Publié

Au Japon, Fumio Kishida remplace quatre ministres sur fond de soupçons de fraude

Au Japon, Fumio Kishida remplace quatre ministres sur fond de fraude financière. [Reuters - Franck Robichon]
Au Japon un scandale financier ébranle le gouvernement Kishida / Tout un monde / 4 min. / le 28 décembre 2023
Le Premier ministre japonais a remplacé jeudi quatre de ses ministres. Fumio Kishida tente ainsi d'éteindre l'incendie provoqué par un vaste scandale de fraude financière au sein de son parti, qui le fragilise encore davantage lui aussi.

Yoshimasa Hayashi, qui avait perdu son poste de ministre des Affaires étrangères lors d'un remaniement en septembre, a remplacé Hirokazu Matsuno au poste clé de secrétaire général et porte-parole du gouvernement.

Ancien éphémère ministre de la Justice de Fumio Kishida, Ken Saito prend la tête du puissant ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti) à la place de Yasutoshi Nishimura. Takeaki Matsumoto revient aux Affaires intérieures en remplacement de Junji Suzuki et Tetsushi Sakamoto prend les rênes de l'Agriculture en lieu et place d'Ichiro Miyashita.

Cinq vice-ministres et d'autres responsables, également éclaboussés par le scandale au sein du Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice) dirigé par Fumio Kishida, ont aussi pris la porte.

Fonds détournés

D'après la presse japonaise, des procureurs enquêtent sur des soupçons de fraudes visant des dizaines de membres du PLD, la formation politique qui gouverne le pays presque sans interruption depuis sa fondation en 1955.

Ces membres du PLD sont soupçonnés d'avoir omis de déclarer l'équivalent de plusieurs millions d'euros, récoltés via la vente de billets pour des soirées de levées de fonds et que le parti leur aurait ensuite reversés.

Les enquêteurs s'intéresseraient en particulier aux membres de la plus importante faction interne du PLD que dirigeait l'ancien Premier ministre Shinzo Abe, assassiné l'an dernier. Ils auraient reçu quelque 500 millions de yens (3,2 millions d'euros) sur une période de cinq ans jusqu'en 2022.

Les quatre ministres limogés jeudi faisaient tous partie de cette faction. Cependant, le scandale toucherait aussi des membres de la propre faction de Fumio Kishida, selon les médias locaux.

Un dirigeant impopulaire

Jugeant "extrêmement regrettable que la situation ait suscité la défiance de la population", Fumio Kishida, 66 ans, avait promis mercredi de se "muer en boule de feu pour restaurer la confiance dans le gouvernement".

Cette affaire a encore "considérablement affaibli le soutien public envers le PLD et le gouvernement Kishida", estime Naofumi Fujimura, professeur de sciences politiques à l'Université de Kobe.

Arrivé au pouvoir à l'automne 2021, Fumio Kishida avait déjà vu sa popularité s'effriter avant la révélation progressive par les médias de ce nouveau scandale. Il n'est plus crédité que de 17,1% d'opinions favorables, selon un sondage diffusé jeudi par l'agence de presse japonaise Jiji, une chute de 4,2 points par rapport au mois précédent.

afp/ami

Publié