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Ouverture à Hong Kong du procès de l'ex-magnat pro-démocratie Jimmy Lai

Ouverture à Hong Kong du procès de l'ex-magnat pro-démocratie Jimmy Lai. [AFP - ANTHONY WALLACE]
Ouverture à Hong Kong du procès de l'ex-magnat pro-démocratie Jimmy Lai / La Matinale / 24 sec. / le 18 décembre 2023
Le procès du magnat des médias pro-démocratie Jimmy Lai, qui risque la prison à vie pour des accusations de "collusion avec des forces étrangères", s'est ouvert lundi à Hong Kong. Cette audience devrait permettre d'évaluer le niveau des libertés civiles dans la ville.

Jimmy Lai, dont c'est la première apparition publique depuis 2021, est emprisonné depuis trois ans en vertu d'une loi radicale sur la sécurité nationale, imposée par Pékin en 2020, un an après les grandes manifestations pro-démocratie.

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Le procès du milliardaire de 76 ans doit se dérouler en audience publique au cours des 80 prochains jours. Il devrait permettre d'évaluer le niveau des libertés civiles à Hong Kong et l'indépendance de la justice vis-à-vis de Pékin.

Un important dispositif de sécurité était déployé autour du tribunal, devant lequel des habitants avaient attendu toute la nuit dans le froid pour espérer y assister.

Appels américain et britannique

Jimmy Lai, propriétaire du quotidien Apple Daily, fermé en 2021, est l'une des figures les plus célèbres du mouvement pro-démocratie. Son journal, sévère critique de Pékin, a soutenu les grandes manifestations pro-démocratie de 2019 et appelé à des sanctions internationales contre les autorités chinoises et locales.

Son cas a suscité l'indignation et la condamnation de la communauté internationale, notamment aux Etats-Unis. "Nous exhortons les autorités de Pékin et de Hong Kong à respecter la liberté de la presse à Hong Kong" et à "libérer immédiatement Jimmy Lai et toutes les autres personnes emprisonnées pour avoir défendu leurs droits", a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain.

Le Royaume-Uni, dont Jimmy Lai est citoyen, a également réagi par un communiqué de son chef de la diplomatie David Cameron. "Jimmy Lai a été pris pour cible dans une tentative évidente d'empêcher l'exercice pacifique de ses droits à la liberté d'expression et d'association", a estimé le ministre.

David Cameron s'est dit particulièrement préoccupé par "les poursuites engagées pour des raisons politiques" contre le patron de presse, appelant les autorités de Hong Kong "à libérer Jimmy Lai".

"Plus vieux, plus maigre"

David Cameron a rencontré mardi à Londres le fils du dissident, Sebastien Lai. En découvrant récemment dans la presse des photographies de son père apparaissant "plus vieux, plus maigre" dans la cour de sa prison, Sebastien Lai en a eu "le coeur brisé", a-t-il confié.

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"Je ne me fais aucune illusion sur l'indépendance du système judiciaire de Hong Kong", a-t-il ajouté. Jimmy Lai sera jugé, sans jury, par trois juges choisis par le dirigeant de Hong Kong parmi un groupe de magistrats triés sur le volet.

Son emprisonnement depuis que la plus haute cour de Hong Kong a refusé sa libération sous caution à la fin 2020, a marqué un changement à Hong Kong en matière de détention provisoire. Le procès a subi de multiples retards, car les autorités de Hong Kong ont empêché Jimmy Lai d'être représenté par Tim Owen, avocat britannique des droits de l'homme, arguant de risques pour la sécurité.

agences/vajo

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"Parodie de justice"

Depuis l'entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong en 2020, les défenseurs des droits affirment que celle-ci a bâillonné la dissidence et réduit les libertés civiles.

Selon Reporters sans frontières (RSF), plus de 100 dirigeants de médias du monde entier ont cosigné une déclaration au début de l'année appelant à la libération de Jimmy Lai. "Nous demandons au tribunal de respecter l'État de droit et, s'il le fait, il devrait naturellement classer l'affaire", a déclaré Cédric Alviani, de RSF, vendredi.

Dans un communiqué, le comité pour la protection des journalistes a estimé que ce procès était "une parodie de justice", qui entache l'État de droit à Hong Kong.