En Italie comme à l'étranger, lorsqu'on évoque la "tour penchée", la première pensée est pour le campanile de la cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption, mieux connu sous le nom de "tour de Pise". Mais le monument de la ville toscane n'est pas le seul édifice historique italien qui présente une forte anomalie d'inclinaison.
A quelque 170 kilomètres au nord-est de Pise se trouve en effet la ville de Bologne, qui ne compte pas une mais bien deux "tours penchées". La plus imposante, celle des Asinelli, culmine à 97 mètres de hauteur et présente une inclinaison de 1,3 degré. A quelques mètres à peine se dresse sa voisine, la tour Garisenda. Plus basse (48 mètres), elle est néanmoins bien plus inclinée que la tour Asinelli (4 degrés).
"Ils ont pensé à faire quelque chose trop tard, ils auraient dû le faire avant, parce que cela fait un moment qu'il y a ce problème, estime une habitante lundi dans le 12h45 de la RTS. Maintenant, on est face à une catastrophe. Espérons qu'ils arrivent à faire quelque chose."
Des fondations fragiles
Dès sa construction en 1109, qui a duré une décennie, les choses sont allées de travers. Les fondations, trop fragiles face au poids, ont rapidement cédé. Au XIVe siècle, la tour a dû être rabotée pour l'alléger à la suite d'un affaissement de terrain.
Aujourd'hui, les capteurs qui surveillent la tour ont détecté des mouvements inhabituels et inquiétants. "L'affaissement semble être dû au fait que les fondations de sélénite sont en train de se détériorer à cause des différents événements météorologiques, de l'eau et de l'humidité", explique Raffaella Bruni, coordinatrice du comité de restauration.
La priorité est désormais de contrer le risque d'effondrement. Des travaux sont prévus pour contenir la tour et créer un cordon de sécurité afin de protéger la population des éventuels morceaux qui pourraient tomber.
"Cela consistera à mettre en place des conteneurs superposés les uns sur les autres pour atteindre une hauteur d'environ cinq mètres", indique Raffaella Bruni.
Quatre millions investis
L'inquiétude grandit à Bologne et ébranle la municipalité. Le Ministère public a ouvert une enquête et les partis d'opposition accusent le maire d'avoir sous-évalué les risques et surtout agi trop tard.
"En Italie, il y a toujours des polémiques. On a agi dans le bon sens, de manière opportune. Nous avons fait beaucoup de choses en quatre ans pour plus de 2 millions d'euros, en mesures de sécurité qui ont aussi rallongé l'espérance de vie de la tour", souligne le maire de Bologne Matteo Lepore.
Dante, lui-même, craignait que la tour s'effondre dans son célèbre "Enfer". Sept siècles plus tard, jamais ses peurs n'ont paru si proches.
RSI/Delphine Misteli/vajo