Selon ces résultats de la commission électorale (Céni), Félix Tshisekedi est suivi de Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga (sud-est), qui obtient 18,08% des suffrages, de Martin Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle de 2018 (5,33%), puis de l'ancien Premier ministre (2008-2012) Adolphe Muzito (1,12%).
La vingtaine d'autres candidats, dont le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, n'atteignent pas 1% des voix.
Depuis plusieurs jours déjà, au fil de la publication de résultats partiels, la victoire de Félix Tshisekedi, 60 ans, au pouvoir depuis janvier 2019 et candidat à un second mandat de cinq ans, ne faisait aucun doute.
"Simulacre"
"Nous rejetons catégoriquement ce simulacre d'élections", ont lancé dimanche matin dans une déclaration commune neuf candidats de l'opposition. "Nous demandons à notre peuple, dès la proclamation de la fraude électorale, de protester massivement dans la rue", ont-ils ajouté.
"C'est une mascarade", a insisté Martin Fayulu devant la presse.
La performance de Félix Tshisekedi est "au-delà de toutes les prévisions", note Trésor Kibangula, analyste politique à l'institut de recherche Ebuteli. "Sa dynamique de campagne a fonctionné", déclare-t-il. Mais les scores très élevés enregistrés dans certaines régions "interrogent" sur "l'impact des irrégularités" constatées par les observateurs.
Près de 44 millions d'électeurs, sur un total d'environ 100 millions d'habitants de l'immense pays d'Afrique centrale, étaient appelés aux urnes pour élire leur président mais aussi leurs députés nationaux et provinciaux et, pour la première fois, leurs conseillers locaux.
Le quadruple scrutin était prévu le 20 décembre. Mais en raison de nombreux problèmes logistiques, il a été étendu au 21 par la Céni et s'est poursuivi plusieurs jours dans certaines zones reculées, jusqu'au 27 selon une mission d'observation des Eglises catholique et protestante.
"Beaucoup d'incertitudes"
Selon son propre comptage, cette mission dit avoir constaté qu'un candidat s'est "largement démarqué des autres, avec plus de la moitié des suffrages à lui seul". Elle ajoute cependant avoir "documenté de nombreux cas d'irrégularités susceptibles d'affecter l'intégrité des résultats de différents scrutins en certains endroits".
Dès le 20 décembre, les opposants avaient qualifié les élections de "chaos total". Peu après, une quinzaine d'ambassades appelaient à la "retenue".
Des tensions post-électorales sont redoutées dans un pays à l'histoire politique agitée et souvent violente, au sous-sol très riche en minerais mais à la population majoritairement pauvre.
Les autorités, qui avaient interdit un premier meeting de protestation mercredi dernier, affirment que toutes les dispositions ont été prises pour prévenir les débordements, notamment dans le sud-est minier, fief électoral de Moïse Katumbi.
Proclamation le 10 janvier
Le gouvernement rappelle aussi que les contentieux électoraux doivent être portés devant la Cour constitutionnelle, à qui il reviendra de proclamer les résultats définitifs de la présidentielle, en principe le 10 janvier.
Mais les opposants rétorquent qu'ils ne saisiront pas cette cour en laquelle ils n'ont aucune confiance, pas plus que dans la Céni qu'ils estiment inféodée au pouvoir.
Dans ces conditions, que va faire l'opposition? "Réactiver la rue contre la victoire de Félix Tshisekedi serait très compliqué, surtout à Kinshasa", estime Trésor Kibangula. "Les regards se tournent vers le sud-est... Il y a beaucoup d'incertitudes", dit-il.
En plus du climat politique tendu, la campagne électorale a été empoisonnée par la situation sécuritaire dans l'est de la RDC, qui connaît un pic de tension depuis deux ans avec la résurgence de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda voisin.
ats/miro