Approuvé par le pape François, le document du puissant dicastère (ministère) pour la Doctrine de la foi ouvre la voie à la bénédiction par des prêtres de couples "irréguliers" aux yeux de l'Eglise, qui incluent les divorcés remariés et les personnes non mariées.
"Il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage", affirme le document de huit pages publié en plusieurs langues par le Vatican.
Sacrement du mariage pas concerné
Cette bénédiction "ne sera jamais accomplie en même temps que les rites civils d'union, ni même en relation avec eux", précise-t-il en rappelant que le sacrement du mariage reste, lui, exclusivement réservé aux couples hétérosexuels.
Généralement effectuée par un prêtre, la bénédiction "consiste à invoquer la bienveillance divine sur une personne ou une assemblée", selon la définition de l'Eglise catholique.
Si elle considère les relations homosexuelles comme un péché, c'est la première fois que l'Eglise ouvre la voie aussi clairement à la bénédiction des couples de même sexe, un sujet qui suscite une vive opposition de sa frange conservatrice, notamment aux Etats-Unis.
Malgré la non reconnaissance du Saint-Siège, la bénédiction des couples de même sexe était toutefois déjà pratiquée jusqu'ici par certains prêtres, notamment en Belgique et en Allemagne, y compris à l'église.
Critiques de la frange conservatrice
Ce changement doctrinal pourrait accentuer l'ire d'une frange traditionnelle de l'Eglise, alors que certaines voix conservatrices ont multiplié les critiques vis-à-vis de la gouvernance du pape argentin en disant craindre un dévoiement de la doctrine et une perte de repères.
Il intervient d'ailleurs six semaines après la clôture de l'Assemblée générale du Synode pour l'avenir de l'Eglise catholique, une réunion mondiale consultative lors de laquelle évêques, femmes et laïcs ont débattu sur des sujets de société comme l'accueil des personnes LGBT+ ou les divorcés remariés.
Début octobre, cinq cardinaux conservateurs avaient publiquement demandé au pape François de réaffirmer la doctrine catholique sur les couples gays, mais le document final du Synode avait laissé cette question brulante de côté.
Homosexualité toujours considérée comme un "péché"
En 2021, le Vatican avait réaffirmé considérer l'homosexualité comme un "péché" et confirmé l'impossibilité pour les couples du même sexe de recevoir le sacrement du mariage.
Le pape François, ardent défenseur d'une Eglise "ouverte à tous", a à plusieurs reprises tendu la main à la communauté LGBT+ sans pour autant remettre en cause la doctrine catholique sur le mariage ou l'adoption.
"Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger?", avait-il déclaré en 2013, quelques mois après son élection.
afp/cab