Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a prévenu mardi que "personne" ne pouvait prédire la date de la fin de la guerre contre la Russie. Il a aussi assuré que les Etats-Unis ne "trahiraient" pas l'Ukraine, malgré les signes d'effritement du soutien occidental, s'exprimant dans le cadre de sa grande conférence de presse de fin d'année.
L'exercice visait à faire le bilan d'une année difficile, marquée par l'espoir déçu d'une grande contre-offensive, suivi de l'effritement du soutien occidental et de la pression accrue de la Russie sur le front.
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Kiev cherche à lutter contre le sentiment de lassitude en Occident vis-à-vis d'un conflit débuté il y a bientôt deux ans, mais Volodymyr Zelensky s'est gardé de toute prédiction sur la durée des combats. "Je pense que personne ne connaît la réponse", pas même "nos commandants ou nos partenaires occidentaux", a-t-il dit.
La semaine dernière, le président ukrainien a effectué une tournée diplomatique pour tenter d'obtenir davantage d'aide de Washington et de l'Union européenne, sans résultats immédiats. Le Congrès américain n'a pas encore validé une rallonge de 61 milliards de dollars, tandis que le Premier ministre hongrois Viktor Orban a mis son veto à l'adoption d'une nouvelle enveloppe d'aide de l'UE.
Prêt à rencontrer Orban
Mais les Etats-Unis "ne trahiront pas" l'Ukraine, a soutenu le président ukrainien, assurant que les promesses américaines seraient "respectées".
A quelques mois des élections américaines, le président a toutefois reconnu qu'un changement à la Maison Blanche, comme un retour de l'ex-président Donald Trump, pourrait avoir un "impact très fort sur le cours de la guerre" si cela entraînait un changement d'approche radical.
Disant vouloir rencontrer le dirigeant hongrois pour "trouver des solutions", Volodymyr Zelensky a également annoncé que Kiev recevrait prochainement "plusieurs" systèmes de défense antiaérienne Patriot, sans indiquer leur nombre.
"Victoire" en mer Noire
Malgré les déconvenues, le dirigeant a aussi voulu saluer les réussites de son armée, et notamment sa "grande victoire" face à la Russie en mer Noire. Ses troupes y ont forcé, avec leurs attaques navales, la flotte russe à reculer.
Malgré l'abandon par Moscou d'un accord international pour exporter des céréales ukrainiennes par la mer Noire, Kiev a pu rouvrir un couloir maritime pour exporter notamment son blé, faisant fi des menaces de bombardements russes et de la supposée supériorité maritime russe.
L'Ukraine a aussi obtenu en décembre l'ouverture de négociations d'adhésion avec l'Union européenne, à l'immense portée symbolique. Volodymyr Zelensky a d'ailleurs donné sa conférence de presse devant un écran projetant une carte de l'Ukraine et un drapeau de l'UE.
Abaisser l'âge du recrutement?
Mais sur le front, les succès militaires ont été rares. La contre-offensive, très attendue, n'a pas permis l'avancée espérée et l'Ukraine a désormais cruellement besoin de munitions pour tenir ses lignes.
En novembre, l'armée ukrainienne a bien réussi à prendre des positions sur la rive occupée du fleuve Dniepr, mais transformer cette poussée en véritable percée sera ardu. Au contraire, la Russie, en confiance en dépit de pertes considérables au cours des deux dernières années, repasse à l'attaque au Sud comme à l'Est.
Face à la fatigue et des pertes de soldats, le commandement militaire a proposé de mobiliser "450'000 à 500'000 personnes", a indiqué Volodymyr Zelensky.
Il a dit n'avoir pas encore donné son accord, disant avoir besoin de "davantage d'arguments soutenant cette idée". Plus particulièrement, M. Zelensky s'est dit opposé à toute mobilisation de femmes, mais a indiqué qu'il pourrait soutenir la baisse de l'âge minimum de mobilisation des hommes de 27 ans actuellement à 25.
Pas de négociations avec la Russie
Négocier avec la Russie reste en tout cas hors de question pour le président ukrainien, qui a jugé que cela n'était "pas pertinent" à ce stade.
Volodymyr Zelensky, confronté à un mécontentement croissant avant le début de la guerre, doit aussi faire face à la résurgence de tensions politiques.
Des sondages récents montrent que 62% des Ukrainiens lui font confiance, contre 84% il y a un an, quand le pays célébrait encore la libération de Kherson, capitale de la région méridionale du même nom.
ats/jfe