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L'Allemagne en crise budgétaire à cause de désaccords sur le frein à l'endettement

L’Allemagne est divisée sur le frein à l’endettement
L’Allemagne est divisée sur le frein à l’endettement / 12h45 / 2 min. / le 10 décembre 2023
L’Allemagne est au bord d'une crise budgétaire majeure qui aurait des conséquences importantes sur son économie. Le gouvernement n'a en effet toujours pas réussi à boucler son budget à cause de différends sur le frein à l'endettement.

Faut-il le desserrer, le désactiver, le laisser bloqué? Le frein à la dette, symbole de la rigueur budgétaire en Allemagne, est au coeur des débats après un camouflet judiciaire et politique infligé au gouvernement Scholz.

De plus en plus de voix appellent à réformer cette règle constitutionnelle, qui interdit au gouvernement d'emprunter plus de 0,35% de son PIB chaque année, afin de limiter le poids de la dette.

Un trou de 60 milliards

Un arrêt choc de la Cour constitutionnelle fédérale mi-novembre, qui laisse un trou de 60 milliards d'euros dans les plans du gouvernement, place l'exécutif devant "une tâche très difficile", a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz samedi lors du congrès du Parti social-démocrate (SPD) à Berlin.

L'arrêt de la Cour de Karlsruhe a en effet obligé le gouvernement à adopter un budget complémentaire pour 2023, tandis que celui pour l'an prochain, pour lequel un trou de 17 milliards reste à colmater, ne pourra plus être adopté avant la fin de l'année par le Bundestag.

"Il n'y aura pas de démantèlement de l'État-providence en Allemagne", a martelé le chancelier samedi, rejetant catégoriquement toute réduction des dépenses sociales.

Désaccord sur le frein à l'endettement

Les discussions sur le budget se poursuivent, mais les partis qui composent la coalition dirigée par Olaf Scholz, à savoir les libéraux du FDP et les Verts, sont notamment en désaccord sur la règle du frein à l'endettement de l'Etat.

Le FDP, qui détient avec Christian Lindner le portefeuille des Finances au gouvernement, rejette une nouvelle suspension du frein à l'endettement. Pour la Fédération des contribuables allemands, qui a installé la fameuse "horloge de la dette" à l’entrée de ses locaux, il n'est également pas question d’y toucher.

"Tous ceux qui envisagent actuellement d’abolir ou de modifier le frein à l’endettement, ne cherchent même pas à faire des économies, alors que c’est par cette étape douloureuse, mais nécessaire qu’il faudrait commencer", a estimé Reiner Holznagel, le président de la Fédération des contribuables allemands.

Davantage de dépenses

En pleine crise budgétaire, le SPD demande justement que cette sacro-sainte règle constitutionnelle soit de nouveau suspendue en 2024 - comme depuis 2020 - pour permettre davantage de dépenses.

"Le frein à l’endettement ne peut pas être un frein à l’investissement et surtout pas un frein à l’avenir. Actuellement, l’interprétation de ce frein à l’endettement par la Cour constitutionnelle est tellement stricte qu'elle ne nous permet pas d’être aptes à agir", a estimé Anke Rehlinger, ministre-présidente de la Sarre (SPD).

Le SPD veut justifier juridiquement une telle suspension par les charges supplémentaires liées au soutien militaire de l'Allemagne à l'Ukraine dans la guerre d'agression russe et ses conséquences au plan intérieur, notamment dans le secteur de l'énergie.

Le chancelier n'a pas commenté dans son discours l'état des négociations avec les partenaires de la coalition, mais affirmé son intention de "donner aux gens la certitude que nous réussirons". Selon lui, il ne s'agit pas d'une "tâche insoluble".

>> Interview de Karen Horn, professeur d’économie à l’Université d’Erfurt, dans Forum :

Récession économique et crise budgétaire en Allemagne: interview de Karen Horn (vidéo)
Récession économique et crise budgétaire en Allemagne: interview de Karen Horn (vidéo) / Forum / 5 min. / le 10 décembre 2023

Sujet TV: Anne Maillet

Adaptation web: boi/raph avec afp

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