiers émetteurs mondiaux. Les deux puissances s'engageaient à "accélérer suffisamment le déploiement des renouvelables (...) afin d'accélérer le remplacement de la production d'électricité à partir du charbon, du pétrole et du gaz".

Mais, rappel que rien n'est joué et que certains pays ne veulent pas voir de formules trop spécifiques sur l'énergie, une option est aussi de n'avoir "pas de texte" sur les renouvelables.

11h00

La Suisse classée "médiocre 21e" au classement climatique par pays

La Suisse doit faire beaucoup plus pour combattre le réchauffement, estime Greenpeace à l'occasion de la publication du classement climatique 2024 par pays en marge de la COP28 à Dubaï. Notre pays figure au 21e rang sur 63 nations.

“La classe politique suisse doit se réveiller de son profond sommeil!", s'insurge Greenpeace dans un communiqué. L'ONG réagit ainsi à l'indice de performance sur le changement climatique (CCPI) 2024, dévoilé ce vendredi en marge de la COP28 à Dubaï.

La Suisse stagne à la 21e place, un rang qualifié de "médiocre" par l'organisation de protection de l'environnement. C'est à peine mieux qu'en 2023 (22e) et nettement moins bien qu'en 2022 (15e) et 2021 (14e).

En tant que pays riche, la Suisse a la responsabilité de se doter d'une politique climatique plus ambitieuse.

Georg Klingler, expert climat et énergie pour Greenpeace Suisse

Ce classement établi par l'organisation environnementale Germanwatch de concert avec le New Climate Institute et le Climate Action Network évalue chaque année, depuis 2005, les efforts d’atténuation du réchauffement climatique d'une soixantaine de pays ainsi que de l’Union européenne (UE) dans son ensemble, responsables de plus de 90% des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Plusieurs centaines d'experts internationaux y participent.

Le classement prend en compte quatre grands critères: la politique climatique, les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'énergie et les mesures en faveur des énergies renouvelables. Les critiques sévères subies l'an dernier par la Confédération de la part des milieux écologistes ne s'apaisent pas cette année, au contraire.

>> Les précisions dans le 12h30 :

Une action de Greenpeace sur le glacier du Gorner, près de Zermatt, en 2009. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Greenpeace enjoint la Suisse à en faire plus pour combattre le changement climatique / Le 12h30 / 1 min. / le 8 décembre 2023

>> Lire :

Une action de Greenpeace sur le glacier du Gorner, près de Zermatt, en 2009. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Greenpeace enjoint la Suisse à en faire plus pour combattre le changement climatique / Le 12h30 / 1 min. / le 8 décembre 2023

09h00

La guerre entre Israël et le Hamas s'ingère-t-elle dans les négociations?

Près de 200 pays négocient ces jours à la COP28  à Dubaï. Une question se pose: la guerre entre Israël et le Hamas, ainsi que les tensions géopolitique majeures, piratent-elles les pourparlers climatiques?

Pas directement, estime Sébastien Treyer, directeur de l'Institut du développement durable et des relations internationales, qui assiste aux négociations.

"On parle plutôt de la manière dont les pays du Nord ou ceux du Sud sont capables de s'entendre sur la question des problèmes économiques des pays défavorisés. Et c'est dans ce cadre-là que la défiance de certains pays du Sud est encore accrue par le problème de la guerre entre Israël et le Hamas. Ces Etats disent: 'vous avez des doubles standards, des manières de nous regarder différemment. La guerre vient renforcer cela", explique Sébastien Treyer.

Des manifestants en marge de la COP28 sur le climat demandent la fin des énergies fossiles. [AP/Keystone - Peter Dejong]AP/Keystone - Peter Dejong
La guerre entre Israël et le Hamas s'invite à la COP28: interview de Sébastien Treyer / La Matinale / 1 min. / le 8 décembre 2023

08h00

"Finissons le travail", lance le président émirati à la reprise des débats

Un accord sur la fin du charbon, du pétrole et du gaz reste à trouver à la COP28, mais les négociations s'accélèrent vendredi à Dubaï dans une atmosphère trépidante, le président émirati Sultan Al Jaber et les ministres des pays s'engageant pour la dernière ligne droite.

"S'il vous plaît, finissons le travail!" a lancé Sultan Al Jaber vendredi matin aux négociateurs des pays, après la journée traditionnelle de pause de jeudi. Il a mis au travail quatre binômes de ministres des pays développés et du Sud pour débloquer les discussions.

Il a demandé une troisième version du projet d'accord, où les fossiles doivent être cités, dès vendredi après-midi.

Le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, à la reprise des négociations sur le climat. [AP/Keystone - Peter Dejong]
Le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, à la reprise des négociations sur le climat. [AP/Keystone - Peter Dejong]

Sultan Al Jaber, par ailleurs patron de la compagnie pétrolière Adnoc, a prévenu les 197 pays participants qu'il voulait clôturer la COP à l'heure, mardi à 11H00 heures locales (07H00 GMT), ce qui serait exceptionnel: les quatre dernières COP ont toutes dépassé leur fin prévue de plus de 24 heures.

Ce patron à la personnalité méthodique ne cesse lui-même de parler d'une COP historique, depuis le premier soir, le 30 novembre, quand les pays ont adopté une décision historique sur la mise en oeuvre d'un fonds pour aider les pays pauvres à payer pour les "pertes et dommages" climatiques.

"Nous avons surpris les sceptiques et inspiré les optimistes", a-t-il insisté vendredi.

Il n'est pas le seul à le dire, malgré le suspense qui reste entier sur la forme d'un accord final autour des énergies fossiles.

>> Les explications dans le 12h45 :

En direct de Dubaï, notre journaliste Pascal Jeannerat fait le point sur ce qu'il reste à attendre de la COP28
En direct de Dubaï, notre journaliste Pascal Jeannerat fait le point sur ce qu'il reste à attendre de la COP28 / 12h45 / 1 min. / le 8 décembre 2023

Plusieurs pays opposés à la réduction ou la sortie des énergies fossiles

Une poignée de pays, dont la Chine, premier consommateur mondial d'énergies fossiles, et l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, se sont opposés pour l'heure à la mention d'une réduction ("phase-down", en anglais) ou d'une sortie ("phase-out") des énergies fossiles dans le projet d'accord.

Leur opposition est en balance avec les deux options de formulation citées dans la 2e version du projet d'accord, datant de mardi: "une sortie juste et ordonnée" des énergies fossiles, ou l'engagement d"accélérer les efforts en vue d'une sortie" de ces combustibles brûlés "sans dispositif de captage des émissions, et de rapidement réduire leur usage pour atteindre la neutralité carbone" d'ici 2050.

>> Les précisions dans La Matinale :

Les négociations s'accélèrent à la COP28 avec l'obsession d'une entente sur les fossiles. [AP/Keystone - Joshua A. Bickel]AP/Keystone - Joshua A. Bickel
Les enjeux de la COP28 au moment d'entamer les cinq jours de négociations / La Matinale / 1 min. / le 8 décembre 2023

Cette dernière formulation fait écho à celle employée par les deux plus puissantes économies mondiales, Etats-Unis et Chine, dans une déclaration commune en novembre: "accélérer suffisamment le déploiement des renouvelables (...) afin d'accélérer le remplacement de la production d'électricité à partir du charbon, du pétrole et du gaz".

Mais des formulations alternatives à ces options peuvent encore surgir: "ce n'est pas binaire ou trinaire, il faudra trouver quelque chose qui permette d'avoir un consensus", confie un négociateur du camp de la sortie.

VENDREDI 8 DECEMBRE

Les espoirs d'un responsable du WWF au moment d'entamer les négociations

La COP28 de Dubaï sur le climat, entame sa dernière ligne droite. Après une journée de repos, les différentes délégations se remettent autour de la table des négociations. Les discussions techniques de la première semaine sont désormais terminées.

Les ministres de l’environnement des différents pays, dont Albert Rösti pour la Suisse, sont attendus ce week-end à Dubaï pour entamer la phase politique.

A ce stade, toutes les options sont encore présentes sur la table pour un texte finale ambitieux, attendu pour mardi, avec potentiellement un passage sur la sortie des énergies fossiles.

"Nous, nous avons le recul de 30 ans de COP", explique Arnaud Gilles, responsable Climat-Energie au WWF (France), qui participe aux négociations à Dubai. "En 30 ans, on n'a pas mentionné une seule fois le mot 'fossile', avant 2021. En 2021, on a commencé à parler du charbon: il s'est passé alors quelque chose qu'il ne s'est jamais passé avant, c'est-à-dire qu'on traite des principaux responsables du réchauffement climatique, qui sont le gaz, le pétrole et le charbon."

Le fait que cette COP se passe dans un pays extracteur de pétrole a également réveillé la société civile dans de nombreux pays, se réjouit Arnaud Gilles. "La présidence émirienne a bien mesuré qu'elle a là une responsabilité qui est de l'ordre de sa réputation", analyse le responsable, qui espère que cette pression sur la diplomatie des Emirats arabes unis leur permette de "se détacher de leurs intérêts économiques à très court terme".

>>  L'interview d'Arnaud Gilles dans La Matinale:

Après les discussions techniques, les négociations: la COP28 entame sa dernière ligne droite. [EPa/Keystone - Martin Divisek]EPa/Keystone - Martin Divisek
Note d'espoir des ONG pour la dernière journée de la COP 28: interview Arnaud Gilles / La Matinale / 1 min. / le 8 décembre 2023