L'Assemblée générale de l'ONU réclame un cessez-le-feu humanitaire à Gaza

>> Le suivi de la journée de mercredi : Israël toujours plus sous pression de ses alliés pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza

Prenant le relais du Conseil de sécurité paralysé, l'Assemblée générale de l'ONU a réclamé mardi à une écrasante majorité "un cessez-le-feu humanitaire immédiat" à Gaza, un texte non contraignant voulant mettre la pression sur Israël et son allié américain.

La résolution a été adoptée par 153 voix pour, 10 contre (dont Israël et les Etats-Unis), et 23 abstentions sur 193 Etats membres, tandis qu'un amendement américain voulant ajouter une condamnation des "attaques terroristes abominables du Hamas" du 7 octobre a été rejeté.

Répondant à une demande sans précédent du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui craint un "effondrement total de l'ordre public" dans le territoire palestinien en guerre, elle "exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat", réclame la protection des civils, l'accès humanitaire et la libération "immédiate et inconditionnelle" de tous les otages.

Mais comme le précédent texte adopté fin octobre - qui appelait à une "trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, menant à la cessation des hostilités" -, il ne condamne pas le Hamas. Une absence fustigée par Israël et les Etats-Unis.

Joe Biden a affirmé mardi que contrairement à Washington, le gouvernement israélien "ne [voulait] pas d'une solution à deux Etats" avec les Palestiniens. Il a demandé au premier ministre Benjamin Netanyahu de "changer" son gouvernement.

Ce dernier a pour sa part fait état mardi de "désaccords" avec le dirigeant américain sur leur vision à long terme, une fois terminé le conflit dans la bande de Gaza. "C'est le gouvernement le plus conservateur de l'histoire d'Israël", a encore dit le président américain.

C'est la première fois depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre que le démocrate de 81 ans fait ainsi état publiquement de ses divergences avec l'exécutif israélien.

Joe Biden, qui s'exprimait devant des donateurs du parti démocrate, a appelé Benjamin Netanyahu à "renforcer et changer" l'exécutif afin de trouver une solution de long terme au conflit israélo-palestinien.

Il a aussi estimé qu'Israël, qui bombarde intensément la bande de Gaza, commençait à perdre le soutien de l'opinion publique mondiale.

La situation humanitaire dans la bande de Gaza est "au-delà de toute rupture", a averti mardi le chef des droits de l'Homme des Nations unies, appelant au respect des normes internationales en matière de droits humains.

"C'est tellement précaire (...) Je ne sais pas si vous pouvez me donner un meilleur mot que précaire, extrêmement précaire", a dit aux journalistes à Genève Volker Türk, Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme.

"Je veux dire, c'est au bord de la rupture, ou bien au-delà", a-t-il ajouté.

L'Egypte a envoyé mardi 80 camions d'aide humanitaire destinés à la bande de Gaza vers un point de contrôle tout juste ouvert par Israël, qui bombarde sans répit le territoire palestinien depuis l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre, ont indiqué des sources humanitaires à l'AFP.

Dans le même temps, 100 autres camions étaient contrôlés au terminal de Nitzana, entre l'Egypte et Israël, jusqu'ici l'unique point d'inspection ouvert par Israël qui impose depuis des semaines un "siège complet" à la bande de Gaza, sous blocus depuis 17 ans.

L'armée israélienne a annoncé mardi dans un communiqué avoir récupéré les corps de deux otages dans la bande de Gaza durant une opération militaire.

"Durant une opération à Gaza, les corps des otages Eden Zakaria et (du soldat) Ziv Dado ont été découverts et ramenés en Israël", a affirmé l'armée.

Selon elle, le sous-officier de 36 ans a été tué dans l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre et son corps emmené à Gaza, alors que la jeune femme de 28 ans avait été enlevée ce jour-là au festival de musique Nova, durant lequel 364 personnes ont été assassinées et environ 40 prises en otages.

Deux soldats réservistes ont été tués jeudi dernier pendant l'opération pour récupérer les corps, d'après la même source. L'un d'eux est le fils de Gadi Eisenkot, ancien chef de l'état-major de l'armée et membre du cabinet de guerre israélien.

L'ONU est "abattue" par la décision lundi du Conseil national de couper la contribution suisse annuelle de 20 millions de francs à l'Agence pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.

Pour justifier sa proposition, David Zuberbühler (UDC/AR) estimait que l'UNRWA, qui rassemble près de 30'000 collaborateurs, n'était pas objective pour oeuvrer dans la région. Et qu'elle est tombée dans un discours "anti-israélien", un reproche régulièrement lancé contre cette entité.

Le National a approuvé par 116 voix contre 78 cette requête. La commission des Etats en charge du dossier est également favorable à une coupe, malgré l'opposition d'une minorité de gauche. Le plénum se penchera jeudi sur cette affaire.

Sans attendre, le commissaire général de l'UNRWA, le Neuchâtelois Philippe Lazzarini, se dit "abattu" sur les réseaux sociaux. Il a rappelé que l'agence était la première actrice internationale dans la réponse aux besoins humanitaires dans la bande de Gaza, où plus d'un million de personnes ont été déplacées en deux mois. Plus de 130 de ses employés ont été tués dans les bombardements.

Prenant le relais après un nouvel échec du Conseil de sécurité paralysé, l'Assemblée générale de l'ONU se prononce mardi sur une résolution exigeant "un cessez-le-feu humanitaire immédiat" dans la bande de Gaza, un texte non contraignant qui a toutes les chances de passer.

Malgré la pression du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui craint un "effondrement total de l'ordre public" dans le territoire palestinien en guerre, un projet de texte réclamant ce cessez-le-feu humanitaire s'est heurté vendredi au Conseil de sécurité à un véto des Etats-Unis, puissant allié d'Israël.

Le Conseil avait déjà mis plus d'un mois après le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas pour réussir à parler d'une seule voix, se contentant mi-novembre, après quatre textes rejetés, de demander des "pauses" humanitaires.

De nombreux pays et organisations de défense des droits humains ont déploré l'échec de vendredi, y compris Antonio Guterres qui a décrit un Conseil de sécurité à l'autorité et la crédibilité "compromises".

Des dirigeants du Moyen-Orient se sont réunis au Qatar en quête de solutions pour l'après-guerre à Gaza, avec pour seule certitude leur opposition à l'envoi de leurs troupes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre menée par Israël contre le Hamas.

La question palestinienne est très sensible pour les dirigeants du monde arabe, cette guerre qui dure depuis le 7 octobre ayant déclenché des manifestations massives dans plusieurs pays.

Le Qatar a réaffirmé qu'aucun pays arabe n'enverrait de forces armées pour stabiliser la situation une fois que les hostilités auront cessé. "Personne dans la région n'acceptera d'envoyer des troupes sur le terrain (pour se retrouver devant) un char israélien. C'est inacceptable", a déclaré le premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Il s'est également opposé à l'envoi d'une force internationale à Gaza dans les conditions actuelles.

Six Palestiniens ont été tués mardi à Jénine en Cisjordanie occupée, a indiqué le ministère palestinien de la Santé, l'armée israélienne revendiquant de son côté la "mort d'un certain nombre de terroristes".

Ils ont été tués lors d'une frappe de drones sur la vieille ville, les forces israéliennes "continuant de prendre d'assaut le camp de Jénine, ce qui empêche les équipes d'ambulance d'y entrer", selon un communiqué du Croissant-Rouge palestinien.

L'armée israélienne a indiqué avoir mené une opération à Jénine qui a permis de découvrir "des engins explosifs placés pour attaquer les forces de sécurité". Elle affirme avoir saisi des armes, des munitions et d'autres explosifs.

"En outre, les forces ont identifié et démantelé une fabrique d'explosifs prêts à l'emploi, localisée dans des tunnels souterrains", d'après un communiqué.

L'Iran met en garde l'Etat hébreu contre une guerre régionale. "Israël ne peut pas éliminer le Hamas par un conflit", a affirmé mardi à Genève son chef de la diplomatie.

L'Etat hébreu doit s'en remettre à l'ONU, a ajouté Hossein Amirabdollahian lors d'une réunion en présence de plusieurs ministres des Affaires étrangères membres du comité conjoint choisi par un sommet extraordinaire arabo-musulman. Comme souvent, il s'en est pris à l'attitude américaine, pays qui soutient, selon lui, "la tuerie" de civils palestiniens. Il a comparé Israël à l'Etat islamique (EI).

Plusieurs ministres ont appelé la communauté internationale à mettre rapidement un terme à la guerre. Il faut des avancées concrètes, a demandé l'un d'entre eux devant des centaines de personnes.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé que les bombardements israéliens dans la bande de Gaza avaient tués 18'412 personnes depuis le début de la guerre le 7 octobre entre le mouvement palestinien et Israël.

Le Hamas estime que plus de 50'000 personnes ont également été blessées, d'après un communiqué du ministère.

Un navire français patrouillant en mer Rouge a abattu lundi un drone qui menaçait un pétrolier battant pavillon norvégien, attaqué par les rebelles Houthis du Yémen, a annoncé mardi le ministère français des Armées.

La frégate multi-missions (FREMM) Languedoc "a intercepté et détruit un drone menaçant directement le Strinda" et s'est ensuite "placée en protection du bâtiment touché, empêchant la tentative de détournement du navire", a ajouté le communiqué du ministère.

C'est "l'enfer sur terre" à Gaza, a affirmé Philippe Lazzarini, patron de l'UNRWA, l'agence d'aide aux réfugiés palestiniens de l'ONU, après une visite dans le territoire palestinien intensivement bombardé par Israël depuis plus de deux mois.

"De retour à Gaza, tragédie qui s'aggrave interminablement. Les gens sont partout, vivent dans la rue, manquent de tout. Ils implorent d'être mis en sûreté et pour la fin de cet enfer sur terre. On demande l'impossible à nos collègues, dans cette situation impossible", a déclaré Philippe Lazzarini sur le réseau social X.

L'attitude israélienne est celle d'un "Etat voyou", selon le chef de la diplomatie palestinienne. A Genève, Riad al-Malki a demandé à la communauté internationale de promettre aux Palestiniens qu'ils ne seront "plus jamais déshumanisés".

"Depuis trop longtemps, des Etats voyous comme Israël ont été vus singulièrement comme des Etats au-dessus du droit international et jouissant de l'impunité. C'est inacceptable", a-t-il déclaré lors d'une réunion de haut niveau à l'ONU pour les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Très applaudi, le ministre a une nouvelle fois dénoncé la mansuétude à l'égard de l'Etat hébreu et le recours "délibéré" des autorités israéliennes à la famine comme arme de guerre. "Actuellement, au moins un million de personnes, dont la moitié sont des enfants, ont faim" dans la bande de Gaza, a-t-il insisté.

Les Etats "ont accepté les conditions criminelles d'Israël pour combien d'eau, de nourriture, de carburant et de médicaments peuvent entrer" et à qui cette aide peut être distribuée, s'est-il énervé. Et de déplorer que la communauté internationale "échoue" et d'affirmer que "nous avons la responsabilité de régler" le système multilatéral.

Infections des voies respiratoires, maladies gastro-intestinales, poux… Dans la bande de Gaza, les "maladies infectieuses" se propagent alors que les conditions sanitaires sont déplorables, alerte une médecin d'une clinique gérée par l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

A Deir el-Balah, au centre de la région assiégée, la hausse du nombre de malades résulte "de la congestion sévère et de la forte densité de population", explique Hanin Al-Masdar.

Pour rappel, la grande majorité des 2,3 millions d'habitants du petit territoire palestinien ont déjà été contraints de fuir leur domicile depuis le début de la riposte israélienne à l'attaque du Hamas.

>> Voir les explications de Hanin Al-Masdar, médecin et directrice de la clinique à Deir al-Balah :

L'armée israélienne a déclaré que plus d'un dixième de ses soldats tués dans la bande de Gaza l'avaient été à la suite de "tirs amis".

"A ce jour, il y a 105 morts depuis le début des opérations terrestres, dont 20 sont des accidents", a déclaré un porte-parole militaire.

Treize soldats ont été tués par des "tirs amis" tandis que les sept autres l'ont été lors d'accidents impliquant des véhicules ou des armes.

Le ministère de la Santé du Hamas a accusé l'armée israélienne d'avoir lancé un assaut contre un hôpital du nord de la bande de Gaza, situé à Beit Lahiya.

Les forces israéliennes "ont lancé l'assaut contre l'hôpital Kamal Adwan après l'avoir assiégé et bombardé pendant plusieurs jours", indique le porte-parole du ministère Ashraf al-Qidreh. "Elles sont en train de regrouper les hommes, dont le personnel médical, dans la cour de l'hôpital et nous craignons que le personnel médical soit arrêté ou tué."

Sollicitée, l'armée israélienne n'a pas répondu dans l'immédiat.

La maternité de cet établissement a été touchée, tuant deux mères et blessant plusieurs personnes, avait indiqué lundi l'Ocha, le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU, ajoutant que l'hôpital "était encerclé par des soldats et chars israéliens et que des combats avec des groupes armés étaient signalés au cours des trois derniers jours dans ses environs immédiats".

La Suisse doit interdire le Hamas. Le Conseil des Etats a adopté tacitement une motion de commission demandant de qualifier de "terroriste" l'organisation palestinienne.

Le Hamas conteste le droit d'Israël à exister, a argué Werner Salzmann (UDC/BE) au nom de la commission. Au travers des attaques qu'il a perpétrées le 7 octobre, le mouvement s'est complètement discrédité en tant qu'interlocuteur, juge la commission.

Le sénateur socialiste genevois Carlo Sommaruga a de son côté dénoncé les actes perpétrés par le Hamas, estimant néanmoins qu'interdire l'organisation n'est pas une solution. "La décision du jour ne changera rien à la situation sur le terrain. Elle pourrait même être dommageable pour le rôle diplomatique de la Suisse au Proche-Orient", a-t-il soutenu.

Il y a trois semaines, le Conseil fédéral a déjà décidé que la Suisse devait se doter d'une loi pour interdire le Hamas. Un projet doit être présenté au Parlement d'ici fin février 2024. Le 11 octobre, le gouvernement avait décidé de qualifier le mouvement d'organisation terroriste.

>> Les précisions du 12h30 :

Keystone - Peter Klaunzer

>> Relire aussi : Le Conseil fédéral veut interdire le Hamas par une loi fédérale

Quatre Palestiniens ont été tués dans une attaque de drone lors d'un raid de l'armée israélienne dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, ont déclaré le ministère de la Santé du Hamas et l'agence de presse Wafa.

Une cinquième personne a été blessée dans cette attaque qui a visé le quartier d'Al-Sibat. Le directeur de l'hôpital de Jénine à déclaré à l'agence de presse que les Palestiniens étaient directement pris pour cible.

Avant cette attaque, le ministère de la Santé avait fait état de 275 Palestiniens tués en Cisjordanie occupée depuis le 7 octobre.

>> Lire aussi : Face à l'ampleur des raids israéliens, le Hamas gagne en popularité en Cisjordanie

Le chef de l'Organisation mondiale de la santé a dénoncé les contrôles imposés par l'armée israélienne à un convoi médical dans la bande de Gaza, qui selon lui ont coûté la vie à l'un des blessés.

"Nous sommes profondément préoccupés par les contrôles prolongés et la détention des agents de santé qui mettent en danger la vie de patients déjà fragiles", a écrit sur X Tedros Adhanom Ghebreyesus, en racontant en détail les obstacles rencontrés samedi par un convoi vers le nord de la bande de Gaza et l'hôpital Ahli Arab.

Le convoi sous la houlette de l'OMS et avec le Croissant-Rouge palestinien a été arrêté deux fois à un check-point de l'armée israélienne à hauteur de Wadi Gaza, qui sépare le nord du sud du territoire palestinien, à l'aller et au retour.

Un porte-parole de l'OMS a précisé que c'est bien l'armée israélienne qui effectuait les contrôles, Tedros Adhanom Ghebreyesus ne donnant pas cette précision dans son message.

Tirs sur une ambulance

"Certains membres du Croissant-Rouge palestinien ont été détenus à deux reprises", raconte le chef de l'OMS. Dans Gaza-ville, un des camions transportant l'aide médicale et une ambulance ont été touchés par des tirs, ajoute-t-il, sans préciser qui a tiré.

Au retour, les patients et les membres du Croissant-Rouge ont dû sortir des ambulances et s'identifier. "Certains personnels de santé ont été détenus et interrogés pendant plusieurs heures", selon Tedros Adhanom Ghebreyesus.

"À la suite de ce délai, un patient est décédé en cours de route, compte tenu de la gravité de ses blessures et du retard pris pour accéder aux soins", accuse le patron de l'OMS, qui avec l'ensemble des agences de l'ONU réclame un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.

Les rebelles Houthis du Yémen ont revendiqué un tir de missile en mer Rouge qui a touché la veille un pétrolier battant pavillon norvégien.

"Les unités navales des forces armées yéménites ont pris pour cible un pétrolier norvégien, le Strinda, transportant du carburant pour Israël", a affirmé un porte-parole militaire du mouvement.

Lundi soir, l'armée américaine avait annoncé qu'un missile tiré depuis les zones contrôlées par les rebelles Houthis avait touché un pétrolier battant pavillon norvégien au large des côtes du Yémen, sans faire de victime.

Depuis le début de la guerre Israël-Hamas, la tension est très vive en Cisjordanie occupée. Alors que les offensives de colons contre des Palestiniens et les raids israéliens contre des localités arabes se multiplient, les groupes armés comme le Hamas ou le Djihad islamique trouvent un écho croissant au sein d’une population palestinienne jeune et sous occupation.

>> Plus de détails dans notre article : Face à l'ampleur des raids israéliens, le Hamas gagne en popularité en Cisjordanie

Les quinze ambassadeurs du Conseil de sécurité de l'ONU qui se sont rendus lundi au poste-frontière de Rafah, entre l'Egypte et la bande de Gaza, ont rencontré le commissaire général de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) Philippe Lazzarini.

Ils ont pu constaté les centaines de camions à l'arrêt chargés de cartons d'aide humanitaire. Chaque jour, seuls 90 de ces véhicules entrent dans la bande de Gaza, alors que 1500 sont nécessaires pour couvrir les besoins des 1,8 million de déplacés dans le territoire palestinien.

Le patron de l'UNRWA craint que cette situation n'entraîne un effondrement du système humanitaire à Gaza. "Aujourd'hui, le seul point de passage à Rafah - qui, au fond, n'est rien d'autre qu'une miette d'assistance - est insuffisant pour répondre à tous les besoins humanitaires. S'il reste le seul, le système va tout simplement faillir. Les gens ne vont pas seulement mourir à cause des bombardements, mais aussi en raison de l'impact du siège imposé sur la bande de Gaza", a averti Philippe Lazzarini dans La Matinale de la RTS.

"Nous devons continuer de viser le cessez-le-feu, il doit rester un objectif. La question est comment y parvenir", a-t-il ajouté.

>> L'interview de Philippe Lazzarini dans La Matinale :

Keystone

Depuis le 7 octobre dernier, 25'000 permis de port d'armes ont été accordés en Israël, soit 5000 de plus que sur les neuf premiers mois de l'année. Ces attributions entachées d'irrégularités sont dénoncées par le Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël.

Cette ONG locale demande au procureur général de réexaminer toutes les licences d'armes à feu délivrées par les proches du ministre d'extrême droite chargé de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, qui aurait mis en place une petite armée de fidèles pour traiter les demandes de permis de port d'armes.

Livraisons de permis illégales

Ce personnel aurait ainsi délivré les précieux sésames sans avoir suivi la formation appropriée, a révélé un haut responsable du ministère devant une commission de parlementaires. Les fonctionnaires doivent normalement s'assurer de l'état de santé mental de ceux qui font la demande de permis de port d'armes et que ceux-ci aient reçu une formation au maniement des armes.

Itamar Ben-Gvir "essaie depuis des années de promouvoir l'idée d'armer plus d'israéliens, mais jusqu'ici, la loi l'en avait empêchée. Nous craignons qu'avec cette guerre à Gaza il contourne les lois israéliennes", s'inquiète Tomer Naor, avocat du Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël, dans La Matinale de la RTS.

L'ONG demande également à la procureure générale d'enquêter sur les agissements du ministre et de vérifier qu'il n'ait pas outre outrepassé ses fonctions.

>> Les précisions de La Matinale :

AFP - Menahem Kahana

Des ambassadeurs auprès du Conseil de sécurité des Nations unies ont visité lundi le poste-frontière de Rafah, point de passage entre l'Egypte et la bande de Gaza.

Lors de cette visite informelle organisée par les Emirats arabes unis et l'Egypte, l'envoyée spéciale Carrie Nooten a pu recueillir le témoignage d'Abduhall Esabar, un binational égypto-palestinien de 25 ans qui a passé le portail de Rafah avec ses trois soeurs et leurs deux bébés.

"Je suis venu ici parce qu'il y avait beaucoup de bombardements. Nous avons presque tout perdu. Mon père est mort, nos proches et nos amis aussi. Tout notre quartier est complètement détruit", raconte-t-il dans La Matinale de la RTS.

"Nous avons failli mourir en venant ici, à de nombreuses occasions. Beaucoup de gens meurent sur la route, nous avons eu plus de chance qu'eux. Je suis très triste. Ce que nous avons vécu et vu, personne ne devrait avoir à le faire. Je ne souhaite à personne d'aucune autre nation de devoir traverser tout cela."

>> Le témoignage dans La Matinale de ce binational égypto-palestinien à Rafah :

AFP - Giuseppe Cacace

L'armée israélienne accentue sa pression mardi face à un Hamas à "son point de rupture", selon elle, dans la bande de Gaza, où les affrontements poussent la population civile à l'exode dans des conditions humanitaires désespérées.

Dans la nuit, le Hamas a fait état de violents affrontements dans le centre du territoire assiégé et l'agence l'agence palestinienne Wafa a rapporté 12 morts et des "dizaines" de blessés dans un raid aérien à Rafah.

De nombreuses frappes avaient ciblé lundi les villes de Khan Younès, nouvel épicentre des combats, et de Rafah, près de la frontière avec l'Egypte où se massent désormais des dizaines de milliers de personnes fuyant les violences.

La classe politique suisse est favorable à une interdiction du Hamas. Le Conseil fédéral et les commissions compétentes des deux Chambres se sont déjà exprimés en ce sens. Mardi, le Conseil des Etats devrait donner son aval. Le National devrait suivre la semaine prochaine.

Au travers des attaques qu'il a perpétrées le 7 octobre, le Hamas s'est discrédité en tant qu'interlocuteur, selon la commission du Conseil des Etats. La Suisse doit donc adopter une position claire à son égard, en qualifiant de "terroriste" l'organisation palestinienne.

Le National se saisit d'un texte similaire la semaine prochaine. Sa commission estime que "les attaques massives contre Israël montrent que le Hamas ne peut être qualifié que d'organisation terroriste brutale".

Un missile tiré depuis les zones contrôlées par les rebelles Houthis au Yémen a touché lundi un navire battant pavillon norvégien dans le détroit de Bab-el-Mandeb, selon l'armée américaine. L'attaque a provoqué un incendie à bord, mais n'a pas fait de victime.

Le Strinda, un pétrolier-chimiquier, a été atteint par un missile de croisière tiré d'une zone du Yémen contrôlée par les Houthis, a indiqué sur le réseau social X le commandement central américain au Moyen-Orient (CENTCOM). Le destroyer américain USS Mason s'est porté au secours du navire, a-t-il ajouté.

Les Houthis avaient menacé samedi d'attaquer tout navire dans la mer Rouge se dirigeant vers Israël si la population de la bande de Gaza ne recevait pas une aide d'urgence.

Tous les "navires liés à Israël ou qui transporteront des marchandises" vers Israël ne sont pas les bienvenus en mer Rouge, zone stratégique située entre le nord-est de l'Afrique et la péninsule arabique, ont-ils prévenu dans un communiqué.

Prenant le relais après un nouvel échec du Conseil de sécurité paralysé, l'Assemblée générale de l'ONU doit se prononcer mardi sur une résolution exigeant "un cessez-le-feu humanitaire immédiat" dans la bande de Gaza, un texte non-contraignant qui a toutes les chances de passer.

Malgré la pression du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui craint un "effondrement total de l'ordre public" dans le territoire palestinien assiégé, un projet de texte réclamant ce cessez-le-feu humanitaire s'est heurté vendredi dernier au Conseil de sécurité à un véto des Etats-Unis, puissant allié d'Israël.

Le Conseil avait déjà mis plus d'un mois après le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas pour réussir à parler d'une seule voix, se contentant mi-novembre, après quatre textes rejetés, de demander des "pauses" humanitaires.

De nombreux pays et organisations de défense des droits humains ont déploré l'échec de vendredi, y compris Antonio Guterres qui a décrit dimanche un Conseil de sécurité à l'autorité et la crédibilité "compromises".

Le gouvernement américain s'est dit "préoccupé" après la publication d'un article du Washington Post, qui affirme, analyse de fragments à l'appui, qu'Israël a utilisé des munitions au phosphore blanc de fabrication américaine lors de frappes sur le sud du Liban en octobre.

Les bombes au phosphore sont des armes incendiaires dont l'usage est interdit contre des civils, mais pas contre des cibles militaires, selon une Convention signée en 1980 à Genève.

Les Etats-Unis sont le principal fournisseur d'équipement militaire à Israël et le président américain Joe Biden a promis un soutien sans faille à l'offensive israélienne contre le Hamas.

Nombreuses accusations

Le Liban accuse Israël depuis plusieurs semaines d'avoir utilisé du phosphore blanc lors de frappes contre le Hezbollah, dans le sud du pays, qui ont provoqué de vastes incendies.

Amnesty International a affirmé de son côté disposer de "preuves de l'utilisation illégale par Israël du phosphore blanc" entre le 10 et le 16 octobre et a réclamé une "enquête pour crime de guerre".

Mi-octobre, Human Rights Watch avait également accusé Israël d'utiliser du phosphore blanc à Gaza et au Liban.

L'armée israélienne a annoncé lundi soir la mise en place de deux points de contrôle supplémentaires pour l'inspection de l'aide humanitaire internationale avant son entrée dans le territoire palestinien par Rafah.

Ce point de passage, en Egypte, est le seul que peuvent utiliser les organisations internationales afin d'acheminer de l'aide à destination de la population de Gaza.

Israël a souligné lundi qu'aucun nouvel accès ne serait ouvert, mais que les points de passage de Nitzana et de Kerem Shalom seraient utilisés pour effectuer des contrôles avant de faire passer les camions par Rafah.

"Cette mesure permettra de doubler la quantité d'aide humanitaire pénétrant dans la bande de Gaza", a déclaré l'armée israélienne sur le site X.

>> Lire le suivi des événements de mardi : L'Assemblée générale de l'ONU réclame un cessez-le-feu humanitaire à Gaza