Les interpellations ont eu lieu dans 53 départements, dont deux d'outre-mer, a précisé à le commissaire Quentin Bevan, chef du pôle opérationnel du nouvel Office des mineurs (Ofmin) de la police judiciaire, qui a coordonné l'opération.
Parmi les mis en cause, âgés d'une trentaine à plus d'une soixantaine d'années, "cela va de l'élu local au chômeur, en passant par l'ingénieur", détaille le commissaire. "Dans la pédocriminalité, il n'y a pas de profil type, on retrouve toutes les catégories socioprofessionnelles."
En contact régulier avec des enfants
Pour cette vaste opération, d'une ampleur "jamais vue" en France selon le commissaire, les policiers ont ciblé les profils étant en contact régulier avec des enfants.
Deux professeurs des écoles, des entraîneurs sportifs ou un surveillant dans un foyer d'enfants en situation de handicap, ont ainsi été interpellés.
L'un des professeurs possédait des "photos et vidéos volées de ses élèves à connotation sexuelle. Il avait sexualisé ces images", détaille Quentin Bevan. Le professeur est aussi mis en cause pour avoir agressé sexuellement au moins une de ses élèves, ajoute-t-il.
Comme lui, une "dizaine" d'individus interpellés sont également soupçonnés de viols sur mineurs ou d'agressions sexuelles.
Le surveillant avait lui été condamné pour viol il y a plusieurs décennies. Il avait bénéficié légalement d'un changement d'identité, ce qui explique qu'il a pu retravailler au contact d'enfants.
"Pas juste des activités solitaires"
"Cela montre que la pédocriminalité en ligne, ce n'est pas juste des activités solitaires sur internet", certains "sont déjà passés à l'acte ou risquent de le faire" dans la vie réelle, poursuit le policier.
"Ces photos ne sont pas virtuelles, il y a des milliers de victimes, des êtres vulnérables, qui ont été violés, et ont pour beaucoup subi des actes de tortures et de barbarie", abonde Martine Brousse, cofondatrice et présidente de l'association La Voix de l'enfant, interrogée sur BFMTV.
"Nous souhaitons que la justice et le ministère de l'Intérieur mettent tout en oeuvre pour retrouver ces enfants (...) et qu'un procès ait lieu pour qu'ils soient reconnus comme victimes", a-t-elle ajouté, en assurant que l'association allait se constituer partie civile.
"On est dans l'immonde de l'immonde"
Chez plusieurs mis en cause, "plus de 100'000" vidéos et photos pédocriminelles ont été retrouvées lors des perquisitions. Les images étaient stockées dans des ordinateurs, disques durs ou autres supports numériques.
Certains contenus étaient "extrêmement violents", souligne le commissaire, citant "des actes sexuels commis sur des nourrissons, ou des enfants abusés sexuellement avec des animaux". "On est dans 'l'immonde de l'immonde'", ajoute le commissaire.
Tous les individus mis en cause ont reconnu les faits lors de leurs gardes à vue, même si certains ont tenté de minimiser ou de se dédouaner.
A l'arrivée des policiers et gendarmes, certains des hommes interpellés ont été trouvés en train de télécharger des contenus pédocriminels. D'autres ont tenté de casser leur ordinateur "à coups de marteau".
Treize personnes déjà écrouées
A l'issue des gardes à vue pour "détention, consultation, diffusion et partage d'images pédocriminelles", 51 hommes ont été présentés à un juge. Parmi eux, 13 ont été écroués. Certains après avoir été condamnés à de la prison ferme en comparution immédiate, quand d'autres ont été placés en détention provisoire dans l'attente de leur jugement.
A ce stade, 38 autres ont été placés sous contrôle judiciaire. D'autres gardes à vue ont été levées, dans l'attente de l'exploitation des supports numériques.
ats/jfe