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Le Tchad vote sur sa nouvelle Constitution qui consacre un pouvoir présidentiel fort

Une affiche en faveur du oui à la Constitution à N'Djamena, capitale du Tchad, le 13 décembre 2023. [AFP - Denis Sassou Gueipeur]
Référendum sur la nouvelle Constitution du Tchad en vue d'un retour au pouvoir des civils / Le Journal horaire / 35 sec. / le 17 décembre 2023
Les Tchadiens ont commencé à voter dimanche pour ou contre une nouvelle Constitution. Le texte est censé ouvrir la voie à des élections et un retour des civils au pouvoir, promis il y a deux ans et demi par la junte militaire mais repoussé à fin 2024. Il octroie surtout l'essentiel du pouvoir au chef de l'Etat.

Une partie importante de l'opposition et de la société civile a appelé à boycotter ce référendum qu'elle considère comme un plébiscite destiné à préparer l'élection de l'actuel président de transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno, et perpétuer une "dynastie" inaugurée par son défunt père il y a 33 ans à l'issue, déjà, d'un coup d'Etat.

Le "oui" semble favori: le pouvoir militaire a mené une campagne à gros moyens qui a écrasé celle du "non" ou du boycott.

Il s'est aussi assuré le ralliement d'un de ses principaux opposants jusqu'alors, Succès Masra, qui appelle à voter "oui", face à une opposition divisée et violemment réprimée depuis plus d'un an. L'Etat africain est le deuxième pays le moins développé au monde selon l'ONU.

Les résultats officiels provisoires doivent être annoncés le 24 décembre, la Cour suprême devra les valider le 28.

Pouvoir en main présidentielle

Dans un bureau de vote de N'Djamena, non loin du palais présidentiel, une timide file de votants s'est formée derrière le président Déby, venu prendre part au scrutin.

"Chaque bulletin déposé dans l'urne est un pas de plus vers la stabilité et la prospérité pour notre pays" a déclaré le président Tchadien, premier à glisser son bulletin dans l'urne.

Le président de transition du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno. [AFP - Denis Sassou Gueipeur]
Le président de transition du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno. [AFP - Denis Sassou Gueipeur]

A N'Djamena, les affiches couvrent les murs pour le "oui" à une Constitution en vue d'un "Etat unitaire et décentralisé" qui ne diffère pas franchement de celle que les militaires ont abrogée en 2021, consacrant en réalité un régime où le chef de l'Etat concentre l'essentiel du pouvoir.

Une frange de l'opposition, tenante du non, prône le fédéralisme. L'Etat unitaire est le seul moyen de préserver l'unité, le fédéralisme favoriserait le "séparatisme" et le "chaos", rétorque le camp du "oui".

"Dynastie Déby" contestée

Les deux principales plateformes des partis et organisations de la société civile hostiles à la junte ont appelé au boycott, espérant qu'une faible participation délégitimera un général qu'elles accusent de perpétuer la "dynastie Déby".

Ce référendum, "c'est pour plébisciter (...) les autorités, ça vise à légitimer purement et simplement la dynastie qu'on voudrait nous imposer", assure Max Loalngar, coordinateur de l'une d'elles, Wakit Tamma, au téléphone depuis un pays d'exil qu'il refuse de nommer.

A 37 ans, Mahamat Déby avait été proclamé par l'armée le 20 avril 2021 président de transition à la tête d'une junte de 15 généraux, à la mort de son père Idriss Déby Itno, tué par des rebelles en se rendant au front. Celui-ci dirigeait le pays d'une main de fer depuis plus de 30 ans.

Le jeune général avait aussitôt promis des élections après une transition de 18 mois et s'était engagé auprès de l'Union africaine à ne pas s'y présenter. Dix-huit mois plus tard, son régime prolongeait la transition de deux ans et l'autorisait à être candidat à la présidentielle prévue fin 2024.

Manifestation réprimée

A la date anniversaire des 18 mois de transition, le 20 octobre 2022, entre cent et plus de 300 jeunes hommes et adolescents ont été tués par balles à N'Djamena par les policiers et militaires, selon l'opposition et des ONG nationales et internationales.

Ils manifestaient contre la prolongation de deux ans. Plus d'un millier ont été emprisonnés avant d'être graciés, mais des dizaines ont été torturés ou ont disparu, selon ONG et opposition.

Depuis ce "jeudi noir", les manifestations sont systématiquement interdites et nombre de cadres de l'opposition, traqués, ont fui le Tchad.

"Pour qu'il y ait une quelconque légitimité, les partis d'opposition et leurs militants doivent se sentir libres de se réunir et de faire campagne. Dans le cas contraire, le référendum risque d'être perçu comme un moyen de transformer le gouvernement de transition en un gouvernement permanent", s'inquiétait en octobre l'ONG Human Rights Watch (HRW).

afp/ami

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