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Viktor Orban compte jouer les trouble-fête lors du sommet de l'UE crucial pour l'Ukraine

La Hongrie seule contre tous. Les négociations sur l'élargissement de l'UE à l'Ukraine s'annoncent compliquées
La Hongrie seule contre tous. Les négociations sur l'élargissement de l'UE à l'Ukraine s'annoncent compliquées / 12h45 / 1 min. / le 14 décembre 2023
Les dirigeants de l'Union européenne participent jeudi à un sommet de la plus grande importance pour Kiev. Les discussions devraient être compliquées par l'opposition du Premier ministre hongrois Viktor Orban à l'ouverture rapide de négociations d'adhésion de l'Ukraine à l'UE et au versement de milliards d'euros à ce pays.

L'Union européenne n'est "pas en position" d'ouvrir des négociations d'adhésion avec l'Ukraine, a affirmé Viktor Orban en arrivant au sommet à Bruxelles. "Il n'y a aucune raison de discuter quoi que ce soit, car les conditions n'ont pas été remplies", a déclaré le dirigeant nationaliste.

Ce sommet intervient à un moment crucial de la guerre, après l'échec de la contre-offensive lancée par Kiev en juin dernier. Aux Etats-Unis, l'administration Biden n'a pas encore réussi à faire adopter par le Congrès un programme d'aide à l'Ukraine de 60 milliards de dollars.

Des discussions qui s'annoncent compliquées

Des responsables et diplomates s'attendent à une série de réunions difficiles qui pourraient se prolonger jusque tard dans la nuit, voire jusqu'à la fin de la semaine.

Si les dirigeants européens donnent leur feu vert aux négociations d'adhésion et au versement d'une aide financière et militaire à l'Ukraine, Kiev pourra revendiquer une victoire géopolitique. Un échec serait probablement accueilli par Moscou comme un signe de l'affaiblissement du soutien occidental à l'Ukraine.

>> Voir l'analyse d'Isabelle Ory dans le 12h45 :

Isabelle Ory, correspondante de la RTS à Bruxelles, fait le point sur la position de la Hongrie concernant l'adhésion de l'Ukraine, quelques heures avant le sommet de l'Union européenne
Isabelle Ory, correspondante de la RTS à Bruxelles, fait le point sur la position de la Hongrie concernant l'adhésion de l'Ukraine, quelques heures avant le sommet de l'Union européenne / 12h45 / 1 min. / le 14 décembre 2023

Des négociations sur l'adhésion largement soutenues

A l'exception de Viktor Orban, les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne ont tous soutenu l'ouverture des négociations d'adhésion. Une telle décision requiert toutefois l'unanimité et le Premier ministre hongrois, qui cultive des liens étroits avec Moscou, a insisté sur le fait que l'Ukraine n'était pas prête à franchir une telle étape.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que son pays avait mené à bien les réformes politiques nécessaires pour obtenir le feu vert de l'UE et a exhorté le bloc à honorer ses engagements.

"Je compte sur les dirigeants de l'UE pour reconnaître les efforts de l'Ukraine et franchir cette étape historique", a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux après un appel téléphonique avec la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni.

"Bazar hongrois"

Viktor Orban a fait valoir des préoccupations concernant, entre autres, la corruption en Ukraine pour justifier sa position. Mais des responsables et diplomates de l'UE le soupçonnent d'utiliser cette question comme monnaie d'échange dans l'espoir de voir les milliards d'euros de fonds européens gelés l'an dernier être débloqués. La manne avait été bloquée en raison de préoccupations sur le respect de l'Etat de droit par son gouvernement.

"Nous ne sommes pas dans un bazar hongrois où nous pouvons échanger une chose contre une autre", a déclaré mercredi le Premier ministre belge Alexander De Croo. "L'Ukraine est un pays qui veut respecter les valeurs démocratiques. C'est peut-être une leçon pour Orban lui-même."

Fonds de cohésion

La Commission européenne a annoncé mercredi que la Hongrie avait de nouveau accès à 10 milliards d'euros du fonds de cohésion. Elle a aussi rappelé qu'environ 21 milliards d'euros auxquels pourrait prétendre la Hongrie restaient gelés.

Le mois dernier, l'exécutif européen a recommandé aux dirigeants de l'UE d'entamer des négociations d'adhésion avec l'Ukraine. Une deuxième décision est encore nécessaire - peut-être en mars - pour convenir d'un cadre de négociation.

D'après les responsables et diplomates, un compromis pourrait impliquer un délai plus long entre les deux décisions et une formulation dans la déclaration du sommet sur les conditions à remplir dans l'intervalle.

Opposition à une aide financière

Viktor Orban s'est aussi opposé à une proposition de la Commission européenne visant à accorder à l'Ukraine 50 milliards d'euros sous forme de subventions et de prêts dans le cadre d'une révision plus large du budget de l'UE.

Une telle révision requiert également l'unanimité des pays membres de l'UE, qui doivent en assumer le coût.

Si la Hongrie campe sur ses positions, les autres membres de l'UE pourraient mettre en place un financement hors budget pour l'Ukraine, mais cela serait plus complexe et plus coûteux.

agences/ami

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